"Ma fille m'a dit que c'était une remplaçante" : pour la rentrée des classes, l'équivalent de 2 500 postes de professeurs ne sont pas pourvus

Article rédigé par franceinfo
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Des élèves du primaire assistant à un cours dans une salle de classe. (SKYNESHER / E+ GETTY IMAGES)
Des élèves du primaire assistant à un cours dans une salle de classe. (SKYNESHER / E+ GETTY IMAGES)

Cette rentrée encore, de nombreuses classes se retrouvent sans professeur, même dans le primaire, alors que la ministre de l'Éducation affirme que la quasi-totalité des postes sont pourvus.

 Un enseignant devant chaque classe, "une promesse intenable" et "pas tenue depuis des années", pour la fédération de parents d'élèves FCPE. En cette rentrée, l'équivalent de 2500 postes de professeurs ne sont pas pourvus, reconnaît la ministre de l'Éducation, essentiellement dans le second degré. 

Dans le primaire, il y a un maître ou une maîtresse dans 99.9 % des classes, assure Élisabeth Borne. Mais cela n'empêche pas les mauvaises surprises : dans les Yvelines, une classe de CM2 de Mureaux s'est retrouvée sans enseignant, alors qu'elle est classée en REP+, donc dans un quartier d'éducation prioritaire. "Ma fille m'a dit que là, c'était une remplaçante, mais qu'elle ne serait plus là dans une semaine, que ce serait une autre", témoigne une maman, agacée dès le premier jour d'école.

L'enseignante affectée aux CM2 est finalement restée dans son ancienne école. Une classe devait fermer, mais a été maintenue à la dernière minute.

"Ce n'est pas juste pour nos enfants"

"Tout s'est effondré vendredi soir, plus de maîtresse", raconte Bastien Deschamps, le directeur de l'école de Mureaux, également secrétaire départemental du Snuipp-FSU. Il explique qu'une remplaçante est arrivée lundi à 8 heures du matin pour la semaine. Une situation qui ne lui est pas étrangère :  depuis deux ans les mêmes enfants ont vu défiler les remplaçants... Quand il y en avait.

"Une classe de CM1, l'année dernière, a eu neuf semaines quasiment sans aucun remplacement" se désole le directeur. "Pendant neuf semaines, ces élèves ont été répartis dans les six autres classes de l'école", poursuit-il.

"Ce sont des élèves qui ont besoin d'une stabilité pour reprendre pied dans leur scolarité."

Bastien Deschamps, secrétaire des Yvelines du Snuipp-FSU

à franceinfo

Aux yeux des parents, c'est le contrat républicain qui n'est pas respecté. "Ce n'est pas juste pour nos enfants, s'insurge la mère d'une des élèves de CM2. On parle d'égalité des chances, plein de beaux discours, mais au final, ce n'est pas la réalité." Le rectorat assure de son côté que la remplaçante restera jusqu'à l'arrivée d'un contractuel, en cours de recrutement, pour rester toute l'année.

"Un phénomène plus important" qu'annoncé

Face à ce manque d'enseignants, le vice-président de la fédération de parents d'élèves FCPE, Grégoire Ensel, évoque mardi 2 septembre sur franceinfo "un phénomène plus important", que 2 500 postes non pourvus annoncés. Il dénombre "beaucoup d'enseignants absents" et des "postes non pourvus". Il estime qu'il faut attendre l'enquête de terrain des syndicats "dans quelques jours" pour avoir un aperçu de la réalité.

"On va voir qu'il y a beaucoup plus d'établissements impactés."

Grégoire Ensel, vice-président de la fédération de parents d'élèves FCPE

à franceinfo

Selon lui, avoir un enseignant devant chaque classe est "une promesse intenable et pas tenue depuis des années, ce qui provoque beaucoup de colères". Le secteur secondaire est le plus impacté "car il y a des matières en tension", explique Grégoire Ensel qui donne l'exemple "des lettres classiques, de l'allemand" ou encore "dans l'enseignement professionnel, les sciences industrielles de l'ingénieur et l'hôtellerie-restauration".

Pour le vice-président de la fédération de parents d'élèves FCPE, il y a "une crise des vocations". "Les concours ne font pas le plein. Cette année, il a manqué plusieurs milliers d'enseignants, faute de candidats", déplore-t-il.

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