Madagascar, Népal, Philippines... Un vent de révolte contre les inégalités porté par une jeunesse connectée

La plus grande île de l'océan indien est secouée depuis quelques jours par un mouvement de contestation massif qui a poussé le président à limoger l'ensemble de son gouvernement. Le dernier exemple d'une contestation plus large contre les inégalités, à l'initiative de la jeunesse, qui touche plusieurs pays du Sud.

Article rédigé par franceinfo
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  (RIJASOLO / AFP)
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La colère n'a pas de frontières, et c'est encore plus vrai dans un monde connecté et mondialisé. Les dernières semaines ont offert des images similaires de protestation massive de la jeunesse contre le pouvoir en place, dans des pays pourtant éloignés de plusieurs milliers de kilomètres. De Katmandou au Népal à Tananarive à Madagascar, des protestations ont émergé des réseaux sociaux pour envahir les rues et chasser les pouvoirs en place.

La grande île de l'océan indien est secouée par un mouvement de contestation massif depuis mercredi 24 septembre, et notamment derrière ce slogan : "on veut vivre, pas survivre !". Les manifestations ont débuté pour dénoncer les coupures d'eau et d'électricité, récurrentes, mais le mouvement s'est vite élargi à une contestation généralisée du pouvoir, sur cet immense territoire, rongé par la pauvreté, où des milliers de personnes ont répondu à l'appel du mouvement "Gen Z Madagascar", lancé sur les réseaux sociaux. 

La protestation a rapidement dégénéré avec des scènes de pillage et une répression sanglante qui a fait 22 morts selon les Nations unies. Ce chiffre a certes été démenti par les autorités malgaches, mais la pression est telle sur le pouvoir que le président a décidé lundi 29 septembre au soir de renvoyer tout son gouvernement. Une décision radicale pour tenter d'éteindre le feu.

Le manga japonais "One Piece" comme symbole

Cette colère s'inscrit dans un mouvement plus large qui a déjà touché plusieurs pays d'Asie ces derniers mois, avec à chaque fois, des mouvements très puissants portés par la jeunesse. C'est ce qui s'est passé au Népal début septembre, avec un pouvoir balayé par la rue en quelques jours. scénario identique aux Philippines, il y a quelques jours, ou encore en Indonésie, fin août. En remontant un peu plus loin dans le temps, on peut également citer les cas du Bangladesh ou du Sri lanka. Des pays en développement ou la pauvreté reste généralisée, la corruption répandue. Si ces mouvements ont des spécificités, on y trouve un dénominateur commun, à savoir une jeunesse révoltée par les inégalités et par un pouvoir confisqué par des élites vieillissantes et privilégiées.

Au-delà des frontières, ces mouvements sont estampillés "GenZ", pour génération Z, qui regroupe des jeunes nés à la fin des annés 90 ou au debut des années 2000. Une génération connectée, mondialisée, qui se rassemble derrière un symbole venu du manga japonais One Piece. Le drapeau du pirate au chapeau de paille inonde désormais les manifestations. Il a été aperçu dans plusieurs pays, y compris en France lors du mouvement "Bloquons tout". Le hashtag GenZ utilisé d'ailleurs aussi par la jeunesse marocaine ces derniers jours, cette vague n'a sans doute pas fini de déferler.

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