Lettre de Gérald Darmanin aux magistrats : le Syndicat de la magistrature dénonce des propositions "extrêmement graves"

Le ministre de la Justice a envoyé une lettre aux magistrats avec des pistes de réforme pour lutter contre la surpopulation carcérale. Une série de mesures dénoncées par le Syndicat de la magistrature.

Article rédigé par franceinfo
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Le ministre de la Justice Gérald Darmanin à l'Elysée, le 7 mai 2025. (LUDOVIC MARIN / AFP)
Le ministre de la Justice Gérald Darmanin à l'Elysée, le 7 mai 2025. (LUDOVIC MARIN / AFP)

Les propositions de Gérald Darmanin "sont extrêmement graves", juge, lundi 12 mai sur franceinfo, Manon Lefebvre, secrétaire nationale du Syndicat de la magistrature. Le ministre de la justice a adressé une lettre aux magistrats, dans laquelle il détaille plusieurs pistes pour durcir la réponse pénale face à la délinquance et à la récidive.

Parmi les mesures envisagées figurent l’instauration de peines minimales pour la délinquance du quotidien ou encore le développement du "plaider coupable" pour certains crimes. Ces annonces interviennent alors que la France fait face à une situation de surpopulation carcérale critique, avec plus de 83 000 détenus pour un peu plus de 60 000 places.

Manon Lefebvre estime que "ce sont des propositions qui vont dans un durcissement majeur. Ça ne changera strictement rien à la situation catastrophique des prisons et pour lutter contre la récidive". Elle met en garde contre l’extension du "plaider coupable" aux affaires criminelles : "C'est méconnaître totalement la complexité des dossiers criminels qui impliquent du temps. Ce sont des dossiers complexes pour lesquels des peines importantes sont encourues. On parle de 20 ans, 30 ans. L'audience est nécessaire. On va dégrader la justice criminelle plutôt que de lui donner des moyens."

"Une pénalisation accrue"

La secrétaire nationale du Syndicat de la magistrature voit également dans les peines minimales "le retour des peines plancher". Selon elle, ces "peines automatiques qui s'appliquaient pour certains prévenus n'ont eu aucun impact sur la récidive et surtout, ça a eu un impact majeur sur la surpopulation carcérale". Elle rappelle que "l’individualisation des peines" reste "un principe fondamental".

Face à la crise carcérale, Gérald Darmanin souhaite privilégier les alternatives à l’incarcération, comme les travaux d’intérêt général ou le port du bracelet électronique, mais refuse la libération anticipée de certains détenus. Pour Manon Lefebvre, le ministre "ne se pose absolument pas la question des raisons qui conduisent à cette surpopulation : une pénalisation accrue".

"On crée plus d'infractions pour lesquelles la prison est encourue. On a un recours massif à l'incarcération, une politique pénale qui est toujours plus répressive. Et surtout, la prison reste au cœur de la réponse pénale", déplore-t-elle. 

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