: Témoignages "Il y en a toujours un dans une classe" : à Lyon, les chiffres du harcèlement scolaire n'étonnent pas des lycéens
La ministre de l'Éducation a révélé, lundi, les chiffres de la grande enquête sur le harcèlement scolaire. Ils ne surprennent pas des élèves. Pour certains, ils sont même en dessous de la réalité.
Plus d'un élève par classe en moyenne se dit victime de harcèlement scolaire. Ce sont les conclusions de la grande enquête révélées, lundi 12 février, par la nouvelle ministre de l'Éducation nationale Nicole Belloubet. Devant un lycée du 5e arrondissement, le questionnaire anonyme de novembre n'est plus qu'un vague souvenir. Mais Dorian n'a pas oublié pourquoi il a coché toutes les cases attestant d'un harcèlement.
"C'était au collège, je m'en souviens bien. J'avais des bonnes notes et c'était dans une période où je ne savais pas du tout m'exprimer, raconte le jeune homme. Du coup, je ne m'en rends pas compte. Il y a des insultes qui passent, mais pour moi c'était une forme de rigolade. Comme les autres, ils ne se sentaient pas forcément proches de moi, le harcèlement a pris vite des grosses proportions. J'ai été mis en insertion au collège dans une classe à part, tout seul, avec une grande baie vitrée et tout le monde me regardait. Et du coup, ça a fait rapidement le tour du collège."
"Quand on est victime de harcèlement, il faut absolument savoir poser ses limites et dire aux personnes que ça ne va pas bien et en parler aux adultes aussi."
Dorian, victime d'harcèlement scolaireà franceinfo
L'enquête, menée en novembre 2023 dans le sillage d'un plan interministériel contre le harcèlement scolaire, a démontré que 5% des écoliers du CE2 au CM2, 6% des collégiens et 4% des lycéens sont considérés comme victimes de harcèlement. Comme Dorian, Lydia a subi des violences verbales : "J'ai été harcelée dans deux collèges différents, en 6e, 5e et 4e. Ça a été très dur lorsque je posais des questions en classe, on rigolait constamment. Je ne pouvais pas ouvrir la bouche parce qu'on allait rire. Dans la cour quand je passais, ils rigolaient. C'était des blagues vraiment pas drôles sur le physique."
"C'était moi qui étais ciblée en permanence dans la classe. J'ai fini par changer d'établissement et tout recommencer à zéro."
Lydia, victime d'harcèlement scolaireà franceinfo
Le service statistique de l'Éducation nationale a exploité un échantillon représentatif de 17 000 questionnaires, soumis à un total de 7,5 millions d'élèves du CE2 à la terminale. Le chiffre d’un élève harcelé par classe est un minimum selon ces lycéens : "Il y en a toujours un dans une classe qui vit ça. Ça a toujours été comme ça. Ils aiment bien s'en prendre aux plus faibles et s'acharner sur eux", avance un élève. "Pour moi, le chiffre devrait être bien plus élevé en fait", estime une élève. "Je dirais un ou deux élèves par classe, mais un au minimum ça me semble correct", poursuit un autre lycéen.
En tout cas, la plupart se montrent sceptiques sur la portée du questionnaire. "Ils ne vont pas le prendre en compte et ça va toujours rester anonyme. On harcèle les plus faibles, mais on laisse tranquilles les plus forts, on ne fait rien, déplore un lycéen. Il y en a qui meurent de ça, qui se suicident. Il faut agir, ça fait longtemps que ça dure et maintenant faut mettre un terme à ça." Cette vaste enquête sera désormais menée chaque année sous la forme d'un "baromètre annuel du harcèlement en milieu scolaire", destiné à suivre l'évolution de ce phénomène. Devant le lycée lyonnais, tous les élèves se disent concernés et favorables à des sanctions.
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