Guerre dans la bande de Gaza : l'agence Associated Press remet en cause la version israélienne sur la frappe ayant tué cinq journalistes

Dans une dépêche publiée vendredi, AP écrit que les résultats de ses propres investigations "remettent sérieusement en cause" la version de l'armée israélienne.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Les affaires de Mariam Daqqa, l'une des cinq journalistes tuées lors de l'attaque de l'armée israélienne, à Khan Yunis, le 27 août 2025. (DOAA ALBAZ / ANADOLU / AFP)
Les affaires de Mariam Daqqa, l'une des cinq journalistes tuées lors de l'attaque de l'armée israélienne, à Khan Yunis, le 27 août 2025. (DOAA ALBAZ / ANADOLU / AFP)

L'agence de presse américaine Associated Press (AP) a remis en cause, vendredi 5 septembre, les arguments avancés par l'armée israélienne pour justifier des frappes sur un hôpital du sud de la bande de Gaza ayant coûté la vie à cinq journalistes palestiniens, dont une collaboratrice d'AP fin août.

Le 25 août, 22 personnes dont cinq journalistes ont été tués dans des frappes israéliennes sur un bâtiment de l'hôpital Nasser de Khan Younès, selon les autorités de la bande de Gaza. Rendant compte le lendemain d'une "enquête initiale" réalisée par ses soins, l'armée israélienne a affirmé que les frappes avaient été menées afin d'"éliminer [une] menace" après la détection d'"une caméra placée par le Hamas", nom du mouvement islamiste palestinien ayant pris le pouvoir à Gaza en 2007, "pour observer l'activité de [ses] troupes" en vue de les attaquer.

"Un emplacement connu"

Mais dans une dépêche publiée vendredi, AP écrit que les résultats de ses propres investigations "remettent sérieusement en cause" la version de l'armée israélienne. AP rappelle d'emblée que le haut du bâtiment frappé par l'armée israélienne est "un emplacement connu" pour être utilisé par des journalistes, notamment pour y réaliser des flux vidéo en direct. Selon des témoins, l'endroit est "fréquemment" survolé par des drones et cela a notamment été le cas "environ 40 minutes avant l'attaque", ajoute l'article.

L'agence cite un responsable militaire israélien lui ayant déclaré sous le couvert de l'anonymat que l'armée a été amenée à penser qu'une caméra sur le toit de l'hôpital était utilisée par le Hamas parce que celle-ci et son opérateur étaient couverts d'une serviette, ce qui a été jugé "suspect".

En réalité, il s'agissait d'un journaliste collaborant avec l'agence britanno-canadienne Reuters, Hossam al-Masri, qui avait ses habitudes sur le toit de l'hôpital et qui aurait dû aisément être identifié comme tel par le drone l'ayant survolé avant la première frappe, qui va entraîner sa mort, écrit AP, notant n'avoir trouvé aucune preuve d'une autre caméra sur les lieux du drame ce jour-là. L'agence, note également que couvrir sa caméra avec un chiffon ou un tissu dans le but de la protéger des éléments est une pratique largement répandue chez les journalistes reporters d'images. 

Commentaires

Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.