Témoignage Bétharram : "J’étais dans le dernier cercle de l’enfer", se souvient un ancien élève

Tabassé, enfermé, poursuivi, violé... Difficile "d’essayer de se remémorer des moments que vous voulez absolument oublier", témoigne Adrien qui a passé deux ans dans l'établissement. Il raconte "l'omerta" qui y régnait à "ici Béarn Bigorre".

Article rédigé par franceinfo - avec "ici Béarn Bigorre"
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La cour intérieure du collège Notre-Dame de Bétharram à cote de Pau avec, au fond, le fameux perron ou les élèves pouvaient passer des heures debout face au mur. (NICOLAS SABATHIER / MAXPPP)
La cour intérieure du collège Notre-Dame de Bétharram à cote de Pau avec, au fond, le fameux perron ou les élèves pouvaient passer des heures debout face au mur. (NICOLAS SABATHIER / MAXPPP)

"J’étais dans le dernier cercle de l’enfer", témoigne Adrien, mercredi 19 février au micro d'"ici Béarn Bigorre", un ancien élève de l'école Bétharram qui a subi des violences physiques et psychologiques mais aussi des viols, Il a porté plainte en juillet dernier.

Les victimes de Bétharram dénoncent des agressions qui ont duré des décennies, beaucoup de plaintes risquent aujourd'hui de ne pas aboutir à cause la prescription. Mais pas celle d'Adrien, un Bordelais de 33 ans, scolarisé à Notre-Dame-de-Bétharram durant deux ans, de 2003 à 2005. Il avait intégré le collège catholique en classe de 5e, à 12 ans, et il dénonce des actes qui ont eu lieu en 2004.

"Arrêtez de mentir"

Lui a vécu "beaucoup de choses, la violence physique, la violence psychologique, la violence sexuelle", confie-t-il à "ici Béarn Bigorre". "C’était des tabassages, on m’enfermait dans les toilettes, on me poursuivait dans les bois, c’était ça Bétharram aussi", raconte Adrien. Une maison de retraite de prêtres était "à côté de Bétharram". Il assure avoir subi de leur part "des frottements, des comportements vraiment inappropriés de certains prêtres". Il est bien "allé voir le directeur de l’école", mais "il m’a dit non, je ne vous crois pas, ce n’est pas possible, arrêtez de mentir", poursuit Adrien.

Puis le collégien a aussi subi "des agressions sexuelles par des élèves, cette fois-ci".

"Plusieurs, qui m’enfermaient dans les toilettes et qui me violaient."

Adrien, un ancien élève de Notre-Dame-de-Bétharram

à "ici Béarn Bigorre"

C’est arrivé "trois fois au total et c’est très compliqué d’essayer de se remémorer des moments que vous voulez absolument oublier", explique-t-il très ému.

"On priait pour qu’ils ne vous repèrent pas"

Il n'est pas surpris de voir encore aujourd'hui du déni ou une certaine omerta chez d'anciens pensionnaires de l'établissement catholique : "Dès qu’il y en avait un qui parlait, ça pouvait être des brimades et autres", se souvient-il. Selon lui, "personne ne se disait rien. On faisait : 'Mon dieu, il faut que je ferme les yeux, je prie pour que ça ne soit pas moi'. C’est ça, l’omerta de Bétharram. On priait pour qu’ils ne vous repèrent pas et qu’ils vous laissent un peu dans un coin".

La question est maintenant de savoir s'il y a eu des dysfonctionnements du tribunal de Pau et une ingérence de François Bayrou dans l'affaire du père Carricart, ex-directeur de l'institution. Le Premier ministre est accusé dans ce dossier d'être intervenu dans l'enquête ouverte fin 1997. Contacté par "ici Béarn Bigorre", François Bayrou parle "d'accusations obscènes" : "Je ne connaissais pas le procureur général de l'école, il n'y a jamais eu d'intervention de ma part, tout ça c'est des fake news."

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