"Peu importe, parce que c'est de l'amour" : 19% des femmes de 18-29 ans revendiquent une autre identité sexuelle que l'hétérosexualité

Cette progression d'autres identités sexuelles dans une étude de l'Ined étonne peu les jeunes femmes rencontrées à la sortie d'une université parisienne.

Article rédigé par franceinfo - Alexandre Rubin
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Deux femmes en couple. (Illustration).  (FRANCOIS DESTOC / MAXPPP)
Deux femmes en couple. (Illustration).  (FRANCOIS DESTOC / MAXPPP)

L'hétérosexualité séduit de moins en moins les jeunes femmes. Elles sont 19% des 18-29 ans à revendiquer une autre identité sexuelle que l'hétérosexualité. Elles étaient 3% à le faire en 2006. C'est ce qui ressort d'une étude publiée, mardi 29 avril, par l'Institut national d'études démographiques (Ined).

Ce chiffre de 19%, c'est même peu pour Shana. Cette étudiante parisienne le constate dans son entourage, avec ses amis, l'hétérosexualité n'est plus la norme. "Au départ, on commence tous hétérosexuels parce qu'on ne connaît pas la vie, etc, selon Shana, qui est bisexuelle. Ça arrive de tomber amoureux et même si ce n'est pas un homme dans mon cas, peu importe, parce que c'est de l'amour, ça ne change pas la chose."

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Elle l'affirme : la parole s'est libérée ces dernières années et c'est ce qui explique cette hausse du nombre de jeunes femmes revendiquant une autre identité sexuelle que l'hétérosexualité. "Il n'y avait pas de mots, explique Shana. On n'avait pas le droit d'en parler, même pas le droit d'y penser... Maintenant, voilà, avec les prides et les réseaux sociaux, ça se développe vraiment de plus en plus. Et peut-être que les sondages sont plus hauts parce que justement, on ose plus prouver notre sexualité."

"Cela enrichit la façon d'aimer"

Mais ça reste parfois encore compliqué de l'annoncer à sa famille. Shana l'a annoncée à ses parents pendant le confinement : "Cela s'était très mal passé avec ma mère, on s'est beaucoup disputé sur ça. Il y a eu beaucoup de pleurs, etc. Mon père n’en avait strictement rien à faire, tant que j'étais heureuse ça lui allait."

"Personnellement je suis bisexuelle, je m'en suis rendu compte au collège, explique Pauline, 24 ans. Je discutais avec des filles sur internet, mais ce n'était pas du tout amoureux ou sexuel. C'était juste des amies. Mais je sentais qu'il y avait un truc en moi qui se réveillait, peut-être de l'attirance. Cela a enrichi la façon d'aimer, les façons de ressentir le désir. Et un langage riche, c'est quand même mieux que pas de mot du tout pour s'exprimer en fait, pour la communication tout ça."

Et même si aujourd'hui une jeune femme sur dix s'identifie comme bisexuelle. Cela n'empêche pas les remarques dégradantes. "On m'a déjà dit que j'étais à moitié malade parce que j'étais bisexuelle et que pour eux c'était moitié aimer les filles, moitié aimer les garçons", raconte Pauline. Entre 2016 et 2023, le nombre d'atteintes anti-LGBT a plus que triplé en France.

Le reportage d'Alexandre Rubin

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