Reportage "Les décisions sont prises en 30 secondes" : près de Bourges, l'armée française teste sa défense aérienne en simulant un conflit de haute intensité

Sur la base d'Avord, près de Bourges, des exercices grandeur nature ont simulé un conflit de haute intensité. L'objectif est de préparer la France à réagir face aux menaces actuelles dans un contexte accentué par la guerre en Ukraine.

Article rédigé par Claude Guibal
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Des missiles Aster 30 équipent le système de défense anti-aérienne Mamba. (CLAUDE GUIBAL / RADIO FRANCE)
Des missiles Aster 30 équipent le système de défense anti-aérienne Mamba. (CLAUDE GUIBAL / RADIO FRANCE)

La guerre en Ukraine engendre aussi un changement dans l'intensité des menaces. Pendant dix jours, à partir du 8 septembre sur la base aérienne d'Avord, près de Bourges, l'armée française a simulé un conflit de haute intensité. Un exercice grandeur nature pour tester l'ensemble de sa capacité défense aérienne face à ce scénario de guerre, alors que la Russie multiplie les incursions dans le ciel des pays de l'Otan.

Le bras articulé s'approche avec minutie du plateau du camion. Il agrippe un long cylindre, protégé par une coque. "Vous assistez au rechargement de missiles sol air qui protègent un espace aérien à moyenne portée, c’est-à-dire entre 50 et 100 km, et même plus", explique le général Pierre Gaudillière, commandant de la brigade aérienne de l'aviation de chasse.

Ces missiles, des Aster  30, équipent le Mamba, l'équivalent français des Patriots américain, le fleuron de la défense anti-aérienne qui protège la France de toute menace venue du ciel. "Le Mamba peut être associé à la lutte anti-drones, à un autre système de défense sol-air qui s'appelle le Crotale, qui est plus courte portée et à un autre qui s'appelle le VL-Mica. Avec ce mille-feuille, vous arrivez à défendre une zone pour contrer tout type de menace aérienne."

"On peut créer des scénarios de haute intensité"

Courte, moyenne, longue portée : une défense aérienne complète a été testée à très haute intensité ces quinze derniers jours. Le but : vérifier et améliorer sa capacité à réagir et très vite dans une menace accentuée par la guerre en Ukraine. "On a des systèmes de simulation intégrés, donc on peut créer des scénarios de haute intensité avec des menaces qui vont de l'avion de chasse en passant par l'hélicoptère jusqu'aux missiles balistiques", explique le commandant Jean-Marie, du centre de formation et d'expertise de la défense sol-air.

Les huit Mambas français protègent par exemple les bases nucléaires ou les grands évènements internationaux, sommets, ou récemment, les Jeux olympiques. L'un est aussi déployé par la France dans le cadre de l'Otan, en Roumanie, pour protéger le flanc est de l'alliance.

Au centre, le général Pierre Gaudillière, commandant de la brigade aérienne de l'aviation de chasse. (CLAUDE GUIBAL / RADIO FRANCE / FRANCEINFO)
Au centre, le général Pierre Gaudillière, commandant de la brigade aérienne de l'aviation de chasse. (CLAUDE GUIBAL / RADIO FRANCE / FRANCEINFO)

"Cela va très vite"

Avec la guerre en Ukraine, la menace d'une utilisation massive des drones s'est ajoutée. Une menace low cost, mais redoutable avec ces attaques massives pour saturer les radars. D'où l'importance du centre de décision qui fait le tri de menaces détectées avant de donner l'ordre de tirer, rappelle le général Gaudillière : "Cela va très vite. Ce sont des décisions qui sont prises en une trentaine de secondes. D'où l'intérêt d'avoir des radars de veille et d'identification qui voient loin en avance."

Une réponse adaptée à la menace et au risque pour utiliser au mieux des munitions parfois très coûteuses, un missile Aster 30 vaut presque deux millions d'euros. 

Commentaires

Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.