Transparence des salaires : ces entreprises françaises qui l'appliquent déjà
En France, les salaires sont un sujet crucial mais encore tabou en entreprise. Demander combien gagne son collègue est une question qui peut être mal perçue. Pourtant, une directive européenne va imposer plus de transparence d'ici juin prochain. Des entreprises appliquent déjà ce fonctionnement.
Ce texte correspond à une partie de la retranscription du reportage ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.
Dans cette startup, tout le monde sait qui gagne combien. Il y a Julie, responsable de communication, 38 500 euros brut par an. Et juste derrière, Benoît, développeur logiciel, 84 000 euros. Ici, aucun tabou, tous les salaires sont en ligne. "On a une base de données interne où les rémunérations sont mises à jour à chaque fois que ça change. Et voilà, en deux clics, j'accède à la rémunération de toute l'entreprise. Le fait que ce soit affiché, c'est un truc qui met dans une dynamique où tout est ouvert, tout est accessible et on ne nous cache rien", explique Marion Serano, chargée de relation client chez Smappen.
"Ça efface les tensions"
Cette entreprise toulousaine a mis en place la transparence des salaires dès sa création, en 2018. Et cela a convaincu Guillaume Fixari de postuler en août dernier. "J'ai eu un PDF joint en mail avec, ligne par ligne, le nom, le poste, la rémunération des collaborateurs et leur année d'expérience", indique le désormais responsable en relation client.
Rémunéré 70 000 euros par an, Laurent Leclerc est le cofondateur de cette société d'études de marché. Même les augmentations se font sans secret. Chacune doit être approuvée par trois personnes et, selon lui, tout le monde y gagne. "Ça permet à l'ensemble des salariés vraiment d'avoir un esprit très collectif. En fait, ça efface les tensions. Il n'y a plus de tensions, il n'y a plus de sujets, il n'y a plus de débats", souligne le cofondateur de Smappen.
La transparence des salaires s'invite à la pause déjeuner, quand les employés de plusieurs sociétés se retrouvent, et pour certains, c'est une découverte. "On n'en a pas du tout parlé au sein de l'entreprise", réagit un salarié d'une autre boîte, qui admet que l'argent reste un sujet "plutôt" tabou. "On a notre salaire, on n'en parle pas avec nos collègues de travail", ajoute-t-il. "Et c'est plus compliqué de changer les choses dans un grand groupe que dans une petite boîte type startup, où il y a de très petits effectifs. L'état d'esprit est différent quand même", estime sa voisine de table.
L'obligation de transparence par catégorie d'emploi, c'est pour 2026. Une directive européenne l'impose. Objectif : lutter contre les inégalités. À Lille (Nord), Clinitex, une société de nettoyage a franchi le pas, il y a 10 ans. Parmi ses employés, Cédric Deloddere. "Je gagne 1 500 euros net. Donc, avec un peu d'ancienneté, ça fait 10 ans que je suis là. C'est vrai que tout est transparent, donc on sait pourquoi telle personne gagne autant. Moi, je suis responsable magasinier, j'ai un collègue qui est juste magasinier, on ne peut pas avoir le même salaire", pointe-t-il.
Sept mois pour se préparer
Des entrepôts au bureau. Ici, pas de complexe à donner sa paie. Cette levée du secret, c'est une petite révolution pour Sophie Joan, commerciale dans la même entreprise : "Je viens d'une entreprise où on nous donnait notre bulletin de salaire en main propre dans une enveloppe qui avait une croix dessus et si on l'ouvrait au travail, on se faisait vraiment taper sur les doigts. Donc, c'était vraiment un sujet tabou. On ne devait pas parler salaire du tout entre collaborateurs", explique-t-elle.
Aujourd'hui, selon une étude, seules 4 % des sociétés font preuve de transparence. Car cela prend du temps. Il a fallu 5 ans à Édouard Pick pour tout mettre à plat. Selon ce patron, cela oblige à bien recenser les emplois et établir les grilles de rémunération. "De mettre la transparence, ça va permettre soit d'expliquer, soit de corriger. Donc, il faut quand même une forme de cohérence, d'alignement, de sincérité dans cette politique salariale pour qu'elle soit montrable. Sinon, ce qu'on cache, c'est ce qu'on n'a pas envie de montrer", pointe-t-il.
La directive doit être transposée d'ici juin 2026. Il reste sept mois aux entreprises pour se préparer.
Parmi nos sources :
Sociétés citées dans le reportage
Rapport d'enquête
Liste non exhaustive.
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