Vidéo "Très sympathique", francophone… "Complément d'enquête" a remonté la piste d'un agent de la désinformation russe… qui a même travaillé pour France Télévisions

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Article rédigé par France 2
France Télévisions

Pour le site du média RRN, il interviewait des personnalités, notamment françaises, dont les propos étaient ensuite détournés pour servir la propagande du Kremlin. "Complément d'enquête" a pu identifier l'un des visages de la désinformation russe en Europe.

Baptisé RRN, pour "Reliable Recent News" (en français "Les dernières informations fiables"), ce site est au cœur d'un vaste réseau de désinformation lié à une agence de communication au service des intérêts du Kremlin, la Social Design Agency. Derrière une façade de média classique (articles et vidéos en lien avec l'actualité), RRN mêle "fake news" et éléments de langage du pouvoir russe. 

Sur l'une de ses pages, il donne la parole à un Français présenté comme le fondateur des "gilets jaunes" : Thierry-Paul Valette. En décembre 2023, celui-ci a accordé une interview au site. Dans cet extrait de "Complément d'enquête", il affirme découvrir que ses propos et des extraits vidéo de l'entretien ont été utilisés pour nourrir une tribune de propagande, et se dit "choqué" que son discours ait été ainsi "détourné".

Un ancien "fixeur" pour la télévision française

Pour savoir qui opère concrètement ces manipulations, "Complément d'enquête" a remonté la trace de celui qui a réalisé l'entretien. C'est un jeune Russe du nom de Vadim Chaïka, qui semble bien connaître la France. Une photo de 2018 le montre en compagnie d'une équipe de tournage de TF1. Sur son CV (révélé par le média allemand T-Online), il dit même avoir travaillé pour… France Télévisions.

Ce que va confirmer un journaliste de la maison, Benjamin Delombre. En 2022, pour une série de reportages à Moscou, Vadim Chaïka lui a servi d'intermédiaire et interprète, un travail de "fixeur" dans le jargon journalistique. Il a été surpris d'apprendre que ce jeune homme "a priori très sympathique" avec son côté "un peu décalé" serait "l'un des visages de la désinformation russe en Europe", chargé de réaliser "des interviews d'experts dont il détourne le fond pour servir la propagande russe".

"Le maillon d'une chaîne qui sert à nous affaiblir"

D'après France Télévisions, l'ancien fixeur, qui ne travaille plus pour la rédaction depuis deux ans, n'a en tout cas eu aucune influence éditoriale sur le travail de ses journalistes. Et pendant leur collaboration, a-t-il joué double jeu ? Pour en avoir le cœur net, Benjamin Delombre l'a joint par téléphone, et a enregistré leur conversation. Vadim Chaïka a nié en bloc. Le média T-Online a lui aussi cherché à confronter l'ancien fixeur, sans succès. Contacté par "Complément d'enquête", il n'a pas répondu.

De quelle utilité est ce genre de profil pour la propagande russe ? Pour Benjamin Delombre, "qu'il parle plutôt bien le français, qu'il connaisse la presse française" le rend sans doute précieux et fait de lui, "dans cette guerre hybride que mène aujourd'hui le Kremlin contre l'Occident, le maillon d'une chaîne qui sert à nous affaiblir".

Extrait de "Guerres de propagande : la France en première ligne", à voir dans "Complément d'enquête" le 17 avril 2025.

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