On vous résume la polémique sur la version moderne de "La Belle et la Bête" du dessinateur Jul, décommandée par l'Education nationale
L'Education nationale a décommandé 800 000 livres de ce conte illustré par Jul. L'auteur de l'ouvrage, connu comme scénariste de "Lucky Luke" ou dessinateur de "Silex and the City", a déploré une "décision politique" de "censure".
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Une version modernisée, mais jugée trop adulte ? L'auteur Jul, connu comme scénariste de Lucky Luke ou dessinateur de Silex and the City, a dénoncé le choix du ministère de l'Education nationale, mercredi 19 mars, d'annuler une commande de 800 000 livres illustrés figurant une version revisitée de La Belle et la Bête. Révélée par Le Monde, la polémique a fait l'objet d'un communiqué de l'illustrateur du conte, dans lequel il a déploré une "décision politique" de "censure", pour des "prétextes fallacieux" selon lui.
Julien Berjeaux, de son vrai nom, avait été choisi pour l'opération annuelle "Un livre pour les vacances", grâce à laquelle 800 000 élèves de CM2 obtiennent un classique de la littérature française revisité. D'après lui, l'annulation a eu lieu "la veille du lancement de l'impression". Le budget de l'opération, lancée en 2018 avec les Fables de La Fontaine et reconduite chaque année depuis, n'est pas connu.
La directrice générale de l'enseignement scolaire, Caroline Pascal, a précisé au Monde qu’un livre publié dans le cadre de l'opération lancée il y a huit ans serait réédité pour que les élèves de CM2 puissent quitter l’école en juin avec un ouvrage gratuit. Il s'agit de L'Odyssée d'Homère, adaptée par Murielle Szac et illustrée par Catel, a précisé jeudi le ministère de l'Education nationale.
"Des thématiques qui conviendraient à des élèves plus âgés"
Initialement, l'édition 2025 était censée mettre en valeur une version revisitée de La Belle et la Bête, conte traditionnel dans la version de Jeanne-Marie Leprince de Beaumont en 1756. Quand le père de la Belle boit "quelques coups de vin", Jul le représente ivre, bouteille à la main, en train de chanter "Les Lacs du Connerama". Téléphones portables et réseaux sociaux sont par ailleurs très présents au fil des 80 pages. Cette version n'a pas semblé adaptée au ministère, qui l'a expliqué à l'auteur dans une lettre datée de lundi, signée de Caroline Pascal.
"L'ouvrage finalisé", selon elle, ne permet "pas une lecture en autonomie, à domicile, en famille et sans l'accompagnement des professeurs pour des élèves âgés de 10 à 11 ans", et "pourrait susciter nombre de questions chez les élèves qui ne trouveraient pas nécessairement de réponse adaptée". "En effet, les deux illustrations de l'ouvrage abordent des thématiques qui conviendraient à des élèves plus âgés, en fin de collège ou en début de lycée, telles que l'alcool, les réseaux sociaux, ou encore des réalités sociales complexes", a-t-elle ajouté.
"Malgré ces réserves, la dernière version de travail qui a été adressée au ministère le 20 février 2025 ne tenait pas compte des remarques et préconisations formulées, ce qui ne permettait pas à l’ouvrage d’être lu de manière autonome par des élèves de cet âge", assure la rue de Grenelle dans son communiqué.
"Un monde qui ressemble un peu plus à celui des écoliers d'aujourd'hui"
Selon Jul, le problème est ailleurs. "Les prétextes fallacieux et pour partie mensongers invoqués pour justifier la censure ne tiennent pas la route une seconde devant l'examen du livre en question, espiègle, tendre et féerique", a-t-il écrit dans un communiqué. "La seule explication semble à chercher dans le dégoût de voir représenté un monde de princes et de princesses qui ressemble un peu plus à celui des écoliers d'aujourd'hui", avance l'auteur.
"Le 'grand remplacement' des princesses blondes par des jeunes filles méditerranéennes serait-il la limite à ne pas franchir pour l'administration versaillaise du ministère ?", s'interroge-t-il. Le paradoxe réside dans le fait que le livre a visiblement plu au cabinet de la ministre, Elisabeth Borne. Celle-ci écrit en préface : "Vous découvrirez dans cette version, dessinée pour vous, la touche malicieuse et le regard affûté de Jul, qui insufflent à ce conte une modernité nouvelle".
Une version "pas adaptée" aux élèves, selon Elisabeth Borne
"D'un seul coup, une censure a été décidée", dénonce Jul jeudi, sur France Inter et franceinfo. "Numériquement, je pense que c'est la plus grosse censure qu'il y ait eu dans l'histoire de l'édition française. C'est très étonnant que ça concerne un livre jeunesse, avec des arguments spécieux, fallacieux, qui cachent une vision très différente de la part des gens du ministère qui ont voulu interdire ce livre", relève-t-il. "Je m'interroge vraiment sur les véritables raisons pour lesquelles ce livre a été trappé au dernier moment", déclare le dessinateur.
Jul évoque aussi "un livre qui était prêt à être imprimé et pour lequel il y avait une préface dithyrambique de la ministre, qui expliquait à quel point le traitement du texte original du XVIIIe siècle, avec les dessins que j'avais faits, étaient formidables, parfaits, prônaient la concorde, la fraternité, l'entente et donnaient envie de lire".
"Jul a beaucoup de talent, il manie l'ironie, le second degré. Mais sans accompagnement pédagogique, je pense que ça n'est pas adapté. Mais c'est un très beau livre qui pourra être utilisé dans un autre cadre", a commenté, de son côté, la ministre de l'Education nationale sur CNews/Europe 1, jeudi. "C'est une réécriture moderne. On a un père de famille qui arrive d'Algérie, qui doit commettre des fraudes, qui se fait contrôler par les policiers", a expliqué Elisabeth Borne. "Peut-être que dans un cadre avec des professeurs, on peut expliquer ce second degré. Mais c'est un livre qui a vocation à être lu en vacances, avec sa famille", poursuit-elle.
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