Suicide de Yanis : quand l'agresseur est libéré, les victimes de violences sexuelles doivent le savoir, plaide la Ciivise

Yanis, un adolescent de 17 ans, s'est suicidé le 30 mars, laissant un courrier qui mettait en avant "la remise en liberté" d'un voisin qui l'avait agressé sexuellement à partir de ses douze ans.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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La famille de Yanis à Thyez (Haute-Savoie), en avril 2025. (MARIE GRECO / FRANCE TELEVISIONS)
La famille de Yanis à Thyez (Haute-Savoie), en avril 2025. (MARIE GRECO / FRANCE TELEVISIONS)

Après le récent suicide d'un adolescent victime de violences sexuelles, la Ciivise a demandé, vendredi 18 avril, que les victimes soient "systématiquement et obligatoirement" informées de la remise en liberté de leur agresseur, qui peut réactiver le traumatisme.

Yanis, adolescent de 17 ans, a mis fin à ses jours le 30 mars, laissant un courrier qui mettait en avant "la remise en liberté" d'un voisin qui l'avait agressé sexuellement à partir de ses douze ans. "Le suicide de Yanis est un drame qui signe l'échec d'un système à protéger les victimes de violences sexuelles et illustre l'impact des décisions judiciaires sur les victimes", a dénoncé la Commission indépendante sur l'inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Civiise), dans un communiqué.

Déjà condamné pour des faits similaires, l'homme avait été écopé, en octobre 2023, d'une peine de cinq ans de prison ferme pour l'agression de Yanis. Il a été remis en liberté début février, selon plusieurs médias. "Pourquoi, quand nous avons emménagé, personne ne nous a informés que nous nous installions en face d’un pédocriminel ?", a également interrogé Farid, le père de Yanis, dans les colonnes de France 3 Auvergne-Rhône-Alpes.

"Le ressenti de la victime n'est pas pris en compte" 

Chargée de conseiller le gouvernement sur la lutte contre la pédocriminalité, la Ciivise appelle à "faire évoluer la loi pour rendre obligatoire et systématique l'information des victimes". "Même si de nombreux magistrats informent les victimes de la libération de leur agresseur, ce n'est pas une obligation. C'est à la victime ou à son avocat d'en faire la demande lors de l'audience", relève-t-elle dans son communiqué.

"Le ressenti de la victime n'est pas pris en compte. Quand l'agresseur a purgé sa peine, la victime, elle, continue de vivre à vie avec les effets de son traumatisme", a expliqué à l'AFP Solène Podevin, membre du collège directeur de la Ciivise et présidente de l'association Face à l'inceste.

"Croiser son agresseur réactive son trauma, lui fait revivre l'agression, la façon dont l'entourage a réagi, le procès. La peur, la colère, l'impuissance, la fragilité, tout remonte à la surface. Elle doit se préparer, avant de le rencontrer par hasard", a-t-elle poursuivi, précisant que "50% des victimes d'inceste font une tentative de suicide".

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