Les noms de 72 de femmes scientifiques vont être inscrits sur la tour Eiffel, à Paris, pour lutter contre "leur invisibilisation"

Les noms de 72 femmes scientifiques vont être inscrits sur le pourtour du premier étage de la tour Eiffel, annoncent, vendredi 5 septembre, la mairie de Paris et la société qui gère le monument parisien, a appris France Inter. Ces noms rejoignent les noms d'autant de scientifiques hommes, déjà gravés sur la Dame de fer.

C'est "une volonté de lutter contre l’invisibilisation des femmes, de rendre aux femmes scientifiques la place qui est la leur", explique la mairie de Paris. Sur ce sujet, une commission travaille depuis le mois de mai dernier, elle a rendu son rapport vendredi. Ces noms de 72 femmes scientifiques seront gravés en lettres d'or de 60 cm de haut et 5 cm d'épaisseur, dans une typographie identique à celle utilisée pour la frise des savants actuellement sur le monument, comme ça avait été fait en 1889 pour des hommes comme Lavoisier, Monge ou encore Poncelet.

Ces 72 noms "vont représenter la diversité des sciences et des techniques et le génie français", déclare, vendredi 5 septembre, sur franceinfo Jean-François Martins, président de la société d'exploitation de la Tour Eiffel. "Il y a quelques années, on a été saisis par une association "Femmes et Sciences"", rappelle-t-il, sur le fait que la frise du premier étage, selon la volonté de Gustave Eiffel, comportait les noms de 72 grands scientifiques français, mais que "sur ces 72, il n'y avait aucune femme". Dès lors, Jean-François Martins reconnaît que "c'était l'occasion de s'interroger : est ce qu'on peut retoucher à la Tour Eiffel, écrire quelque chose dessus, trouver une place pour les grandes savantes qui méritent aussi d'y être?".

Des noms pour se souvenir et inspirer

La liste des noms de ces femmes scientifiques doit être dévoilée au mois de décembre prochain. Le projet doit être finalisé "à horizon deux ans", d’après Jean-François Martins, président de la société d'exploitation de la tour Eiffel (SETE) qui appartient à la mairie de Paris. Prochaine étape : l'approbation formelle du processus par la mairie de Paris. La commission a décidé de "limiter le choix des noms aux femmes expertes émérites ayant vécu entre 1789 et nos jours, aujourd’hui décédées" et "dont les travaux sont considérés par leurs pairs comme fondateurs et décisifs".

Les femmes qui seront retenues doivent avoir travaillé dans les domaines des sciences et technologies de l'ingénierie et des mathématiques. "Car encore de nos jours, ce sont ces domaines qui sont très peu féminisés. 10% de femmes dans la section physique théorique du CNRS. On a vraiment besoin de convaincre les jeunes femmes qu’elles ont toute leur place dans les sciences et que la science a besoin d’elles", argumente Isabelle Vauglin, vice-présidente de Femmes et Sciences, et astrophysicienne. "Ce geste aura une portée internationale. C’est formidable pour toutes les petites filles qui seront peut-être un jour des femmes scientifiques de demain, je suis ravie, enchantée", ajoute-t-elle.