"Il devrait être dans la même veine que le précédent" : pourquoi il ne faut pas s'attendre à de grands bouleversements dans le gouvernement Lecornu
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Le Premier ministre travaille d'abord sur un projet lui permettant d'éviter la censure avant de choisir les ministres pour le porter. Ses soutiens s'attendent à ce qu'il recherche plutôt la stabilité.
"Keep calm and carry on." En français, "restez calme et continuez". Le slogan de cette affiche produite par le gouvernement du Royaume-Uni en 1939 au début de la Seconde Guerre mondiale pour motiver les Britanniques pourrait être le mantra de tout conseiller ministériel dans cette période d'attente. "C'est mon huitième remaniement, la troisième fois que je suis en gestion des affaires courantes. Je connais la musique", livre l'un deux, un brin blasé. Et de poursuivre : "Cela ne sert à rien de se prendre la tête quand tu n'as pas les cartes en main".
Celui qui les détient occupe depuis peu le fauteuil laissé vacant par François Bayrou. Sébastien Lecornu entame, jeudi 18 septembre, sa deuxième semaine à Matignon. Le nouveau Premier ministre a décidé de faire "le quoi" avant "le qui", saluent ses partisans. Ce fidèle d'Emmanuel Macron, qui a occupé plusieurs maroquins ministériels depuis 2017, consulte en ce moment les forces politiques et syndicales afin de tenter de construire un projet de gouvernement. Ces grandes orientations devront être validées par ses soutiens au Parlement et ne pas déclencher la censure des socialistes. Et ce avant, donc, de choisir ses futurs ministres. Une période d'attente qui laisse la place aux rumeurs en tout genre sur les entrants et sortants.
"Le débauchage n'apporte rien politiquement"
Une chose semble néanmoins certaine à ce stade : il ne faut pas s'attendre à un bouleversement des équilibres politiques dans le futur gouvernement Lecornu. La base devrait rester le socle commun, cette addition du bloc central – Renaissance, Horizons et le MoDem – et des Républicains, née sous Michel Barnier. Et pour cause : le PS, qui rêvait de décrocher Matignon et poussait la nomination de son patron Olivier Faure, ne sera pas de la partie. Selon les informations de France Télévisions, le premier secrétaire du parti à la rose l'a fait savoir par téléphone à Sébastien Lecornu, qui l'avait appelé au lendemain de sa nomination.
Reste la question des débauchages individuels qui pourraient apporter une coloration plus à gauche au gouvernement. La manœuvre agacerait profondément les dirigeants du PS, glisse l'un d’eux à franceinfo, et ne les mettrait pas dans de bonnes dispositions pour les discussions budgétaires de cet automne. Or, pour réussir, Sébastien Lecornu doit sans doute conclure un pacte de non-censure avec les socialistes. Ce qui n'est pas gagné. "Pour l'instant, nous sommes restés sur notre faim et nous verrons bien ce qu'il a à nous dire dans les prochains jours", a déclaré Olivier Faure, après son entretien avec Sébastien Lecornu en compagnie d'autres dirigeants socialistes, mercredi matin.
"Le Premier ministre n'a aucun intérêt à débaucher ici ou là des socialistes, mais plutôt à leur donner des victoires."
Un parlementaire macronisteà franceinfo
"Le débauchage n'apporte rien politiquement, ceux passés n'ont pas changé la donne, appuie un conseiller ministériel. Le futur gouvernement devrait être dans la même veine que le précédent, même s'il y aura certainement un peu de renouvellement démocratique."
De la stabilité pour éviter le "tourisme ministériel"
Sébastien Lecornu a promis, lors de la passation de pouvoir avec François Bayou, "des ruptures", "pas que sur la forme, et pas que dans la méthode, des ruptures aussi sur le fond". Mais cela ne devrait pas passer par un renouvellement massif au gouvernement. "La rupture ne sera pas dans les femmes et les hommes [qui seront nommés ministres] mais dans le projet. Si l'on dit que l'on est d'accord pour une taxation des hauts patrimoines, cela incarne, par exemple, une forme de rupture, puisqu'on dit le contraire depuis 2017", assure un pilier du bloc central.
"Je plaide pour qu'un certain nombre de ministres actuels soient reconduits. Je veux de la stabilité."
Un pilier du bloc centralà franceinfo
"On a besoin de stabilité", abonde encore un conseiller ministériel, citant pour appuyer son propos les grandes crises qui secouent le monde. Ils sont ainsi nombreux à voir plusieurs poids lourds du gouvernement, comme Gérald Darmanin ou Rachida Dati, rester dans la future équipe de Sébastien Lecornu. Le chef du gouvernement "est plutôt dans l'idée de réduire la voilure et d'éviter les changements de poste, pour que ceux qui restent soient opérationnels et que l'on évite le 'tourisme ministériel'", confie un cadre de la macronie.
Certains parient notamment sur un maintien de Jean-Noël Barrot au ministère des Affaires étrangères, lui qui a la confiance du président. "On travaille bien ensemble, notamment dans une période d'instabilité et de crises internationales assez inédites", fait valoir une proche de l'intéressé. Ce pilier du MoDem accompagnera Emmanuel Macron à New York pour la reconnaissance par la France d'un Etat palestinien, le 22 septembre, lors de l'Assemblée générale de l'ONU. Le patron du Quai d'Orsay y restera du dimanche au jeudi, selon son entourage.
Pour les LR, un besoin "d'exposition gouvernementale"
Les Républicains, emmenés par leur chef Bruno Retailleau, attendent eux officiellement la copie finale du Premier ministre pour se prononcer sur leur participation. Le ministre de l'Intérieur démissionnaire a ainsi prévenu mercredi sur BFMTV qu'il ne resterait "pas automatiquement" à Beauvau si "on s'embourbe dans la magouille politique". Mais, dans les faits, il est peu probable que son parti claque la porte. "Les Républicains ont envie de continuer de bénéficier de l'exposition gouvernementale, assure un cadre de Renaissance à France Télévisions. Ils ne feront pas le pari de l'instabilité".
"Je ne vois pas Sébastien Lecornu prendre des options qui seraient antinomiques à ce que souhaite LR", appuie un proche de Bruno Retailleau, alors que le nouveau locataire de Matignon a fait ses armes à l'UMP.
"S'il y a un accord sur le fond, je ne vois pas pourquoi LR ne serait pas au gouvernement, et si LR est au gouvernement, je ne vois pas pourquoi Bruno Retailleau ne resterait pas à l'Intérieur."
Un proche de Bruno Retailleauà franceinfo
C'est à Bercy que les choses pourraient le plus évoluer, puisque Éric Lombard, ministre de l'Economie et des Finances démissionnaire, et Amélie de Montchalin, ministre des Comptes publics démissionnaire, ont porté les propositions de François Bayrou pour le budget 2026, et restent associés à certaines mesures impopulaires déjà abandonnées par son successeur. "Il y a un sujet vis-à-vis de l'Assemblée nationale", souligne un cadre de la macronie, car c'est sur ces questions budgétaires que le patron du MoDem a sollicité la confiance des députés, et ne l'a pas obtenue. Dans cette optique, "ce n'est pas idiot de renouveler à Bercy".
Pour apporter du sang neuf, Sébastien Lecornu pourrait puiser dans le vivier des parlementaires du socle commun, qui a déjà alimenté les précédents gouvernements. Certains ont déjà été sollicités par Matignon, à l'image du sénateur macroniste Xavier Iacovelli, sur les questions liées à l'enfance et la famille, dont il est spécialiste. Mais de l'avis de beaucoup, les tractations n'ont pas encore vraiment commencé. Sébastien Lecornu ne se fixe pas de date butoir pour former le gouvernement, selon les informations de franceinfo. "C'est au Premier ministre de faire des propositions", fait de son côté savoir l'entourage du président de la République. Le Premier ministre doit néanmoins aboutir avant début octobre, date du début de la session ordinaire au Parlement.
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