Affaire Bétharram : "Elisabeth Bayrou m’a répondu : 'Ces enfants-là, on ne peut rien en tirer'", déclare la lanceuse d’alerte
L'ex-professeure de mathématiques à Notre-Dame de Bétharram, Françoise Gullung, raconte sa rencontre avec l’épouse de François Bayrou alors enseignante au sein de l’établissement. Elle estime que l’actuel Premier ministre ne pouvait ignorer ce qui se passait à l’époque.
Cela fait près de trente ans qu’elle alerte sur les violences au sein de Notre-Dame de Bétharram : la professeure de mathématiques, aujourd’hui à la retraite, Françoise Gullung a enseigné deux ans (de 1994 à 1996) au sein de l’établissement catholique sous contrat.
Dans une interview au Point publié en juillet 2024, elle expliquait déjà avoir tenté d’alerter François Bayrou par courrier et à l’occasion d’une remise de décoration, à Pau, le 17 mars 1995, ainsi que son épouse, Elisabeth Bayrou, qui enseignait le catéchisme dans l’établissement. En vain, selon elle.
Dans une vidéo diffusée le 20 février 2025 sur le site Mediapart, qui a relancé cette affaire, Françoise Gullung raconte avoir demandé à Elisabeth Bayrou d’intervenir pour tenter d’aider un élève qui "hurlait" alors qu’il se faisait "cogner" par un membre de l’encadrement. Françoise Gullung confirme aujourd’hui ses propos à la cellule investigation de Radio France, en partenariat avec "ici Béarn-Bigorre".
"On entendait les coups et l’enfant qui demandait grâce"
L’enseignante à la retraite précise les conditions dans lesquelles elle dit avoir croisé la route d’Elisabeth Bayrou. Selon Françoise Gullung, la scène se serait passée peu de temps après son arrivée au sein de l’établissement. Après avoir vu l’épouse de François Bayrou "à la cantine", elle la croise ensuite dans un couloir : "Sur ma gauche, il y avait une salle de classe dans laquelle on entendait un adulte qui hurlait sur un enfant, raconte Françoise Gullung. On entendait les coups. Et l’enfant qui demandait grâce. Quand Elisabeth Bayrou est arrivée à ma hauteur, je lui ai dit : ‘Que peut-on faire ?’ Je pense qu’elle n’a pas compris mon attente. Elle m’a simplement répondu quelque chose qui ressemble à ça [...] : Ces enfants-là, on ne peut rien en tirer."
"Je me suis reproché de ne pas avoir foncé, ouvert la porte, ajoute Françoise Gullung, mais j’étais toute neuve là-dedans. Je n’ai pas osé. Je venais d’arriver."
Dès 1996, Françoise Gullung ne cessera de dénoncer dans la presse la situation et "l’omerta" régnant selon elle au sein de l’établissement. Dans un rapport rédigé par l’inspecteur d’académie en avril 1996 , elle est qualifiée d'"enseignante [...] arrivée dans ce collège avec un état d'esprit très négatif [qui] aurait exprimé son intention de 'démolir Bétharram' considérant que cet établissement utilisait des méthodes éducatives d'un autre âge."
"Évidemment", François Bayrou savait, explique aujourd’hui Françoise Gullung à la cellule investigation de Radio France. "Tous les journaux en parlaient ou alors ce Monsieur ne lit jamais un journal, même quand il a des responsabilités politiques..."
François Bayrou : "Ces protagonistes, je ne les connais pas, ma femme ne les connaît pas non plus"
De son côté, François Bayrou dénonce "une mécanique du scandale". "On dit des choses toujours plus insupportables les unes que les autres, toujours plus invraisemblables les unes que les autres", a déclaré le Premier ministre à l’issue d’une réunion de travail à Matignon, vendredi 21 février 2025. "Ces protagonistes, je ne les connais pas, ma femme ne les connaît pas non plus", affirme-t-il.
Interrogé par Le Point en juillet 2024, François Bayrou déclarait : "Jamais personne ne m’a alerté sur ce sujet, du moins dans mon souvenir. Vous imaginez bien que si quelqu’un m’avait indiqué des faits de cet ordre, jamais mes enfants n’y auraient été scolarisés." Concernant son épouse, il indiquait : "Elle a enseigné l’instruction religieuse dans cet établissement une heure par semaine, il y a trente ans. Ni elle, ni mon fils – qui avait 16 ans à l’époque – n’ont jamais entendu parler de rien."
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