Un témoignage auprès du "Monde" lève le voile sur la vente au Qatar du "Désespéré" de Gustave Courbet

On ignorait jusque-là comment le tableau, actuellement exposé au musée d'Orsay, était devenu propriété du Qatar. Une amie des anciens propriétaires a contacté le journal "Le Monde" pour apporter des précisions.

Article rédigé par franceinfo
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Des visiteurs devant "Le Désespéré", iconique autoportrait de Gustav Courbet exposé au musée d'Orsay dans le cadre d'un prêt, le 13 octobre 2025. (IAN LANGSDON / AFP)
Des visiteurs devant "Le Désespéré", iconique autoportrait de Gustav Courbet exposé au musée d'Orsay dans le cadre d'un prêt, le 13 octobre 2025. (IAN LANGSDON / AFP)

Une partie du voile a été levée sur le célèbre Désespéré de Gustave Courbet. L'iconique tableau est sous la lumière des projecteurs depuis qu'il a été dévoilé au musée d'Orsay, mi-octobre, dans le cadre d'un prêt de cinq ans accordé par son propriétaire, Qatar Museums. A cette occasion, les observateurs avaient découvert que le chef-d'œuvre avait été acquis par l'émirat sans faire l'objet d'une inscription au registre des trésors nationaux, comme l'expliquait franceinfo. Le flou entourait la transaction. Ni le ministère de la Culture, ni le musée d'Orsay, ni l'agence qatarienne n'avaient voulu livrer de détails.

Mais une dénommée Christine Martin-Veillet a finalement contacté le journal Le Monde pour révéler les modalités de cette vente historique. Le tableau a donc été vendu en 2014 pour 50 millions d'euros par une dénommée Monique Cugnier-Cusenier, originaire de Franche-Comté, la terre natale du peintre. L'aïeul de cette femme, propriétaire d'une distillerie, avait été le mécène de Gustave Courbet et le tableau n'avait jamais quitté la famille. "Jusqu'en 1981, je l'ai toujours vu accroché dans leur maison en Haute-Saône", a expliqué l'amie de cette famille, citée par Le Monde, mardi 21 octobre. L'autoportrait a ensuite été placé dans un coffre de la banque BNP, quand le couple Cugnier s'est installé à Paris.

Un potentiel trésor national en garde alternée

En 2014, Monique Cugnier-Cusenier, âgée de 86 ans, a décidé de céder cette pièce d'une extraordinaire valeur patrimoniale. "Elle a toujours cru qu'elle vendait à une Américaine, c'était inscrit dans l'acte notarié, et il était prévu que le tableau reste en France", assure toutefois son amie Christine Martin-Veillet. Il est désormais prévu que l'œuvre soit exposée au Qatar à partir de 2030, puis en alternance avec la France. L'amie de la famille a fait part de son étonnement, d'autant que cette annonce est communiquée peu après la mort de l'ancienne propriétaire, au mois de mars.

Toujours selon les informations du Monde, la présidente de Qatar Museums, Cheikha al-Mayassa, aurait attendu l'été 2024 pour faire savoir au ministère de la Culture qu'elle possédait le tableau, accroché dans un appartement parisien. Le gouvernement français aurait pu inscrire l'œuvre parmi les trésors nationaux, ce qui lui aurait laissé trente mois pour tenter de réunir les fonds en lançant un appel au mécénat – contre un abattement fiscal de 90%. Mais il en a été décidé autrement. Sollicités par franceinfo, le ministère de la Culture et l'agence Qatar Museums n'ont pas encore réagi à ces informations.

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