Gouvernement de Sébastien Lecornu : pourquoi la nomination des ministres devrait se faire attendre
Le nouveau Premier ministre doit consulter plusieurs forces politiques avant de former son équipe gouvernementale, attendue au tournant pour doter la France d'un budget 2026.
A peine vingt-quatre heures après le renversement du gouvernement de François Bayrou, un nouveau Premier ministre est arrivé à Matignon. Au terme d'un court suspense, Sébastien Lecornu, 39 ans, ministre des Armées depuis 2022, a été choisi mardi 9 septembre par Emmanuel Macron, qui voit en lui un "homme de négociations", avec "le sens de l'Etat".
Pour l'instant, l'ancien ministre des Armées compose avec les ministres sortants, dits "démissionnaires", qui restent en place jusqu'à la nomination de leurs remplaçants. Et ce processus devrait prendre davantage de temps qu'il n'en a fallu au président de la République pour trouver un successeur au patron du MoDem.
Emmanuel Macron a confié une tâche préalable à celui qui lui est fidèle depuis 2017 : "consulter les forces politiques représentées au Parlement en vue d'adopter un budget pour la nation et bâtir les accords indispensables aux décisions des prochains mois", rapporte le communiqué de l'Elysée annonçant la nomination de Sébastien Lecornu à sa nouvelle fonction. C'est seulement "à la suite de ces discussions" que le nouveau Premier ministre pourra "proposer" un gouvernement.
Le chantier d'une "plateforme de gouvernement"
Concrètement, ces consultations vont se passer en deux temps. D'abord, Sébastien Lecornu va recevoir les forces politiques du "socle commun", composé de Renaissance, du MoDem, d'Horizons et des Républicains. Ces entrevues devaient débuter mercredi, en début d'après-midi, après la passation de pouvoir avec François Bayrou. Le Premier ministre devait s'entretenir avec Gabriel Attal (Renaissance) à 14h30, puis avec les cadres des Républicains à 15h30, et Horizons, le parti d'Edouard Philippe, à 17 heures. Il rendra également visite à Yaël Braun-Pivet, présidente de l'Assemblée nationale, jeudi matin à 9 heures, à l'hôtel de Lassay.
En clair, Sébastien Lecornu doit "animer le 'socle commun'" et "élaborer avec eux une plateforme de gouvernement", selon l'entourage d'Emmanuel Macron. Ce qui "n'a pas été fait, ni par Michel Barnier, ni par François Bayrou", selon cette même source. Auprès de franceinfo, l'Elysée ne fait cependant pas précisément savoir de quoi il s'agit : "Le président de la République ne préempte pas la forme."
C'est ensuite que ce "manœuvrier", dixit un cadre du MoDem, devra "dialoguer avec les autres forces" politiques, toujours selon un proche du chef de l'Etat. Il faut donc pour cela que cette fameuse "plateforme de gouvernement" trouve un débouché.
Les échanges avec les autres forces politiques seront peut-être plus clairs, alors que le Premier ministre a l'ambition d'être "plus sérieux dans la manière de travailler avec nos oppositions", comme il l'a affirmé lors de la passation de pouvoir, mercredi. Aucune surprise du côté de La France insoumise, qui a annoncé le dépôt d'une motion de censure dès que possible. Idem au Rassemblement national (RN), dont aucun responsable ne devrait logiquement entrer au gouvernement. Le parti à la flamme plaide uniquement pour un retour aux urnes, par une dissolution ou une démission d'Emmanuel Macron avant le terme de son second mandat.
La présentation du budget comme date butoir
Au Parti socialiste et chez Les Ecologistes, les premières réactions ont été véhémentes. Les deux partis menacent Sébastien Lecornu d'une censure s'il ne "rompt" pas radicalement avec la politique menée depuis huit ans, selon Olivier Faure. Pour le premier secrétaire du PS, invité mercredi matin de franceinfo, la participation de socialistes au nouveau gouvernement est impossible, mais il n'y aura cependant pas de censure d'emblée au sein de son parti, ce qui laisse une petite marge de manœuvre pour les discussions qui pourraient avoir lieu dans les prochains jours et les prochaines semaines. "Olivier Faure a été appelé par Sébastien Lecornu [mercredi] matin. Il reçoit le socle commun d'abord, on n'a pas de rendez-vous fixé à ce stade", confiait en milieu de journée un pilier du PS.
En attendant, les ministres du gouvernement Bayrou restent en place et sont chargés des affaires courantes. Certains d'entre eux sont mobilisés en raison de dossiers brûlants, comme Bruno Retailleau à l'Intérieur, avec le mouvement "Bloquons tout" déclenché mercredi. D'autres ne seraient pas contre l'idée de rester en poste, à l'image de Gérald Darmanin. "Je n'ai pas d'autre envie que de rester au ministère de la Justice", a assuré le garde des Sceaux sortant, sur RTL.
Difficile, en tout cas, de pronostiquer une date de nomination de ce nouveau gouvernement. Le nouveau Premier ministre va "prendre le temps pour construire un gouvernement", résumait mercredi matin sur franceinfo Sylvain Maillard, le député Ensemble pour la République de Paris. La nécessité de présenter un budget au Parlement, à partir de début octobre, oblige toutefois le nouveau gouvernement à être sur le pont avant la fin du mois.
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