Témoignages "Les temps changent" : les Tanguy, ces jeunes qui habitent toujours chez leurs parents, une génération surtout urbaine partagée entre choix et nécessité

Les jeunes de 26 ans ou plus toujours chez leurs parents sont essentiellement en ville. Pour certains, rester chez ses parents est un choix assumé, tandis que d’autres, y voient un retour contraint et une liberté limitée.

Article rédigé par franceinfo
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Les Tanguy, des jeunes de 26 ans ou plus toujours chez leurs parents, sont essentiellement en ville. (FABIAN SOMMER / DPA / VIA AFP)
Les Tanguy, des jeunes de 26 ans ou plus toujours chez leurs parents, sont essentiellement en ville. (FABIAN SOMMER / DPA / VIA AFP)

On les appelle les Tanguy, ces adultes qui ne quittent pas le domicile familial, un surnom qui vient du du film éponyme. L'Insee démontre dans une étude publiée jeudi 4 septembre que les jeunes ayant grandi en zone rurale quittent le domicile des parents beaucoup plus tôt que les jeunes urbains. Un chiffre illustre cette différence : la moitié des jeunes des communes rurales a quitté le foyer parental avant 19 ans, contre seulement 16% de ceux ayant grandi en ville.

Quant aux fameux Tanguy, des jeunes de 26 ans ou plus toujours chez leurs parents, ils sont essentiellement en ville. Un quart d'entre eux ne font pas d'études et ne travaillent pas. "Voici la chambre des deux grands gaillards", présente Glen, 28 ans, qui vit avec son grand frère dans sa chambre d'adolescent à Ivry-sur-Seine dans le Val-de-Marne. La chambre est petite, mais confortable, avec la console de jeux allumée "obligatoirement", souligne Glen. Pour le jeune homme, vivre chez sa mère est un choix réfléchi : "Ce n'est pas quelque chose qui est fait parce que je n'ai pas d'autre choix. C'est plutôt parce que je préfère avoir les bases avant de pouvoir partir."

Glen ne ressemble pas du tout à l'image qu'on pourrait se faire du Tanguy. Il se sent bien ici et dans son quartier, il est loin d'être le seul. "Je sais que pour la génération qui était avant moi, le fait d'habiter chez ses parents, c'était vu un peu comme la honte. Les temps changent. Dehors aussi, ça devient de plus en plus compliqué. Les conditions ne sont plus tout à fait les mêmes qu'auparavant. En tout cas, de ma connaissance des personnes que je connais, il y en a encore pas mal qui habitent chez leurs parents, donc ce n'est pas quelque chose qui m'est inconnu ou qui pose problème. "

Un choix contraint

À plusieurs dizaines de kilomètres, dans les Hauts-de-Seine, Lorie, bientôt 29 ans, à une autre vision des choses. "Des gens dans ma situation et moi, on a le droit plusieurs fois à des petites remarques comme : 'Ah bon, tu vas encore chez tes parents ?' Comme si c'était vraiment quelque chose de négatif et comme si on n'avait pas passé un certain cap." Lorie travaille et a déjà quitté le domicile parental, un an, avant d'y revenir pour des raisons financières. "On se retrouve entre adultes, donc de presque 30 ans et de 50-60 ans qui ne sont pas d'accord sur les règles, et ce sont les parents qui gagnent puisque c'est chez eux."

Elle préfère largement vivre seule chez ses parents. Elle se sent beaucoup moins libre et se pose des questions. "Pourquoi est-ce qu'on a un droit de regard sur l'heure à laquelle je rentre ou si je rentre trop tard trois fois dans la semaine ? On a l'impression qu'on a un peu dans la vie adulte, mais pas totalement." Comme Lorie, 37% des jeunes restés chez leurs parents en zone urbaine dense sont titulaires d'un diplôme de niveau Bac+3 ou plus.

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