Attaques de prisons : ce que l'on sait du mystérieux groupe Telegram "DDPF", "Défense des droits des prisonniers français"

Une série d'attaques a été menée en France, depuis dimanche, contre des établissements pénitentiaires. Le sigle "DDPF" a été tagué sur plusieurs prisons, et un groupe Telegram a été créé il y a quelques jours.

Article rédigé par David Di Giacomo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
La messagerie Telegram installée sur un téléphone (photo d'illustration). (DYLAN NIEUWLAND / ANP MAG / AFP)
La messagerie Telegram installée sur un téléphone (photo d'illustration). (DYLAN NIEUWLAND / ANP MAG / AFP)

"Nous ne sommes pas des terroristes, nous sommes là pour défendre les droits de l'Homme à l'intérieur des prisons", est-il écrit sur le canal Telegram du groupe "Défense des droits des prisonniers français" (DDPF). Un sigle qui s'est retrouvé tagué, depuis dimanche soir, lors de plusieurs attaques contre des centres pénitentiaires français. Une série d'actes qualifiée de "terroriste", mardi 15 avril, par le ministre de la Justice, Gérald Darmanin.

Le groupe DDPF, inconnu des services de renseignement français, a été créé il y a quelques jours sur la messagerie chiffrée. Les policiers de l'antiterrorisme sont chargés de l'enquête et s'intéressent de près à ce groupe. À ce stade, les enquêteurs ne savent pas qui se cachent derrière ce groupe. Il totalise désormais près d'un millier d'abonnés, avec des messages au ton menaçant publiés à partir du samedi 12 avril.

Des messages confus et un photomontage pour dire "non au projet Darmanin"

Deux slogans sont mis en avant sur un photomontage où l'on voit Gérald Darmanin derrière des barreaux : "justice pour les détenus" et "non au projet Darmanin", en référence à sa volonté de durcir le régime carcéral des narcotrafiquants. Les plus dangereux seront regroupés à partir de cet été dans la future prison de haute sécurité de Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais).

Les messages postés sur ce groupe Telegram sont relativement confus. "Tous les détenus de France doivent se mobiliser et se réveiller", est-il écrit dans le premier message. Le groupe explique qu'il va se déployer dans toute la France. Parmi les revendications affichées : le recours aux fouilles des détenus, jugées "humiliantes", ainsi que la surpopulation carcérale. Au 1er mars, 82 152 personnes étaient détenues dans les prisons françaises, pour un total de 62 539 places, soit un taux d'occupation de 131%.

Des menaces contre les surveillants

Ce groupe est très virulent à l'encontre des surveillants, avec des menaces de mort très claires. Des vidéos ont également été publiées, où l'on peut voir des hommes cagoulés mettre le feu à des voitures d'agents pénitentiaires devant des prisons. "Surveillants, démissionnez tant que vous le pouvez si vous tenez à vos familles et à vos proches", "les démonstrations de force de ces derniers jours ne sont rien", ou encore "sachez que notre mouvement s'étend dans toute la France". Le nom d'un délégué syndical du sud de la France a ainsi été dévoilé, avec le message : "Gérald Darmanin ne va pas te protéger, ni ta femme et tes gosses." 

Le message a été effacé par Telegram, qui semble désormais coopérer avec la justice française. "La publication d'appels à la violence et de menaces est explicitement interdite par les conditions d'utilisation de Telegram. Nos modérateurs ont supprimé tous les messages concernés immédiatement après avoir été alertés et continuent de surveiller la situation", assure la messagerie chiffrée auprès de franceinfo. D'autres messages ont également été supprimés par Telegram, des contenus appelant à la violence contre des surveillants. 

"Nous ne sommes pas des terroristes", écrit le groupe

Le groupe DDPF l'assure : "Sachez que nous ne sommes pas des terroristes, nous sommes là pour défendre les droits de l'homme à l'intérieur des prisons". Ses membres dénoncent notamment les fouilles humiliantes des surveillants. On peut lire aussi : "Pourquoi se servir de Mohamed Amra pour faire du mal aux 82 000 autres détenus ?" Mais alors qui se cache derrière ce groupe ? Il est impossible pour l'instant de répondre à cette question.

Les enquêteurs se montrent très prudents et vont devoir collaborer avec Telegram pour remonter jusqu'aux auteurs de ces messages. La police judiciaire cherche aussi bien sûr à identifier les auteurs des attaques commises depuis dimanche soir.

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