Nouveautés de la rentrée scolaire 2025 : éducation à la sexualité, tests de forme physique, mathématiques… Quels sont les changements au programme ?

Article rédigé par Lucie Beaugé
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 11min
Des élèves dans la cour de récréation du collège Pierre de Fermat à Toulouse, le 2 septembre 2024. (ADRIEN NOWAK / HANS LUCAS / AFP)
Des élèves dans la cour de récréation du collège Pierre de Fermat à Toulouse, le 2 septembre 2024. (ADRIEN NOWAK / HANS LUCAS / AFP)

Environ 12 millions d'élèves vont reprendre le chemin des salles de classe lundi 1er septembre. Pour cette nouvelle année scolaire, plusieurs nouveautés sont à prévoir dans les écoles, collèges et lycées. Franceinfo les passe en revue.

La rentrée est l'occasion pour le ministère de l'Education nationale de revoir sa copie. Lundi 1er septembre, environ 12 millions d'élèves et 850 000 professeurs feront leur retour dans les salles de classe. Avec, au programme, une série de mesures engagées ou concrétisées par la ministre Elisabeth Borne. Comme le veut la coutume, elle a tenu, mercredi 27 août, une conférence de presse de rentrée. Franceinfo vous les résume ce qui change, point par point, à quelques jours de la réouverture des portes des écoles, collèges et lycées.

Une éducation à la sexualité pour tous

C'est la nouveauté qui fait le plus parler. Dès septembre, le programme d'éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle (Evars) doit permettre de rendre effectives les trois séances annuelles sur le sujet, obligatoires depuis 2001, mais peu proposées aux élèves dans les faits. Ce programme, publié par le ministère de l'Education nationale en février, prévoit un apprentissage en plusieurs étapes, en fonction de la maturité des élèves, dans l'ensemble des écoles, collèges et lycées, publics comme privés sous contrat. Il évoque la sexualité, le consentement, le rapport aux émotions, ou encore l'identité de genre.

Contestée par une partie de la droite et les milieux conservateurs, dont certaines associations et parents d'élèves ont été jusqu'à saisir le Conseil d'Etat, cette instruction est jugée "indispensable" par Elisabeth Borne et son ministère. Les défenseurs du programme Evars, parmi lesquels l'ensemble des syndicats enseignants, y voient notamment un outil crucial de lutte contre les violences sexistes et sexuelles.

L'accent mis sur les maths et les sciences

En filière générale et technologique, tous les lycéens de première passeront en juin 2026 une épreuve anticipée de mathématiques. Cette matière avait disparu en 2019 du tronc commun, avant qu'un enseignement de maths obligatoire d'1h30 ne soit réintroduit à la rentrée 2023. Le but, selon le ministère de l'Education nationale est de faire en sorte que les élèves maîtrisent "les compétences fondamentales et les automatismes comme la résolution d'une équation, le calcul d'une proportion et d'une probabilité ou encore l'interprétation d'indicateurs statistiques".

Outre le renforcement du niveau général, Elisabeth Borne veut également inciter les filles à se diriger davantage vers les mathématiques et les sciences. D'après le ministère, le décrochage des filles par rapport aux garçons commence dès le CP. Cet écart est l'un des plus forts de l'Union européenne, selon les études internationales. Dès septembre, les professeurs du premier comme du second degré seront donc sensibilisés et formés aux biais de genre, afin de faire en sorte que les filles soient plus souvent interrogées en classe. En quatrième et en troisième, des classes scientifiques à horaires aménagés vont être expérimentées dans sept académies (Amiens, Bordeaux, Créteil, Martinique, Nancy-Metz, Normandie et Poitiers). L'objectif est d'atteindre 50% de filles dans la spécialité mathématiques en terminale en 2030, contre 42% actuellement.

Enfin, pour renforcer les acquis fondamentaux, en maths comme en français, de nouveaux programmes vont être mis en œuvre de la petite section à la sixième, stipule la circulaire de rentrée 2025. "Si la lecture et le calcul demeurent des priorités, l'écriture, compétence essentielle à la réussite de nos élèves, doit faire l'objet de toute notre attention", peut-on y lire. En cinquième, des évaluations nationales seront désormais obligatoires pour tous les élèves. Quant aux groupes de besoins en maths et en français, ils sont maintenus en classe de sixième et de cinquième, mais leur déploiement en quatrième et en troisième a été annulé par la ministre.

Le brevet des collèges et le bac réformés

En juin 2026, le brevet des collèges verra le poids de ses épreuves terminales renforcé, pour représenter 60% de la note globale, contre 50% actuellement. Le contrôle continu, dont le poids sera donc réduit, se basera sur la moyenne des notes obtenues tout au long de l'année de troisième, et non plus sur une évaluation des compétences.

Mercredi, la ministre de l'Education nationale a aussi fait savoir qu'elle souhaitait une réforme du contrôle continu au baccalauréat, afin de refléter "plus fidèlement" le niveau des élèves et "diminuer la pression" liée aux notes. Les équipes pédagogiques pourront dorénavant décider de ne pas prendre en compte certaines évaluations dans les moyennes prises en compte pour le bac et dans les dossiers sur Parcoursup. "Dès cette semaine", les proviseurs seront chargés "d'élaborer un projet d'évaluation précisant clairement quelles évaluations seront prises en compte", et devront l'achever d'ici à la Toussaint, a expliqué Elisabeth Borne. A chaque fin de trimestre, les élèves disposeront de deux bulletins : un premier avec les notes dont le coefficient n'est pas nul, qui comptera pour l'obtention du bac et le dossier Parcoursup ; un deuxième avec l'ensemble des notes, qui permettra d'évaluer les progrès.

Mardi, dans une interview au Parisien, Elisabeth Borne a également annoncé des changements concernant les jurys qui délibèrent après les épreuves du bac. "Un élève qui avait moins de 8 sur 20 pouvait passer le rattrapage grâce à des points attribués par le jury. Ça ne sera plus possible", promet la ministre, qui souhaite aussi "limiter la possibilité des jurys de remonter les moyennes à 50 points". Ainsi, un élève qui "aura moins de 9,5 ne pourra pas avoir le bac" sans passer par le rattrapage.

Le calendrier du bac professionnel sera par ailleurs de nouveau chamboulé cette année. "La prochaine session sera repoussée de 15 jours, avec une dernière épreuve orale fin juin", a fait savoir la ministre. L'année dernière, les épreuves terminales avaient eu lieu mi-mai, conséquence de la réforme de la filière, une organisation que les syndicats avaient perçue comme une "dégradation" de la classe de terminale.

Une formation à l'intelligence artificielle

Dès la rentrée, les collégiens et les lycéens bénéficieront d'une formation en ligne à l'intelligence artificielle. Elisabeth Borne avait annoncé en février que les sessions seraient même obligatoires pour les élèves de 4e et de seconde. Durant sa conférence de presse mercredi, elle a précisé que les élèves en première année de CAP étaient aussi concernés par cette obligation. Mardi, auprès du média Brut, elle a fait savoir que les enseignants seront, eux aussi, formés. Surtout, une intelligence artificielle leur sera proposée pour les aider à "préparer leurs cours".

La pause numérique, sans portables, généralisée

Si le port de l'uniforme poursuit son expérimentation à l'école, la pause numérique, elle, va se généraliser dans tous les collèges. Ce dispositif, qui prévoit que les élèves laissent leur téléphone à la maison ou le confient à la vie scolaire, a été mis en place dans une centaine d'établissements l'année dernière. Selon la circulaire de rentrée, les essais ont été "positifs sur le climat scolaire, la sérénité des élèves et des personnels et la disponibilité des élèves aux apprentissages". Comme elle l'avait déclaré devant les sénateurs en avril, Elisabeth Borne "souhaite que les modalités de mise en œuvre soient laissées à l'appréciation des chefs d'établissement, en lien avec les conseils départementaux". "Ça peut être des casiers ou des pochettes, le coût par établissement peut être nul ou de quelques milliers d'euros", avait énuméré la ministre.

Des tests d'aptitudes physiques en sport

A partir de la rentrée, les élèves en classe de sixième effectueront des tests de forme physique en début d'année, lors des cours d'EPS. Il s'agit là de la généralisation d'une expérimentation menée sur plus de 4 000 élèves en 2024. Ces derniers ont été évalués sur leurs qualités physiques en endurance, force musculaire et vitesse. Sur les trois épreuves, 4% des élèves ont été considérés en difficulté et ayant besoin d'un accompagnement. Seulement 19% des élèves ont été jugés comme ayant une qualité physique satisfaisante. Ces tests sont toutefois perçus comme "inutiles" par le Snep-FSU, syndicat majoritaire des professeurs d'EPS, dans la mesure où leurs conclusions "sont connues depuis très longtemps" par les enseignants.

Une attention portée à l'orientation

Pour améliorer l'orientation des élèves au collège, au lycée et après le bac, un plan "Avenir" va entrer en vigueur dès septembre. De la cinquième à la terminale, tous les élèves suivront un programme d'éducation à l'orientation avec quatre demi-journées dédiées par an. Ils pourront aussi visiter des entreprises ou se rendre dans des salons et forums. Dans le courant de l'automne, 30 000 professeurs principaux de troisième vont par ailleurs bénéficier d'une demi-journée de formation.

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