Anxiolytiques : 40% des personnes sous traitement le sont sur des durées non conformes, alerte l'ANSM

La France est le deuxième plus gros consommateurs de benzodiazépines en Europe, derrière l'Espagne, selon l'ANSM.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Le lexomil fait partie de la famille des benzodiazépines. (VOISIN / PHANIE)
Le lexomil fait partie de la famille des benzodiazépines. (VOISIN / PHANIE)

40% des personnes sous traitement de benzodiazépines, ces anxiolytiques du type Xanax, Imovane, Lexomil ou Temesta, le sont sur des durées non conformes, alerte jeudi 10 avril l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), qui lance une campagne de sensibilisation au bon usage des médicaments benzodiazépines, que franceinfo a pu consulter. L'ANSM cible deux tranches d'âges, les18-25 ans et les plus de 65 ans. L'an dernier, neuf millions de Français ont été traités avec ces médicaments généralement prescrits pour soigner l'anxiété, le stress ou l'insomnie. La France est le deuxième pays le plus consommateur en Europe, derrière l'Espagne.

Ces benzodiazépines sont des molécules qui agissent sur le système nerveux central. Pour l'anxiété, ils doivent être prescrits pour la durée la plus courte possible et sans dépasser les trois mois. Pour l'insomnie, la durée du traitement ne doit pas excéder les trois semaines.

En tout, 3,6 millions de Français, soit 40% des personnes sous traitement, le sont donc sur des durées trop longues. Les premiers concernés sont les personnes âgées de plus de 65 ans, qui "représentent environ la moitié des patients chez qui des benzodiazépines sont prescrites", détaille à France Inter Philippe Vella, directeur médical à l'ANSM. Ils représentent "la majorité des patients chez qui on observe une prescription non conforme en termes de durée".

"Anticiper l'arrêt du traitement"

En cas de dépassement des doses, les patients s'exposent à des effets indésirables qui peuvent être accentués, comme la somnolence, la perte de mémoire, la dépendance ou un risque de chute chez les personnes âgées. Pourtant, selon l'ANSM, plus d'un tiers des personnes prenant ou ayant pris des benzodiazépines considère qu’il ne prend pas de risque avec ce traitement. Moins de trois personnes sur cinq traitées ou qui ont été traitées par benzodiazépines savent qu'ils ne doivent pas prendre ces médicaments au-delà d'une certaine durée, trois mois ou trois semaines selon le type de pathologie. Une sur deux connaît le risque lié à l’altération des capacités. Et huit sur dix prenant des benzodiazépines connaissent le risque de dépendance et le risque associé à la conduite.

Du côté des moins de 30 ans, la méconnaissance des risques inquiète tout autant. Près d'un patient sur quatre n'est pas au courant. Pour sensibiliser cette population, l'ANSM collabore avec des YouTubeurs et a signé un partenariat avec Instagram et TikTok. L'ANSM compte aussi sur les professionnels de santé pour sensibiliser les différents publics. Philippe Vella souligne "l'importance de programmer une deuxième consultation rapidement après la première, d'anticiper l'arrêt du traitement, et d'évoquer le sujet avec le patient". L'ANSM se dit aussi favorable à des prescriptions de courtes durées, en limitant le nombre de cachets dans les boîtes.

Commentaires

Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.