Travail le 1er-Mai : les fleuristes veulent l'autorisation de faire travailler leurs employés "sur la base du volontariat"
"L'ouverture des fleuristes le 1er-Mai, c'est bien dans le respect de la tradition", martèle Farell Legendre, le président de la Fédération française des artisans fleuristes.
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Le 1er-Mai, c'est le traditionnel défilé à l'occasion de la Fête du travail et c'est aussi la traditionnelles polémique autour de l'interdiction de faire travailler ses salariés, car il s'agit du seul jour chômé de l'année civile. Seuls les hôtels et les restaurants ont ce droit, s'ils rémunèrent deux fois plus leurs salariés ce jour-là, plus quelques exceptions très rares, car il faut apporter la preuve du caractère indispensable de l'activité.
Les sénateurs centristes, appuyés par le gouvernement, ont déposé une proposition de loi pour permettre aux établissements déjà autorisés à ouvrir le dimanche de pouvoir le faire le 1er-Mai, visant notamment les boulangers et fleuristes. Farell Legendre, président de la Fédération française des artisans fleuristes plaide justement en ce sens.
Franceinfo : Le 1er mai, on le sait, on s'offre un brin de muguet. Mais les fleuristes n'ont pas le droit de faire travailler du monde pour nous les vendre. Comment s'est passée cette journée pour la profession ? Certains de vos confrères ont-ils tout simplement bravé la loi ?
Bon nombre de mes confrères ont bravé la loi, mais certains sont aussi restés dans un cadre légal et ont ouvert leur commerce sans leurs collaborateurs. Mais la journée n'est pas terminée et on n'a pas encore de statistiques.
Que dites-vous à vos confrères qui ouvrent leur boutique et qui parfois font travailler des salariés même s'ils n'ont pas le droit ? Ont-ils raison ?
Je ne dis pas qu'ils ont raison, je dis qu'ils le font en connaissance de cause et que c'est à chacun de prendre ses responsabilités. Pendant des années, on a décidé de mettre le sujet sous le tapis. Il y avait une forme de tolérance de la part de l'Inspection du travail. Ce n'est plus le cas aujourd'hui et ça a été l'alerte. On ne peut pas continuer à fonctionner comme ça. Les gens doivent prendre des décisions éclairées. C'est le rôle d'une fédération. Contrairement à d'autres, nous, on n'a pas appelé à fermer nos commerces, ça n'a absolument pas été le mot d'ordre, même si pour le coup, ça a pu lever une forme d'incertitude. Les fleuristes étaient ouverts. C'est une tradition, je le répète.
Quand vous dites qu'il y avait une tolérance qu'il n'y a plus, avec davantage de contrôles. Avez-vous des retours en ce sens concernant les fleuristes aujourd'hui ?
A la fédération, nous n'avons pas encore de retour par rapport à des contrôles. On les aura dans les prochains jours parce qu'effectivement ça prend un certain temps. Il faut bien comprendre aussi qu'un contrôle de l'inspection du travail va bouleverser totalement l'activité économique d'une entreprise. Et je tiens quand même à le rappeler, pour nous qui sommes artisans, nos savoir-faire et le savoir-être qu'on représente au quotidien, c'est un supplément d'âme. On ne vend pas que de la prestation, on perpétue et on transmet la tradition et une histoire qui est bien plus grande que nous.
Pourquoi dites-vous que la tolérance est finie ?
Force est de constater que, depuis 2021, il y a eu un renforcement des contrôles. Après, je le répète, l'administration a d'autres moyens de contrôle. C'est-à-dire qu'il n'y a pas forcément besoin d'un contrôle physique pour être passible d'une contravention.
Une proposition de loi a été déposée par plusieurs sénateurs centristes qui souhaitent donner l'autorisation aux commerces déjà ouverts le dimanche, d'ouvrir aussi le 1er-Mai. Vous seriez concerné au même titre que les boulangers. L'espérez-vous ?
Je vais être très clair : cette libre appréciation se base sur le volontariat de nos collaborateurs, on forcera jamais un collaborateur à venir travailler. Après le régime et notre convention collective sont plus favorables que le droit du travail puisqu'au-delà du doublement de salaire, la convention collective prévoit aussi un repos compensatoire. Autrement dit, c'est quasiment pour nos entreprises un triplement du salaire. Cette convention collective est validée à la fois par les partenaires sociaux, les organisations patronales et la Direction générale du travail, donc les choses sont déjà encadrées et strictement encadrées. Là-dessus, il n'y a pas de doute.
"Nous et nos collaborateurs sommes volontaires."
Farell Legendresur franceinfo
En cette période contrainte en matière de pouvoir d'achat, ce gain de pouvoir d'achat est extrêmement important. Il va permettre à des collaborateurs d'avoir un petit plaisir supplémentaire grâce à une journée qui est payée double. Je le répète, on est tous dans le même bateau, on doit tous faire des efforts.
Sauf que les syndicats sont opposés au fait de travailler le 1er-Mai. Sophie Binet, la secrétaire générale de la CGT, disait ce matin sur franceinfo : "On veut encore nous voler un jour férié". Ça veut dire que les salariés, selon elle, n'ont pas vraiment le choix.
L'ouverture des fleuristes le 1er-Mai, c'est bien dans le respect de la tradition. Aujourd'hui, il faut aussi être très clair, c'est aussi tout un pan de l'économie qui est en jeu. Je le répète et je l'ai répété, et ça fait déjà de nombreuses semaines qu'on le répète : 19,4 millions d'euros pour la filière ce jour-là. Ce n'est pas neutre en matière de TVA, en matière de charges sociales, c'est grosso modo 4 millions d'euros supplémentaires dans les recettes de l'État, notamment via la TVA. Sur nos produits issus de l'horticulture ornementale, elle est de 10% et il faut y ajouter les cotisations sociales.
Vous étiez à la mi-journée à l'Elysée. Espérez-vous que 2025 soit la dernière année où les fleuristes n'ont pas le droit d'ouvrir avec des salariés le 1er-Mai ?
Dès l'année dernière, dans le cadre du projet de loi de simplification, nous avions porté un amendement qui permettait à nos collaborateurs de travailler à ce moment-là. L'amendement n'a pas été retenu.
"Je m'oppose à ce que dit la secrétaire générale de la CGT, on parle bien de volontariat de la part de nos collaborateurs. On parle bien d'un jour de fête, un jour qui est entré dans nos traditions."
Farell Legendresur franceinfo
Là-dessus, il y a toujours eu une ouverture d'esprit. J'ai eu la chance d'avoir une collaboratrice qui m'a dit "Je suis volontaire pour venir travailler", un autre m'a dit "Non, excusez-moi, je ne souhaite pas travailler". On a parfaitement respecté les choix. Ça ne sera pas un frein par rapport à son évolution de carrière et ce ne sera pas un frein par rapport à plein d'autres choses. Mais je le répète, on est bien sur la base du volontariat et j'appelle à une forme de liberté.
Pensez-vous avoir le soutien du président de la République, Emmanuel Macron, et du gouvernement sur ce sujet ?
Oui. On a entendu la ministre du Travail et sa ministre déléguée prendre des positions en nous disant qu'effectivement, il faut repenser les choses, il faut qu'on ait un projet de loi. J'espère que nous pourrons pérenniser, de manière objective et tranquille pour les chefs d'entreprise que je représente, la sécurisation de l'emploi de nos collaborateurs le 1er-Mai. Je le répète, ce n'est pas non plus une remise en cause de la Fête du travail.
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