SDF d'une vingtaine d'années, habitué d'un squat, déjà connu de la justice… Qui est le suspect dans l'affaire des quatre cadavres repêchés dans la Seine ?
Le jeune homme sans abri a été mis en examen, puis incarcéré pour quatre meurtres. L'hypothèse de crimes en série homophobes est étudiée. Les corps des victimes ont été découverts dans le fleuve le 13 août, près de Choisy-le-Roi.
Son profil se précise peu à peu. L'homme mis en examen dimanche 24 août dans l'affaire des quatre cadavres retrouvés dans la Seine à Choisy-le-Roi (Val-de-Marne) a choisi de ne pas répondre aux questions des enquêteurs lors de sa garde à vue. Mais des éléments commencent à émerger au sujet de son parcours et des meurtres qu'il est soupçonné d'avoir commis dans un laps de temps de seize jours.
L'hypothèse de crimes en série homophobes est étudiée par la brigade criminelle de Paris, saisie de l'enquête. Voici ce que l'on sait du principal suspect à ce stade.
Un SDF d'une "vingtaine d'années", dont l'identité reste "incertaine"
Comme le confirme à franceinfo son avocat, Antoine Ory, l'identité de cet homme est encore en cours de vérification. En garde à vue, il s'est présenté comme un Algérien de 24 ans, prénommé "Ahmed", arrivé depuis trois ans en France de manière irrégulière. Il travaillait sur les marchés et dans le BTP. Mais les policiers l'ont identifié comme un certain "Monji H.", un SDF âgé d'une "vingtaine d'années" et originaire de Tunisie, selon des informations recueillies par France Télévisions. Dans sa communication, le parquet de Créteil s'en est tenu à un homme "de type nord-africain et de nationalité non établie", précisant qu'il avait répondu "succinctement aux enquêteurs sur ses éléments de vie".
Il fréquentait le même squat que les deux premières victimes
Les premiers éléments de l'enquête, recueillis grâce à des constatations sur les lieux, l'exploitation de la vidéosurveillance et l'étude de la téléphonie, ont permis d'établir que cet homme était "habituellement présent aux abords du lieu de découverte des corps". Il fréquentait, comme d'autres SDF, un local technique abandonné, sur les berges de la Seine, à Choisy-le-Roi. Un bâtiment en béton, déserté et jonché de déchets, où des matelas, des couvertures et une chaise sont installés.
Selon les autorités judiciaires, les deux premières victimes, dont la disparition avait été signalée fin juillet, étaient également deux personnes sans domicile fixe qui connaissaient le squat et le suspect. Le premier, Abdellah, était âgé de 21 ans et de nationalité algérienne. Son téléphone portable a été découvert parmi les affaires de "Monji H.". Le second, Amir, était âgé de 26 ans et de nationalité tunisienne. Selon les informations de France Télévisions, sa carte bancaire a été utilisée par le suspect après les faits. La cause de leur mort n'a pas encore pu être établie, en raison de l'état très dégradé des corps.
Les enquêteurs de la brigade criminelle étudient l'hypothèse d'un mobile homophobe
La troisième victime, Sami, un homme âgé de 21 ans, également de nationalité algérienne, résidait pour sa part à Choisy-le-Roi. Sa disparition avait été signalée le 7 août. Comment a-t-il croisé la route du suspect ? Les investigations devront le déterminer.
Les abords de l'endroit de la découverte des corps sont connus comme étant un lieu de "cruising", un espace de rencontres entre des hommes gays. Selon le parquet, il est établi que la quatrième victime, Frantz, un Français de 48 ans résidant à Créteil et porté disparu depuis le 11 août, fréquentait ce lieu de rencontres homosexuelles éphémères.
Ainsi, si le parquet n'a pas précisé quelle était l'hypothèse privilégiée quant au mobile des meurtres, il a souligné que l'enquête avait mis en évidence des connexions entre les victimes, le suspect et l'endroit de découverte des corps. "Chacune des victimes dans un temps concomitant à leur disparition" peut être selon lui reliée au suspect. Un mobile homophobe est ainsi étudié. L'autopsie des deux dernières victimes a permis d'identifier des "lésions de violences, évocatrices d'une strangulation".
Un homme déjà connu de la justice et interpellé à deux reprises pour d'autres faits
"Monji H." avait déjà fait parler de lui par le passé, pour des faits mineurs. Toujours selon le parquet, il était connu de la justice pour un vol avec dégradation dans un véhicule, en janvier 2025. Il devait être jugé pour ces faits en septembre. Mais il avait surtout croisé la route des forces de l'ordre tout récemment. Le 5 août, il est en effet contrôlé en possession de documents qui ne sont pas les siens. Il s'avère qu'ils appartiennent à la troisième victime, Sami. La disparition de cet homme n'a, à ce moment-là, pas encore été signalée. La justice laisse donc "Monji H." repartir, avec une convocation judiciaire pour recel. Un quatrième meurtre, celui de Franz, va avoir lieu. Le suspect est de nouveau contrôlé le 13 août par les premiers policiers arrivés sur le lieu de découverte des corps. Il est alors placé dans un centre de rétention, en raison de sa situation irrégulière sur le territoire français. C'est là qu'il a été interpellé, dans le cadre de l'enquête sur les quatre meurtres.
"Il a été placé en détention provisoire, il a contesté les faits et, durant le reste de la garde à vue, il a gardé le silence", a commenté son avocat, Antoine Ory, auprès de France Télévisions. Son client a été mis en examen pour "meurtres en concours", un chef d'accusation qui s'applique aux crimes en série et qui permet des techniques spécifiques d'enquête. Si la piste d'un tueur en série – défini par la commission d'au moins trois meurtres consécutifs – se précise, l'enquête, elle, ne fait que démarrer.
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