Lutte contre les violences faites aux femmes : "On a très peur de ce qui peut arriver dans les prochains mois", confie la présidente de la Fondation des femmes

Anne-Cécile Mailfert dénonce la baisse de financement pour les associations féministes, qui les empêche de mener des projets sur le long terme alors que les

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Anne-Cécile Mailfert, la présidente de la Fondation des femmes, le 15 février 2015. (STEPHANE DE SAKUTIN / AFP)
Anne-Cécile Mailfert, la présidente de la Fondation des femmes, le 15 février 2015. (STEPHANE DE SAKUTIN / AFP)

"Ce qui se passe en ce moment nous inquiète beaucoup", confie mercredi 27 août sur France Culture la présidente de la Fondation des femmes Anne-Cécile Mailfert, alors que 71% des associations féministes déclarent que leur santé financière s'est dégradée en 2025. Cette situation est due, pour 52% d'entre elles, à des baisses ou au non-renouvellement de subventions.

"On a très peur pour les associations", explique Anne-Cécile Mailfert. Ces baisses de subventions se traduisent concrètement par des postes en moins, ce qui conduit les permanences à "réduire en premier lieu toutes les actions de sensibilisation car c'est le moins urgent, pourrait-on dire. Mais malheureusement, on sait qu'à long terme ça crée de gros problèmes", regrette la présidente de la Fondation des femmes. "Les féminicides, ça reste une priorité, ça reste un combat de société. Il faut absolument qu'on continue à mettre l'accent dessus, malheureusement, ce n'est pas ce qui est fait", dénonce-t-elle.

Relancer des appels à projets en permanence

Elle déplore également une pratique de plus en plus répandue qui consiste à conditionner les subventions à des appels à projets : "Quand vous avez une permanence dans un lieu isolé pour accueillir les femmes victimes de violences et qu'on vous demande chaque année de déposer un nouveau projet, il faut qu'il soit innovant, il faut qu'il soit différent, alors que concrètement, ce que vous faites, c'est un peu toujours la même chose, vous ne pouvez pas tous les ans trouver des nouveautés à défendre", explique-t-elle.

Selon elle, cela force également les associations à passer trop de temps sur la préparation desdits projets : "Ce temps-là, c'est du gâchis immense parce que c'est un temps que ces associations passent à répondre à des dossiers alors qu'elles devraient le passer à répondre aux femmes", dénonce également Anne-Cécile Mailfert.

La présidente de la Fondation des femmes se dit également très inquiète du climat politique actuel : "On entend cette petite musique qui nous vient des Etats-Unis, on voit aussi sur les réseaux sociaux une sorte de politisation du machisme", décrit-elle. "Le machisme devient une sorte de courant politique qu'on appelle le masculinisme et qui amène en particulier les jeunes hommes à voter à l'extrême droite", poursuit Anne-Cécile Mailfert. "Nous, on a très peur de ce qui peut arriver dans les prochains mois", conclut-elle.

Commentaires

Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.