Suicide de Kristina Rady : "L'enquête reste à faire", estime la co-réalisatrice du documentaire sur Bertrand Cantat

"On pensait que les langues se délieraient mais tout le monde était encore braqué, personne n'a voulu nous parler", rapporte, jeudi sur franceinfo, Karine Dusfour, co-réalisatrice du documentaire sur le chanteur de Noir Désir. Kristina Rady, l'ex-épouse de Bertrand Cantat, s'est suicidée le 10 janvier 2010.

Article rédigé par franceinfo
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Kristina Rady, ex-épouse de Bertrand Cantat, le 22 mars 2004 à Vilnius (Lituanie). (ERIC FEFERBERG / AFP)
Kristina Rady, ex-épouse de Bertrand Cantat, le 22 mars 2004 à Vilnius (Lituanie). (ERIC FEFERBERG / AFP)

L'enquête sur le suicide de Kristina Rady, ex-épouse de Bertrand Cantat, "reste à faire", estime jeudi 31 juillet sur France Inter Karine Dusfour, co-réalisatrice du documentaire sur le chanteur de Noir Désir, condamné pour le meurtre en 2003 de Marie Trintignant. Le parquet de Bordeaux a annoncé la semaine dernière la réouverture d'une enquête "sur d'éventuels faits de violences volontaires" commis par le chanteur avant la mort de Kristina Rady, retrouvée pendue chez elle le 10 janvier 2010. 

Karine Dusfour ne s'attendait pas à ce que son documentaire, diffusé sur Netflix, permette de rouvrir le dossier : "Ça ne nous avait jamais traversé l'esprit. On le faisait pour mettre en lumière la mort de ces deux femmes et analyser les violences conjugales", raconte-t-elle. 
 
Le documentaire apporte des éléments nouveaux sur cette affaire, comme le témoignage d'une personne qui travaillait à l'hôpital et qui a vu le rapport médico-légal relatant les violences subies par Kristina Rady, ou encore le témoignage de la nounou de la famille, qui dit avoir dû quitter précipitamment le domicile des Cantat six mois avant le suicide de Kristina Rady "car l'ambiance était devenue trop délétère, trop dangereuse", rapporte Karine Dusfour. Des éléments qui ont poussé le procureur de la République de Bordeaux à réexaminer le dossier. 

Du chemin à faire sur la lutte contre les violences

"Le suicide de Kristina Rady en 2010 a été totalement passé sous silence", souligne la co-réalisatrice du documentaire. "Revenir 15 ans après sur cet épisode, regarder comment il a été traité, comment les enquêteurs se sont comportés, c'est intéressant. On a fait un travail que la justice n'a pas fait à l'époque", estime-t-elle, soulignant que "l'enquête reste à faire". Pour sa part, elle se dit "prête" à être entendue par la justice. 
 
Pour Karine Dusfour, "c'est une très bonne nouvelle que la justice rouvre cette enquête dans le sens où ça montre aussi que la justice progresse dans la compréhension de ces problématiques". Mais il y a encore du chemin à faire, estime-t-elle, sur la lutte contre les violences conjugales et sur la prise en compte des violences psychologiques. 

"Ce que j'ai appris pendant cette enquête, c'est que la vie d'une femme ne vaut déjà pas grand-chose, mais la vie de deux femmes, ça vaut encore moins."

Karine Dusfour, co-réalisatrice du documentaire sur Bertrand Cantat

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Le cas Cantat est "édifiant", souligne la réalisatrice. Or, "on pensait que les langues se délieraient mais tout le monde était encore braqué, personne n'a voulu nous parler". "C'est toute l'impunité des hommes puissants, idolâtrés qui font qu'encore aujourd'hui, il n'y a pas de carrière brisée", estime Karine Dusfour. Au-delà de ce cas précis, cette dernière appelle l'État "à mettre plus d'argent, les deux milliards d'euros réclamés par les associations, pour vraiment faire baisser le nombre de féminicides". 

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