"Ô Allah, préserve la France" : cette invocation doit désormais conclure la prière du vendredi dans les mosquées liées à la Grande Mosquée de Paris

L’initiative ne passe pas inaperçue à l'heure où la tension est maximale entre Paris et Alger : Chems-Eddine Hafiz, le recteur de la Grande Mosquée de Paris, historiquement liée à l'Algérie, demande désormais à ses imams de célébrer l’attachement des musulmans de France au principe de laïcité.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Le recteur de la grande mosquée de Paris, Chems-eddine Hafiz, pose le 16 janvier 2020. (BERTRAND GUAY / AFP)
Le recteur de la grande mosquée de Paris, Chems-eddine Hafiz, pose le 16 janvier 2020. (BERTRAND GUAY / AFP)

Les 150 imams qui dépendent de la Grande Mosquée de Paris (GMP) sont priés depuis le 10 janvier de clore la prière du vendredi par ces mots : "Oh Allah, préserve la France, son peuple et les institutions de la République. Fais de la France un pays prospère, sûr et paisible, où la communauté nationale, dans sa diversité, ses différentes religions, ses convictions et ses croyances, cohabitent dans la sécurité et la paix". 

Le recteur de la GMP explique ainsi sa démarche : "Nous entamons l’année 2025 qui va consacrer les 120 ans de la loi du 9 décembre 1905 sur la séparation de l’État et de l’Église et les musulmans sont très attachés à cette laïcité qui a permis à l’islam d’être sur un pied d’égalité avec les autres religions de France". 

"Rester fidèle à ses valeurs"

Et l’initiative est plutôt bien accueillie par les fidèles à la sortie de la Grande Mosquée de Paris ."C’est un message de paix, adhère cette femme, on incite toutes les communautés à véhiculer ce genre de message. C’est très important". "N’oublions pas que c’est grâce à la France qu’on est là, ajoute une autre. Français, Algériens, on s’entend très bien. Il y a de l’amitié, plein de choses. Il ne faut pas qu’ils nous séparent. Ce n’est pas bon".

Le recteur entend ainsi réaffirmer l'appartenance des musulmans à la communauté nationale. Une initiative qui prend évidemment tout son sens après  l’"aggravation" des tensions entre Paris et Alger depuis que l’Algérie a refusé que l’un des six influenceurs algériens, dont les propos haineux ont été signalés aux autorités françaises, soit renvoyé sur son sol. "Il n’est pas question pour nous de soutenir d’une manière ou d’une autre des appels à la violence, insiste Chems-Eddine Hafiz. L’islam rejette toute violence quelle qu’elle soit et contre toute personne humaine".

"Les milieux de l’influence, ce sont juste des personnes à part, qui pensent ce qu’ils pensent et qui s’influencent entre elles mais je pense que le plus important, c’est de rester fidèle à ses valeurs", lance une fidèle. "Pour deux abrutis, vous n’allez pas condamner tout le reste, s’insurge une autre femme. On n’est pas comme ça !"

Le recteur exprime une certaine inquiétude : "La Grande Mosquée de Paris n’est pas une mosquée algérienne, c’est une mosquée française qui accueille tous les fidèles de quelque nationalité qu’ils soient. Je me suis exprimé lorsqu’on a fait l’amalgame entre immigration et islam. Je crois qu’on continue à faire des raccourcis extrêmement dangereux pour tenter de salir encore une fois l’islam et les musulmans de France".

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