Recrutement de très jeunes tueurs à gage : l'enquête d'Europol "confirme les tendances qu'on avait commencé à voir en France", souligne un spécialiste de la grande criminalité

Europol a repéré plusieurs dizaines d'adolescents recrutés comme tueurs à gages à travers l'Europe. Un "phénomène européen" qui vient confirmer les tendances déjà observées en France, selon Fabrice Rizzoli.

Article rédigé par franceinfo
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Un pistolet, image d'illutration. (PATRICK LEFEVRE / MAXPPP)
Un pistolet, image d'illutration. (PATRICK LEFEVRE / MAXPPP)

L'enquête d'Europol sur le recrutement de très jeunes tueurs à gage révèle "un phénomène européen" et pas seulement français, note, sur France Inter vendredi 16 mai, le spécialiste de la grande criminalité Fabrice Rizzoli, décrivant "des vagues" d'assassinats en Suède notamment. L'agence européenne de police judiciaire a lancé, ces derniers mois, une vaste opération pour lutter contre le recrutement de tueurs à gage âgés parfois de 12 ou 13 ans par des réseaux criminels. Un phénomène en forte hausse dans l'Union européenne. Les premiers résultats de cette enquête "confirment les tendances qu'on avait commencé à voir en France", souligne Fabrice Rizzoli.

"Je suis surpris, oui et non. Que ce soit à l'échelle de l'Europe, ça donne toujours un peu des frissons. Mais ça ne fait que confirmer les tendances qu'on avait commencé à voir en France", souligne le docteur en sciences politiques de l’université Paris I Panthéon-Sorbonne et fondateur de l’association Crim’HALT, dédiée à la réflexion autour de la criminalité. L'enquête d'Europol "vient corréler les informations qui sortent en France sur un rajeunissement du côté d'un passage à l'acte extrêmement grave, qui est par exemple l'assassinat", selon lui.

Recrutement facilité par les réseaux sociaux

Plusieurs raisons expliquent ce phénomène, notamment un recrutement "extrêmement facilité par les réseaux sociaux, une espèce de marketing très adapté de la part des criminels professionnels, des gangs, qui s'adressent aux jeunes avec un vocabulaire à la fois adapté au jeune âge, notamment sur des plateformes de jeux vidéo, et en même temps, un vocabulaire où on leur confie un travail", explique Fabrice Rizzoli. Pour les criminels, employer des adolescents "est une assurance qu'on remonte moins facilement à eux", estime-t-il, avec toutefois un risque du "côté inexpérimenté des très très jeunes".

Pour le spécialiste, la loi narcotrafic, adoptée définitivement fin avril au Parlement, permettra de participer à la lutte contre ce phénomène. "Il y aura un avant et un après cette loi, parce que rappelons quand même qu'elle vient d'une commission parlementaire historique, un très bel exemple de production de politique publique avec des sachants auditionnés et des députés qui écoutent", estime-t-il. "Mais évidemment, tous les gens qui connaissent le terrain disent qu'il n'y a rien sur la prévention, il n'y a rien sur la réduction des inégalités sociales. Or, il y a quand même une idée que la pauvreté produit un certain crime. Ce crime des jeunes, c'est quand même le fruit de la pauvreté."

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