Accusations de violences dans un lycée catholique à Saint-Nazaire : une dizaine d'élèves ont fait leur déposition au commissariat, le directeur dénonce des "allégations mensongères"

Selon la procureure de Saint-Nazaire, "l'enquête est en cours". De son côté, le rectorat de Nantes a reçu des enseignants, un CPE, le responsable de l'internat, des élèves, le directeur adjoint et le directeur mis en cause.

Article rédigé par franceinfo
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Des élèves du lycée Notre-Dame de l'Espérance manifestent devant leur établissement, le 24 mars 2025. (FRANCK DUBRAY / MAXPPP)
Des élèves du lycée Notre-Dame de l'Espérance manifestent devant leur établissement, le 24 mars 2025. (FRANCK DUBRAY / MAXPPP)

Un mois après la suspension du directeur du lycée catholique Notre-Dame d'Espérance à Saint-Nazaire, en Loire-Atlantique, "ici Loire Océan" (ex-France Bleu) qui a révélé l'affaire, a pu lire les témoignages et le courrier de signalement envoyés au rectorat. Le directeur de l'établissement scolaire, par la voix de son avocat, dénonce des "allégations mensongères" et un "lynchage médiatique".

L'enseignant suspendu a été accusé par des parents d'élèves et des professeurs d'avoir eu des "gestes et des propos déplacés, inappropriés" auprès d'élèves en seconde, lors d'un voyage scolaire à Paris, mardi 18 mars. Les témoignages accusent le directeur d'avoir – sans prévenir ni les enseignants ni les parents d'élèves de sa présence à Paris lors de ce voyage scolaire – rejoint l'hôtel où résidaient les élèves avant de passer dans la chambre des adolescentes.

Le directeur mis en cause par les élèves assure avoir aidé ce soir-là, avec son pass, quelques élèves à ouvrir leur chambre. Mais dans le courrier de signalement que les enseignants accompagnateurs du voyage ont envoyé au rectorat lundi 24 mars, que "ici Loire Océan" a pu lire, d'autres faits sont évoqués. Les enseignants racontent être tombés sur un groupe d'adolescentes, dans le couloir de l'hôtel où elles résidaient. "Certaines pleuraient, d'autres tremblaient", décrivent les enseignants. "Nous avons appris que le directeur était revenu dans certaines chambres de filles sans s'annoncer", écrivent-ils. Une adolescente raconte que le directeur lui a confisqué son téléphone, qu'il l'a mis dans sa poche de pantalon et qu'il lui a dit de venir le chercher si elle voulait le récupérer. "C'est cet événement qui a déclenché les autres témoignages", peut-on lire dans le courrier des accompagnateurs.

Des visites dans les dortoirs des filles

Car à la suite de cet évènement, la parole s'est libérée, relatait "ici Loire Océan" quand l'affaire a été dévoilée dimanche 23 mars. Depuis septembre, date à laquelle le directeur de Notre-Dame d'Espérance a pris ses fonctions, les adolescentes ont affirmé avoir remarqué des visites intempestives dans leur dortoir, "y compris lorsqu'elles sont en sous-vêtements", et ce à plusieurs reprises, ont confirmé plusieurs témoignages.

Dans leur lettre, les enseignants racontent avoir reçu des témoignages pendant deux jours : "Des gestes comme caresser les visages, effleurer les seins, les jambes ont été relatés." En plus du courrier de signalement rédigé par les enseignants, six lettres d'élèves écrites à la main ont été jointes au courrier envoyé le 24 mars au rectorat, dénonçant des faits similaires. Des violences physiques, mais verbales aussi. "J'étais assise, il m'a frotté le cou avec sa bouche en me chuchotant : 'T'es toute seule ?'", écrit une lycéenne. "Monsieur le directeur m'a dit à plusieurs reprises : 'Je vais te mettre des fessées", dénonce une autre adolescente.

Selon les informations récoltées par "ici Loire Océan", une dizaine d'adolescentes ont fait leur déposition au commissariat de Saint-Nazaire, à la brigade de protection des mineurs. Aucune source n'a en revanche souhaité indiquer s'il y a eu dépôt de plainte. Contactée par "ici Loire Océan", la procureure de la République de Saint-Nazaire, Florence Sroda, a répondu : "L'enquête est en cours, pas de communication du parquet à ce stade." Concernant l'enquête interne ouverte par le rectorat de Nantes, les six enseignants accompagnateurs du voyage scolaire, le CPE du lycée, la responsable de l'internat, le directeur adjoint et le directeur mis en cause par les élèves, ont été entendus.

"Une cabale médiatique"

Le directeur mis en cause a répondu aux accusations par la voix de son avocat. "Les médias ont accès à des courriers que nous n'avons jamais vus, aucune remarque, aucun grief avant cette cabale médiatique et orchestrée, c'est choquant", dénonce Antoine Vey au micro de "ici Loire Océan". Selon ce dernier, cette "cabale médiatique" est orchestrée par "des jeunes ou des enseignants en révolte" contre l'autorité de son client qui "avait été appelé à Notre-Dame d'Espérance pour ses compétences, justement, à remettre de l'ordre dans les établissements".

"Il n'a pénalement rien à se reprocher, ce sont des témoignages venus de nulle part", affirme Antoine Vey. Il confirme avoir porté plainte contre X pour dénonciations calomnieuses. L'avocat affirme aussi que contrairement aux informations dévoilées par "ici Loire Océan", son client n'a pas été suspendu. Il est en arrêt maladie. Une affirmation contestée par les syndicats.

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