Crash aérien en Inde : l'interruption de l'alimentation en carburant des moteurs "est un acte volontaire", estime un ancien pilote

Un rapport d'enquête préliminaire du crash indique que l'alimentation en carburant des moteurs de l'avion s'est mise en position "arrêt" juste avant l'impact.

Article rédigé par franceinfo
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Un grand panache de fumée Ahmedabad le 12 juin 2025 après le crash d'un avion de la compagnie Air India (VIJAY PATANI / AFP)
Un grand panache de fumée Ahmedabad le 12 juin 2025 après le crash d'un avion de la compagnie Air India (VIJAY PATANI / AFP)

L'interruption de l'alimentation en carburant des moteurs du Boeing d'Air India qui s'est écrasé peu après le décollage le 12 juin, tuant 260 personnes, "est un acte volontaire", a estimé Gérard Feldzer, ancien pilote de ligne et président d'Aviation sans frontières, sur franceinfo samedi 12 juillet. Un rapport d'enquête préliminaire de ce crash indique que l'alimentation en carburant des moteurs de l'avion s'est mise en position "arrêt" juste avant l'impact.

"Ce n'est pas très difficile" à faire comme manipulation, explique Gérard Feldzer, ce sont deux petits interrupteurs qui sont sous les manettes de gaz dans le cockpit et au milieu puisque les deux pilotes y ont accès". "C'est vraiment un geste volontaire", certifie l'ancien pilote. La panne des deux moteurs est difficile à croire, selon lui, puisque "c'est excessivement rare", la moyenne est d'une "panne moteur pour 350 000 à 400 000 heures de vol, donc avoir les deux" moteurs qui tombent en panne "en même temps, c'est quasiment impossible".

La méthode du "cross-check"

Pour couper l'alimentation des moteurs, il faut que ce soit un "acte volontaire", répète Gérard Feldzer, c'est un "geste qui n'est pas anodin, ce n'est pas un interrupteur que vous basculez" sans faire exprès. "Il y a une petite manipulation à faire : tirer vers le haut, aller vers le bas, etc", explique l'ancien pilote de ligne. "Donc il faut vraiment le faire et c'est d'autant plus inconcevable qu'en matière d'aviation on travaille en équipage, c'est-à-dire que le moindre geste, on demande, on regarde le copilote ou le commandant de bord, et on lui dit : 'Est-ce que tu es d'accord ?' C'est ce qu'on appelle un 'cross-check', c'est permanent, c'est le b.a.-ba de la conduite en équipage. On le fait en simulateur, tout le temps", assure-t-il.

La thèse du suicide ou de l'acte volontaire, en tous les cas, est avérée aujourd'hui

Gérard Feldzer, ancien pilote de ligne

franceinfo

Le rapport, publié par le Bureau indien d'enquête sur les accidents aériens (AAIB), ne tire aucune conclusion et n'attribue aucune responsabilité, mais indique qu'un pilote a demandé à l'autre pourquoi il avait coupé le carburant, le second pilote répondant qu'il ne l'avait pas fait. Moins d'une minute plus tard, l'un des pilotes a transmis le signal de détresse "Mayday, Mayday, Mayday", et l'avion s'est écrasé sur des habitations.

L'avion a commencé à perdre de l'altitude avant même de quitter le périmètre de l'aéroport, selon le rapport. Il transportait 230 passagers - 169 Indiens, 53 Britanniques, sept Portugais et un Canadien - ainsi que 12 membres d'équipage. Au total, 241 personnes qui se trouvaient à bord du Boeing 787-8 Dreamliner d'Air India ont été tuées. Une seule personne a survécu, lorsque l'avion s'est écrasé sur des habitations juste après le décollage dans la ville d'Ahmedabad, dans l'ouest du pays. Les autorités ont également identifié 19 personnes tuées au sol.

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