Plus de 70% des associations féministes voient leur santé financière dégradée par rapport à 2024, majoritairement à cause des baisses de subventions

L'enquête, réalisée auprès de 148 associations du secteur féministe, dont 122 associations accompagnant du public, estime à 15% la baisse moyenne des subventions en 2025 par rapport à l'année précédente.

Article rédigé par franceinfo
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Une personne brandit une pancarte à l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes, à Toulouse (Haute-Garonne), le 8 mars 2025. (FREDERIC SCHEIBER / HANS LUCAS / AFP)
Une personne brandit une pancarte à l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes, à Toulouse (Haute-Garonne), le 8 mars 2025. (FREDERIC SCHEIBER / HANS LUCAS / AFP)

Le secteur associatif va mal et tire la sonnette d'alarme : 71% des associations féministes déclarent une situation financière dégradée ou très dégradée par rapport à 2024. Un recul "majoritairement" dû aux "baisses de subventions", selon l'enquête "Ne leur fermons pas la porte" publiée mercredi 27 août par la Fondation des femmes.

"L'année 2025 semble marquer la fin de la période de soutien à la lutte contre les violences conjugales qu'avait initiée le Grenelle et qui avait eu des effets positifs sur les chiffres des féminicides", constate la Fondation des femmes, une structure de collecte de dons en faveur de l'égalité et contre les violences faites aux femmes.

Forte baisse du nombre de personnes accompagnées

Dans le détail, l'enquête, réalisée auprès de 148 associations du secteur féministe, dont 122 accompagnant du public, situe la baisse moyenne des subventions à 15% de moins en 2025 qu'en 2024. Au total, 31,6 millions d'euros manquent ainsi pour permettre aux associations de poursuivre leurs actions en 2025. "Cela représente 45% des ressources nécessaires à leurs activités", s'inquiète la Fondation des femmes. La perte nette uniquement pour les associations accompagnatrices de femmes victimes de violences est estimée à 6,7 millions d'euros.

Ces difficultés financières ont des répercussions très concrètes. Selon cette même enquête, la moitié (50%) des associations répondantes ont ainsi réduit leurs activités et ont déjà réduit, ou envisagent de réduire, leur masse salariale. Plus grave encore, 30% des associations accompagnatrices ont dû fermer des permanences. Ainsi, les 6,7 millions de coupes budgétaires déclarées conduisent ces associations à accompagner 6 258 personnes de moins qu'en 2024, soit 53 femmes et enfants en moins par association en moyenne, chiffre l'enquête.

La ruralité particulièrement touchée

Les premières victimes de ces difficultés financières sont les femmes qui vivent en milieu rural, pourtant particulièrement concernées par la problématique des féminicides : 72% des associations accompagnatrices en milieu rural déclarent fermer des permanences, contre 60% en zones urbaines. "Il est à prévoir un réel impact pour les femmes particulièrement en milieu rural et sur les actions de prévention si rien n'est fait pour corriger ces baisses, ainsi que sur les équipes des associations, déjà épuisées", insiste la Fondation des Femmes.

Parmi les autres causes de cette situation critique, la Fondation des femmes pointe du doigt l'augmentation de charges sans compensation dans le montant des subventions. Les conseils départementaux sont jugés "les premiers responsables, avec 38% d'associations qui subissent des coupes de leur part".

Mais la responsabilité de l'Etat est aussi mise en avant, puisque 26% des associations témoignent de subventions en baisse de la part du ministère chargé des Droits des femmes. En 2025, le budget du ministère stagne, "alors même que les besoins d'accompagnement continuent d'augmenter, ce qui a probablement donné lieu à un redéploiement de fonds impactant négativement les structures répondantes", tente d'analyser la Fondation. Enfin, 31% des associations pointent le rôle des communes et 25%, celui des conseils régionaux et des intercommunalités.

"Cette situation aboutit à un saupoudrage de financements, vers de nouveaux projets financés au détriment de plus anciens, ou des projets financés très temporairement et des fonds redéployés par la suite ou des baisses généralisées". Le tout "sans réflexion apparente sur l'impact de ce mode de fonctionnement sur les femmes victimes de violences", déplore l'ONG.


Si vous êtes victime de violences conjugales, ou si vous êtes inquiet pour une membre de votre entourage, il existe un service d'écoute anonyme, le 3919, joignable gratuitement 24h/24 et 7 jours sur 7. Il est aussi possible d'envoyer un signalement sur une messagerie instantanée . D'autres informations sont également disponibles sur le site Service-public.fr .

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