Affaire Bétharram : "C'est aux adultes de l'époque qui sont encore là de venir nous aider", estime un des membres du collectif de victimes

Pascal Gélie ancien pensionnaire de Notre-Dame de Bétharram et membre du collectif des victimes était invité sur franceinfo, le jour de la sortie du livre d'Alain Esquerre, "Le silence de Bétharram".

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
L'école Notre-Dame de Bétharram, en février 2025. (PHILIPPE LOPEZ / AFP)
L'école Notre-Dame de Bétharram, en février 2025. (PHILIPPE LOPEZ / AFP)

C'est un livre qui interroge l'omerta, qui raconte le besoin de justice et évidemment les sévices subis par des dizaines d'anciens élèves de Notre-Dame de Bétharram. Le silence de Bétharram sort jeudi 24 avril. Il est écrit par Alain Esquerre, le porte-parole des victimes et lanceur d'alerte.

"Dès le début, quand j'ai 14-15 ans, je me dis que tout ce système-là, ça ne va pas du tout. Mais après on repart dans nos vies chacun, et on se dit qu'un jour on en parlera. Il faut qu'il y ait quelqu'un qui se lève et qui porte cette cause, et c'est Alain Esquerre", salue Pascal Gélie, ancien pensionnaire de Notre-Dame de Bétharram et membre du collectif des victimes.

"Alain Esquerre se fait tabasser, ce n’est pas des gifles qu'on prend, il faut le dire, ce sont des coups de poing sur la tête, des gifles qui font saigner le nez, des acouphènes, on ne fait pas semblant de frapper à Bétharram, on le découvre dans le livre, rapporte Pascal Gélie. Plus de monde le lira, plus de personnes auront des clés pour comprendre la mécanique du silence".

Le "silence" du directeur de l'école, Romain Clercq

Pascal Gélie fustige le "silence" de Romain Clercq, le directeur de Bétharram. "Maintenant qu'il voit qu'il y a 200 plaignants, même pour rentrer dans les locaux pour dire avec la presse ça a changé, c'est impossible. Romain Clercq nous ferme la porte", affirme-t-il. "Tout le monde nous a reçus : le Premier ministre, c'est l'État, c'est la justice, la Conférence des évêques de France, y compris monseigneur de Bayonne, qui, en off, nous a demandé pardon au nom de l'Église", poursuit-il.

"Cette attitude de Romain Clercq depuis plus de 18 mois est incompréhensible. Il fait passer cette démarche pour une attaque sur une école, alors que c'est exactement l'inverse".

Pascal Gélie, membre du collectif des victimes de Bétharram

sur franceinfo

"Du point de vue des journalistes, approuve Marion Aquilina, journaliste à Ici Béarn Bigorre, d'une manière générale, les portes mettent du temps à s'ouvrir, mais celle-ci reste fermée". "Alors peut-être parce qu'il y a eu la volonté de protéger les enfants qui sont actuellement scolarisés, n'empêche qu'il reste quand même cette zone très opaque", ajoute-t-elle.

Le témoigne d'Hélène Perlant, la fille de François Bayrou

Dans ce livre de témoignages, il y a aussi celui d'Hélène Perlant, la fille de François Bayrou, qui assure n'avoir rien rapporté à son père. En tant que "père de famille, ça me poignarde le cœur. Pourquoi les victimes eux-mêmes n'en disent rien ? C'est cette question-là dont je trouve qu'elle doit nous hanter", a réagi le Premier ministre.

"François Bayrou doit montrer l'exemple aux parents."

Pascal Gélie, membre du collectif des victimes de Bétharram

sur franceinfo

"C'est le stop du déni de tous les parents et de tous les professeurs qui sont encore en vie et qui ont connu nos générations, estime Pascal Gélie. Nous, on est des enfants, on prend ça à bras-le-corps. Et c'est aux parents qui sont encore là, aux adultes de l'époque qui sont encore là de peut-être venir nous aider. C'est ce que j'attends en fait".

Commentaires

Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.