: Reportage "Nous sommes en train de déclencher une révolution culturelle" : rencontre avec Tommy Robinson, visage de l'extrême droite britannique
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L'activiste antimusulman a de nouveau rendez-vous avec la justice du Royaume-Uni, lundi, pour ne pas avoir autorisé l'accès à son téléphone portable lors d'un contrôle des autorités. Le cofondateur de l'English Defence League se targue d’avoir réussi à modifier le débat sur la question migratoire dans son pays.
Au Royaume uni, le visage de l’extrême droite britannique, l’agitateur antimusulman Tommy Robinson, doit de nouveau faire face à la justice lundi 13 octobre. Dans le cadre de la loi antiterroriste britannique, il risque jusqu'à trois mois de prison ferme pour ne pas avoir donné l’accès à son téléphone portable aux autorités lors d’un contrôle. Tommy Robinson a attiré dans les rues de la capitale plus de 150 000 partisans en septembre dernier. Franceinfo l'a rencontré quelques jours avant son face-à-face avec la justice.
Il donne rendez-vous au bar d’un hôtel 3 étoiles, près de Luton, sa ville natale, située au nord de Londres. Et s’il accepte qu’on le rencontre, Tommy Robinson, de son vrai nom Stephen Yaxley-Lennon, ce n’est pas pour répondre aux questions, mais pour faire son show en live, devant son million d’abonnés sur les réseaux sociaux. Deux jours plus tôt, il avait enregistré à son insu un journaliste du Sunday Times et posté la vidéo sur YouTube. Pareil il y a deux semaines avec un reporter de la BBC.
Même discours xénophobe, et même technique : il fait les questions et les réponses. "Vous pensez que toutes les cultures se valent ? Dites-le : est-ce que la culture islamique et la culture chrétienne se valent ? La culture islamique, c’est un trou à rats du tiers-monde. La culture occidentale est, elle, civilisée, bien supérieure. C’est la meilleure culture du monde."
Un lourd passé judiciaire
Cofondateur en 2009 du groupuscule d’extrême droite islamophobe English Defence League, avant de le quitter en 2013, Tommy Robinson assure ne pas avoir d’ambition politique, mais il se targue d’avoir réussi à modifier le débat en Grande-Bretagne sur la question migratoire. "Nous sommes en train de déclencher une révolution culturelle, car si nous pouvons changer la culture du Royaume-Uni, nous changerons la politique du Royaume-Uni, assure-t-il. Et avec succès."
"Au cours des 24 derniers mois, nous avons complètement modifié le débat. Notre pays est violé par des personnes invitées par notre gouvernement et hébergées et payées par nous, les contribuables."
Tommy Robinson, activiste d'extrême droiteà franceinfo
Il dit soutenir le parti Advance UK, créé l'été dernier, qui se positionne comme plus radical que le parti du leader populiste Nigel Farage, Reform UK, mais refuse cette étiquette d’agitateur d’ultradroite : "Qu’est-ce qui vous fait dire que je suis d’extrême droite ? Allez, dites-moi ! Parce que si quelqu'un doit être agacé ici, c’est moi, répond-il. Vous n’avez aucune preuve. Je n'ai jamais appelé à la violence. Tout ce que vous voyez, c'est moi qui me défends. Vous ne me verrez pas attaquer avec agressivité des gens, des innocents. Vous me verrez me défendre ou défendre les autres."
L’activiste a pourtant à son actif un lourd passé judiciaire : condamnation pour agression d’un policier, hooliganisme, harcèlement et menace de journalistes, fraude, trouble à l’ordre public. Il a écopé en 2024 de 18 mois de prison ferme pour avoir réitéré des propos diffamatoires.
Des millions d'euros de dons récoltés
"Comme d’autres, Tommy Robinson rejette le terme d'extrême droite. Tactiquement, il sait qu'il doit prendre ses distances, car cela le marginalise", analyse Joe Mulhall, directeur de recherche de l’ONG Hope not Hate, qui enquête sur lui depuis 15 ans. "Sa popularité est très préoccupante. Nous avons toujours compris que c'était un personnage extrêmement dangereux, un voyou raciste d'extrême droite qui a des antécédents de violence, poursuit-il. Tommy Robinson est un menteur."
"C'est un escroc. Et je pense que nous avons très bien réussi à révéler l'écart entre ce qu'il prétend être et ce qu'il est réellement, une espèce de spin doctor d'extrême droite."
Joe Mulhall, directeur de recherche de l'ONG Hope not Hateà franceinfo
Tommy Robinson aime faire savoir qu’Elon Musk lui a payé ses frais d’avocats. Selon l'ONG Hope not Hate, il aurait emmagasiné plusieurs millions d’euros de dons ces dernières années.
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