Football : le PSG peut-il enrayer sa spirale de blessures ?

De retour sur les terrains, vendredi en L1 contre Strasbourg, le Paris Saint-Germain doit gérer une épidémie de blessures depuis le début de la saison. Son infirmerie commence tout juste à se vider.

Article rédigé par Andréa La Perna
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Joao Neves est soigné sur le terrain lors de PSG-Atalanta en Ligue des champions, le 17 septembre 2025. (FRANCK FIFE / AFP)
Joao Neves est soigné sur le terrain lors de PSG-Atalanta en Ligue des champions, le 17 septembre 2025. (FRANCK FIFE / AFP)

La fenêtre internationale s'est refermée. Le PSG reprend le chemin des terrains, vendredi 17 octobre, avec un choc face à Strasbourg, actuel troisième de Ligue 1 et sensation des deux dernières saisons. Pour rebondir après le match nul à Lille, Luis Enrique ne pourra toujours pas compter sur l'intégralité de son groupe. Même s'il a enregistré plusieurs retours, dont ceux de Désiré Doué et Marquinhos, il devra faire sans Ousmane Dembélé, Joao Neves et Fabian Ruiz, au début d'un cycle de sept matchs en vingt-trois jours jusqu'à la trêve internationale de novembre.

Depuis le début de la saison 2025-2026 (10 matchs), neuf joueurs du Paris Saint-Germain ont manqué au moins une rencontre à cause de blessures musculaires. Le secteur offensif est celui qui en a payé le plus lourd tribut. A titre de comparaison, seuls quatre joueurs (dont un seul titulaire) avaient subi un souci musculaire sur toute la saison passée (Marquinhos, Gonçalo Ramos, Senny Mayulu et Kang-In Lee). "La blessure musculaire est le meilleur reflet de la fatigue. C'est le curseur du dérèglement", relève Fabrice Michel, président de l'association des Médecins des clubs professionnels de football (AMCPF).

"Pas de recette miracle"

"C’est le football, c’est la compétition, il faut s’adapter à cette situation. Rien d’important, il faut se préparer pour savoir gérer tout ce qu’il se passe sur un terrain. Je ne suis pas préoccupé. C’est le haut niveau", avait tempéré Luis Enrique le 26 septembre, conscient que les 65 matchs joués la saison passée - record du club - et la préparation raccourcie (sept jours à peine) déboucheraient forcément sur l'émergence de pépins physiques.

"Il n'y a pas de recette miracle" pour éviter les blessures, explique Olivier Allain, préparateur physique à Lyon, habitué à travailler avec des sportifs de toutes disciplines. "Un sportif de haut niveau est un blessé en sursis. T'es au maximum, t'es toujours à la limite. C'est la loi du haut niveau", développe celui qui estime que disputer 70 matchs lors d'une même saison sans se blesser demeure possible, mais conditionné à une "bonne préparation" et à la possibilité d'évoluer dans un "effectif de qualité qui puisse tourner".

"Luis Enrique paie les conséquences de la charge de travail induite par les matchs et l'accumulation de compétitions, insiste le médecin Fabrice Michel. Il existe des programmes qui permettent parfois de gagner 20 à 30% de prévention de blessures. Mais les calendriers allant crescendo depuis douze ans sur le sol européen, il y a quand même une dérive et une augmentation du nombre de blessures musculaires."

"Les membres inférieurs sont plus fragiles car plus sollicités avec tous les changements de direction. Ce que demande Luis Enrique, un jeu de mouvement, de pression et contre-pression, c'est exigeant. Il faut être en pleine possession de ses moyens."

Olivier Allain, préparateur physique

à franceinfo: sport

Même si le PSG a réussi à faire tomber le FC Barcelone (2-1) malgré les absences, il n'a remporté qu'un seul de ses trois derniers matchs de Ligue 1 et son fauteuil de leader est menacé par l'OM, Strasbourg et l'OL. Les habituels remplaçants ont vu leur temps de jeu grimper en flèche et des jeunes du centre de formation ont été appelés à la rescousse et jetés dans le grand bain du monde professionnel. Warren Zaïre-Emery a, par exemple, joué les 10 matchs du début de saison et dispose du troisième temps de jeu le plus élevé parmi les joueurs de champ (675 minutes soit 75% du temps de jeu total, contre 54% la saison passée).

"Un mal pour un bien"

La situation peut donner l'impression qu'un nouveau trou se forme à chaque fois qu'un autre vient d'être bouché. "Le problème, c'est que quand vous en mettez à l'infirmerie, les autres jouent plus. Ils font les deux matchs de la semaine et ne peuvent pas récupérer. C'est clair que si le championnat se passe bien et que le PSG peut faire souffler, peut-être que dans trois-quatre semaines, c'est terminé. Mais il peut aussi vivre des matchs compliqués en coupe d'Europe et les blessures peuvent s'enchaîner", explique Fabrice Michel, qui a été médecin de l'AS Monaco ou encore de Sochaux. "Parfois, certains joueurs cachent le fait de travailler avec un préparateur physique personnel parce que c'est mal vu. Cela se voit généralement dans les tests. Mais en général, on essaie d'instaurer un rapport gagnant-gagnant en partageant les données", poursuit-il.

Dans le même temps, la cellule médicale doit gérer la guérison et la prévention du risque de récidive avec les joueurs restés sur le carreau. Ousmane Dembélé a, par exemple, passé une partie de sa convalescence dans la clinique Aspetar au Qatar avec un programme hyper-individualisé. "Chez quelqu'un qui récidive une fois, deux fois, trois fois, c'est exponentiel. Il faut sécuriser les délais. C'est sûr qu'un Dembélé, vous allez prendre plus de précautions", analyse Fabrice Michel. Suivi par les médias du PSG, on voit le néo-Ballon d'or effectuer des tests, puis travailler en salle de musculation aux côtés d'un spécialiste des blessures aux ischio-jambiers et enfin toucher à nouveau le ballon sur la pelouse d'un stade ouvert rien que pour lui. 

Pour le préparateur physique Olivier Allain, se blesser aussi tôt dans la saison peut être "un mal pour un bien" : "C'est comme une petite prépa pour faire en sorte que la suite de la saison se passe de la meilleure des façons, ce que les joueurs du PSG n'ont pas eu le temps de faire cet été. Tu utilises ce temps pour essayer de te régénérer complètement". Cette saison, comme la précédente, le but du club de la capitale est d'être prêt au moment où les choses sérieuses vont commencer, à la fin de l'hiver et au printemps, quand la Ligue des champions entrera dans sa phase à élimination directe.

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