: Reportage "C'est vraiment de l'argent qu'on a gagné nous-mêmes" : une commune de Gironde propose des jobs d'été aux adolescents

Qui a dit que les jeunes ne voulaient plus travailler ? À Langon, en Gironde, commune de 7 000 habitants, la mairie propose tous les étés aux adolescents entre 16 et 18 ans de faire des petits travaux pour la ville, notamment dans la propreté, dans les cimetières ou la piscine. Ces jeunes aident les agents municipaux trois demi-journées par semaine et en échange, ils sont payés 60 euros. C'est souvent la toute première expérience de travail de leur vie.

Dans sa combinaison jaune, Soléa, 17 ans, s'apprête à ramasser la première crotte de chien de sa vie. Clara, l'agente de propreté de la ville, l'initie : "Tu mets tes gants, tu prends le sac, tu attrapes et après, tu le retournes. Et on fait le nœud !" La lycéenne sourit : "Pas facile comme premier jour, mais il faut bien s'habituer…"

L'adolescente s'est vue refuser tous les jobs saisonniers, parce qu'elle n'a pas encore 18 ans : "À 17 ans, on ne nous propose pas beaucoup de choses." Soléa a, notamment, postulé dans une célèbre chaîne de fast-food : "Je n'ai pas été prise parce que j'étais un peu en dessous de la limite d'âge. Du coup, j'ai décidé de postuler pour 'Argent de poche'."

L'agente de propreté de la ville souligne que ce dispositif permet à Soléa de se rendre compte des incivilités des passants. L'adolescente souscrit : "Je ne pensais pas qu'il pouvait y avoir autant de déchets et le boulot que c'est de les ramasser !" Chaque jeune qui passe dans le service de Clara en revient transformé, assure l'agente : "Ils me disent : 'Je dis à mes potes de ne pas mettre par terre et ils font attention.""

"C'est très valorisant pour eux"

La mairie a recruté 13 jeunes cet été. La réglementation est stricte : les adolescents ne travaillent pas plus de trois heures par jour et trois jours par semaine, payés 60 euros au total. La commune n'en a pas vraiment besoin, mais l'adjointe à la jeunesse Dominique Chauveau-Zébert le voit plutôt comme une activité pour les jeunes : "Il y a vraiment une demande des jeunes de pouvoir travailler en job d'été. C'est très valorisant pour eux."

"Ils ont envie d'argent de poche et puis pour beaucoup, ils trouvent les vacances un peu longues."

Dominique Chauveau-Zébert

à franceinfo

"Ça leur permet d'être occupés s’ils ne peuvent pas partir ou d'aller faire un week-end avec des copains…", conclut l'adjointe. Depuis qu'elle a commencé, Soléa a déjà croisé des amis de lycées dans la rue : "Petit pic de jalousie quand même, quand on les voit se lever à 11 heures et nous à 8 heures... Mais après, on se dit que c'est pour la bonne cause."

À propos des 60 euros versés par la mairie, Soléa est satisfaite : "Je trouve que ça va. C'est vraiment de l'argent qu'on a gagné nous-même, son argent à soi. On ne dépend pas de l'argent de poche que nous donnent nos parents. Je suis une grosse lectrice donc je pense que je vais les dépenser dans des livres." La mairie paie cette indemnité en liquide pour que les jeunes puissent le toucher directement, plutôt que de le verser sur le compte bancaire des parents.