Édito
Incendie social en vue le 10 septembre : le flegme du gouvernement, irresponsable ou coup de génie ?

Le mouvement "Bloquons Tout" appelle à manifester dans tout le pays et les politiques ne s’y trompent pas. À gauche, chacun y va de son commentaire. Le gouvernement, lui, minimise.

Article rédigé par Paul Barcelonne
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Venus d'horizons divers, les appels à "tout bloquer" en France le 10 septembre 2025 se multiplient sur les réseaux sociaux, se cristallisant autour des coupes budgétaires voulues par François Bayrou. (BERTRAND GUAY / AFP)
Venus d'horizons divers, les appels à "tout bloquer" en France le 10 septembre 2025 se multiplient sur les réseaux sociaux, se cristallisant autour des coupes budgétaires voulues par François Bayrou. (BERTRAND GUAY / AFP)

Le 10 septembre est une date cochée, soulignée, surlignée dans l’agenda de tous les responsables politiques du pays. La date fait sourire et saliver d’envie les uns, inquiète ou indiffère les autres. Les appels à tout bloquer se multiplient sur les réseaux sociaux, certains réclament même un confinement du pays, sans que l’on sache aujourd’hui à quoi s’en tenir, ni à quoi va vraiment ressembler cette journée.

Une chose est sûre, la gauche ne veut pas rater le train. Jean-Luc Mélenchon, animé de la volonté de se placer au centre du jeu à gauche pour 2027, est le premier à monter dedans pour ne pas se faire prendre de vitesse, comme au temps des "gilets jaunes". La France Insoumise se met au service et à la disposition de ce mouvement et tant pis pour le procès évident en récupération politique. Officiellement, LFI se retrouve dans tous les mots d’ordre de cette contestation fourre-tout, qui appelle à manifester, à vider son compte en banque ou encore à la démission d’Emmanuel Macron et au rejet du budget de François Bayrou.

Un mouvement indépendant et apartisan ?

L’écologiste Sandrine Rousseau a appelé jeudi 21 août sur franceinfo à ce que le peuple se lève, que la colère dans le pays puisse s’exprimer haut et fort. Pourtant, c’est un mouvement qui semble aussi récupéré par l’extrême droite. Même s’il n’a pas de leader identifié et qu’il s’organise en dehors des partis et des syndicats, il est alimenté par plusieurs figures d’extrême droite sur les réseaux sociaux. Le pari que fait une partie de la gauche, à raison, c’est d’être fidèle à sa vocation : accompagner et soutenir des mouvements de contestation avec l’espoir d’y trouver un relais, un soutien de poids, une forme de légitimité pour mener une action politique, et dans un deuxième temps, la censure de François Bayrou à l’automne.

Le risque, c’est que l’opération échoue et que le mouvement fasse pschitt. D’abord parce que le soutien de Mélenchon peut devenir encombrant, lui mettre une cible dans le dos et le démonétiser. Rappelons que ce mouvement se veut indépendant et apartisan. Ensuite parce que l’idée d’une agrégation des colères, les cheminots, les chauffeurs de taxi…, ne marche pas toujours. D’ailleurs, les syndicats s’en méfient, et se réuniront la semaine prochaine pour décider de ce qu’ils font. Ce côté nébuleux, gazeux, flou, c’est la carte que joue en coulisses le gouvernement qui, officiellement, ne s’inquiète pas, minimise, relativise. Soit c'est complètement irresponsable, soit, par anticipation, un coup de génie. Mais c’est le propre des paris risqués.

Lancez la conversation

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour commenter.