Tests ADN : généalogie, santé… Un million et demi de Français ont déjà essayé

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Quentin est alsacien. Sa famille vit dans la région depuis des générations. Ses origines n’ont jamais fait de doute. "Je pensais vraiment que j’étais français avec des racines allemandes", assure Quentin. Et pourtant, en 2021, un test ADN offert par ses amis balaie ses certitudes. Il découvre que son ascendance est plus lointaine que prévu. "100 % européen, 42,4 % d’Europe centrale, ensuite 29,3 % d’Italie, étonnant mais sympathique, et 28,3 % de Grande-Bretagne", détaille le jeune homme. Des origines inattendues et d’autres que le jeune homme peine même à croire ; il n’est pas vraiment convaincu. "Quand on me dit que je suis à 0,1 % brésilien ou à 0,3 % juif ashkénaze, je me pose des questions. Je pense que la première chose que je me dis, c’est que le test bug", poursuit-il.

Interdit en France

Les tests récréatifs sont illégaux en France. L’examen génétique est réservé à des fins médicales ou pour la recherche scientifique, précise le code civil. Malgré l’interdiction, chaque année, plus de 100 000 Français parviennent à s’en procurer, selon l’association DNA Pass, spécialisée en généalogie. Pour les commander en ligne, quelques clics suffisent sur les sites de sociétés basées à l’étranger.

Aux États-Unis, ils ne posent en revanche aucun problème. Ils ont même une vraie utilité selon les laboratoires qui les commercialisent. Une entreprise américaine a récolté plus de 150 millions de tests. Grâce à ces données, elle permet à ses clients d’en savoir plus sur leurs prédispositions à développer certaines maladies. "On peut sauver des vies. Lorsqu’on apprend grâce à sa signature génétique qu’on a un risque de cancer, on prévient la maladie. On peut développer de meilleurs traitements aussi. Au bout du compte, le séquençage complet de l’ADN permet de faire avancer la recherche médicale", assure Ted Karkus, PDG et directeur de ProPhase Labs.

Retrouver des membres de sa famille

Les tests permettent aussi de retrouver des membres inconnus de sa famille. L’échantillon d’ADN de la personne testée est introduit dans la base de données numériques du laboratoire. Il est ensuite comparé à des centaines de milliers d’autres ADN déjà collectés. Quand deux séquences d’ADN sont particulièrement proches, le lien de parenté est probable. En France, cette technologie est utilisée par les personnes nées sous X, comme Marie-Christine, qui préfère taire son nom. Elle n’a jamais connu ses parents biologiques. "On a beau avoir un nom sur un état civil, tant qu’on ne sait pas d’où on vient, on ne sait pas qui on est. Et on vit dans le noir", lance-t-elle.

Il y a cinq ans, elle a sauté le pas. Son test révèle une correspondance avec une cousine éloignée. Après de longues recherches, elle reconstitue son arbre généalogique et retrouve finalement la trace de sa mère biologique. "J’ai beaucoup hésité. J’ai décidé simplement de lui écrire une lettre recommandée pour être sûre qu’elle l’ait reçue en août 2021. Et depuis, je n’ai jamais eu de réponse", regrette Marie-Christine.

Elle attend toujours un signe de celle qui l’a fait naître. Hasard du destin, grâce au test, elle retrouve plus tard un demi-frère et une demi-sœur qui lui révèlent l’identité de son père biologique décédé. Grâce à eux, elle découvre alors son visage. "Quand il m’a envoyé la photo et qu’elle s’est affichée sur mon téléphone, mon cœur s’est décroché une deuxième fois. Parce que pour la première fois de ma vie, je ressemblais à quelqu’un", déclare-t-elle. Avec sa nouvelle fratrie, la cinquantenaire tente de rattraper le temps perdu. En France, un million et demi de personnes auraient déjà réalisé des tests ADN à des fins généalogiques.