Reportage "Il faut voir les progrès autrement que scolairement" : comment la classe prépa-seconde fonctionne dans un lycée de l'Yonne

Ces classes, destinées à des élèves qui n'ont pas eu le brevet, sont expérimentées dans tous les départements. La ministre de l'Éducation Anne Genetet souhaite généraliser le dispositif à la rentrée 2026, alors qu'il est pointé du doigt par les syndicats.

Article rédigé par Noémie Bonnin
Radio France
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Temps de lecture : 3min
La ministre de l’Éducation souhaite voir les classes prépa-seconde généralisées d’ici à la rentrée 2026. (NOEMIE BONNIN / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)
La ministre de l’Éducation souhaite voir les classes prépa-seconde généralisées d’ici à la rentrée 2026. (NOEMIE BONNIN / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

À quoi ressemble la classe prépa-seconde, cette sorte de passerelle entre le collège et le lycée ? Aujourd’hui, le dispositif en est au stade expérimental, il en existe théoriquement une par département, 1 200 élèves sont concernés, mais la ministre de l’Éducation souhaite les voir généralisées d’ici à la rentrée 2026. Ces classes seront censées accueillir les élèves qui n’auraient pas eu le brevet, puisque le diplôme va devenir obligatoire pour entrer en lycée à partir donc de la session de juin 2027.

Ces classes prépa-seconde sont encore très méconnues et, à certains endroits, c’est loin d’être un succès, elles sont pointées du doigt par les syndicats. Dans la classe d'un grand lycée de Sens (Yonne), il y a 21 élèves, de 15 ou 16 ans, en grande majorité des garçons. Ils n’ont eu ni le brevet l’an dernier, ni l’affectation dans la classe de seconde qu’ils voulaient, souvent en lycée professionnel, où il y a un nombre maximal de places.

Tous ont des parcours scolaires difficiles : absentéisme, décrochage ou exclusion pour des problèmes de comportement, et beaucoup sont un peu perdus dans leur orientation. Le but de la classe prépa-seconde est de les remobiliser. "Ça nous remet en tête tous les cours qu'on a oubliés, explique Rayan, qui se dit motivé. Faut pas que je fasse le con, en gros. Si je ne travaille pas cette année, c'est foutu pour moi." Comme lui, Ilyès a préféré aller dans cette classe que redoubler sa 3e. "Je n'ai pas envie de rester dans mon collège, affirme-t-il. Ils considèrent que si tu arrives à suivre, c'est bien, mais si tu n'y arrives pas, tu es mis de côté."

Moins de retards et d'absentéisme

Particularité de ces classes prépa-seconde : il n’y a pas de programme officiel. "C'est une liberté et une chance parce qu'on ne pourrait pas assumer un programme", estime Lionel Jalaguier-Quaranta, le professeur de maths. Les enseignants reprennent les bases dans toutes les disciplines, avec en plus des séquences sur l’orientation, dans une configuration qui permet un peu plus d’attention personnalisée que dans une classe normale à 35 élèves, ajoute l'enseignant.

"Ces élèves ont besoin d'être dans une classe un peu à part dans laquelle on peut les cocooner et prendre le temps, sinon je pense qu'ils seraient en décrochage."

Lionel Jalaguier-Quaranta, professeur de maths

à franceinfo

Après le CV, place aux exercices de maths. "Il faut voir les progrès autrement que scolairement, puisqu'on a beaucoup moins de retards, l'absentéisme diminue aussi, observe Jessica Seyteur, professeur en sciences médico-sociales. Mais mathématiquement parlant, en français ou en langues [étrangères], non ils ne progressent pas tous."

Dans ce cours, ils sont exceptionnellement deux enseignants dans la classe, mais dans les autres matières, il n'y a qu'un seul adulte. "C'est très difficile, on récupère le mauvais élève de chaque classe de collège, et on en fait une classe complète", ajoute Jessica Seyteur. "Pas mal de collègues sont en souffrance et ils ne prennent pas plaisir à enseigner à ces élèves-là", relève Lionel Jalaguier-Quaranta. Comme souvent, tout est une histoire de moyens. Pour ces enseignants, la classe prépa-seconde est un bon dispositif, mais à condition de mettre assez de personnels pour accompagner les élèves.

Comment fonctionne la classe prépa-seconde dans un lycée de l'Yonne. Reportage de Noémie Bonnin

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