"De plus en plus de reste à charge" : trois questions sur le doublement des franchises médicales et des participations forfaitaires voulu par le gouvernement

L'exécutif cherche à réaliser 5 milliards d'euros d'économies sur la santé, avec, notamment, des mesures concernant les frais de santé.

Article rédigé par franceinfo
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Le projet du gouvernement d'augmenter, notamment, les franchises médicales, est au menu du conseil de la Caisse nationale d'Assurance maladie, le 4 septembre 2025. (VINCENT ISORE / MAXPPP)
Le projet du gouvernement d'augmenter, notamment, les franchises médicales, est au menu du conseil de la Caisse nationale d'Assurance maladie, le 4 septembre 2025. (VINCENT ISORE / MAXPPP)

Même sur le départ, le gouvernement veut augmenter les franchises médicales en passant par décret. Pour réaliser des économies, les franchises médicales ainsi que les participations forfaitaires sur les boîtes de médicament, les consultations chez le médecin et les transports sanitaires, vont doubler. Jusqu'ici, le projet était évoqué de façon vague par les ministres de la Santé Yannick Neuder et Catherine Vautrin. Mais les syndicats de médecins et les associations de patients en ont désormais la confirmation. Le projet, qui va toucher tous les Français au portefeuille, est au menu du conseil de la Caisse nationale d'Assurance maladie, jeudi 4 septembre.

1 En quoi consiste l'augmentation voulue par le gouvernement ?

Les franchises et les participations forfaitaires, c'est-à-dire les sommes prélevées, payées systématiquement par les patients pour chaque acte, avaient doublé en 2024. Ce sera à nouveau le cas en 2026. Cela signifie que sur chaque boîte de médicaments, et quel que soit le niveau de remboursement, il faudra payer 2 euros au lieu d'un euro. Par exemple, la boîte de Doliprane, le médicament le plus vendu en France, affichée en pharmacie à 2,18 euros, sera désormais presque intégralement payée par le patient.

Ensuite, pour chaque acte paramédical, avec un infirmier ou un kinésithérapeute par exemple, il faudra non plus payer un euro mais 2 euros. Pour chaque consultation chez le médecin, 4 euros au lieu de 2 euros actuellement. Et pour un transport sanitaire, une ambulance ou un taxi agréé, cela passera de 4 à 8 euros, pour un aller-retour le patient paiera donc 16 euros.

2 Le plafond va-t-il lui aussi doubler ?

Le plafond va passer de 50 à 100 euros par an pour les consultations chez le médecin, d'un côté. Et de l'autre, il va également passer de 50 à 100 euros par an pour tout ce qui est médicaments, actes paramédicaux et transport sanitaire. En tout, un Français qui a besoin régulièrement de soins paiera au maximum 200 euros par an, contre 100 euros actuellement. Le message du gouvernement est qu'il faut faire des économies, que les Français "consomment" trop de soins.

"Comme si les gens y prenaient plaisir, se mettaient le soir sur leur canapé avec un gros pot de médicaments devant un film, en train de gober leurs médicaments, déplore Féreuze Aziza, de l'association de patients France Assos santé. Donc il faut arrêter un peu de culpabiliser les gens, là on va amener des gens à renoncer aux soins parce qu'ils n'auront pas le choix, parce que c'est de plus en plus de reste à charge."

3 Comment le gouvernement peut-il faire passer ces augmentations alors que son avenir est incertain ?

Malgré la probabilité qu'il chute, lors du vote de confiance, lundi 8 septembre prochain, le gouvernement va opter pour la voie réglementaire en passant par décret. Toutefois, ces décrets ne seront pas tous examinés d'ici lundi, jour du vote de confiance du gouvernement à l'Assemblée nationale, assure Catherine Vautrin. "Certains décrets doivent passer au Conseil d'Etat", et "tout ce qui est en Conseil d'Etat ne sera pas fini d'être examiné avant lundi", a précisé la ministre au micro de franceinfo.

Ainsi, le gouvernement actuel n'attend pas le débat qui aura lieu, comme tous les ans, à l'automne sur le budget de la Sécurité sociale. Le syndicat de Médecins MG France et France Assos santé dénoncent là une mesure prise "en catimini", et un "déni démocratique". S'il est trop juste pour que le décret soit publié avant lundi, et le vote de confiance à François Bayrou, il pourrait l'être quelques jours ou semaines plus tard pendant la période dite des "affaires courantes".

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