"Nuit de la solidarité" : "On n'avait jamais pris autant de temps pour interroger les SDF sur leurs situations"
Près de 1 700 bénévoles et 300 professionnels ont quadrillé les rues de Paris dans la nuit de jeudi à vendredi. Une opération organisée par la mairie de Paris pour compter les sans-abris de la capitale. Franceinfo a interrogé Eric Pliez, président du Samu social de Paris.
De 22 heures à 1 heure du matin, questionnaires en main, des fonctionnaires de la ville, personnels associatifs et simples citoyens ont participé à une opération inédite de décompte de sans-abris dans la nuit de jeudi à vendredi. Objectif de cette initiative – déjà lancée à New-York, Montréal, Bruxelles ou Athènes – inédite en France : "Mesurer le nombre de personnes à la rue et améliorer notre connaissance de leurs profils et de leurs besoins pour adapter les réponses proposées", explique sur son site la mairie de Paris. Les bénévoles et professionnels, armés de questionnaires non-obligatoires et anonymes, auront pour mission de recenser le nombre de personnes sans-abris, et essayer de retracer précisément leurs situations. Les premières estimations seront révélées mercredi.
Eric Pliez, président du Samu social Paris et directeur général de l'association Aurore, a participé à l'opération. Il revient sur la méthode utilisée par les recenseurs.
Quel est l'intérêt d'une telle opération, avec cette nouvelle méthode de comptage ?
Franceinfo : En France, notre connaissance du nombre de sans-abris reste parcellaire car on n'a jamais mesuré précisément, avec une méthode scientifique, le nombre de personnes à la rue. Les seuls chiffres à notre disposition jusqu'à présent sont ceux transmis par les maraudes. Des relevés qui ont pu être influencés dans la mesure où, par essence, les sans-abris sont mobiles.
Avec la méthode utilisée jeudi soir, on bénéficie d'un quadrillage précis. En plus, on n'avait jamais pris autant de temps pour interroger les SDF sur leurs situations, ce qui les a conduits là... Grâce à ces relevés, on va pouvoir adapter des solutions aux situations particulières. Un homme qui est à la rue depuis 25 ans, on ne l'accompagne pas de la même manière qu'une femme battue qui a quitté son domicile trois jours avant. Là-dessus, je suis assez séduit par cette opération.
Quelles difficultés avez-vous rencontré au cours de cette "Nuit de la solidarité" ?
J'ai quadrillé la gare de Lyon avec quelqu'un qui connaît parfaitement une bonne partie des personnes présentes à cet endroit. Ce qui était particulièrement difficile c'était de poser des questions à des gens qui sont, pour certains, à moitié endormis ou qui ne vont pas bien...
C'est l'un des seuls écueils de cette opération : on va avoir des chiffres et une vision des situations mais on n'aura peut-être pas toutes les réponses qu'on avait prévues dans les questionnaires. Peut-être parce qu'on arrive tard dans la soirée et que les gens ne sont pas dans le meilleur état pour répondre. En tout cas, c'est là que c'est un peu délicat.
Comment pouvez-vous l'améliorer ?
La Fondation Bloomberg, qui l'a lancée à New-York, précise bien que ce n'est pas la première année qu'on a les chiffres les plus corrects. Je pense qu'on a lancé une dynamique qui sera à parfaire au fil du temps. Et puis l'autre avantage de cette méthode, c'est qu'on avait quand même à disposition plus de 1 700 bénévoles qui circulaient avec les professionnels : c'est une bonne façon de mieux agir ensemble demain.
Ce type d'exercice doit être renouvelé régulièrement et je pense qu'on doit aussi s'interroger sur comment les maraudes professionnelles peuvent améliorer leur système de recensement quotidien des personnes à la rue.
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