L'Agence européenne des médicaments donne son feu vert pour un nouveau traitement préventif contre le VIH : "Cela peut tout changer" assure le directeur général de AIDES

Ce traitement s'adresse aux personnes qui ne sont pas infectées par le VIH mais qui ont des comportements jugés à risque. Ils servent à éviter l'infection.

Article rédigé par franceinfo
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Une personne fait un test de dépistage du VIH. (photo d'illustration) (THOMAS JOUHANNAUD / MAXPPP)
Une personne fait un test de dépistage du VIH. (photo d'illustration) (THOMAS JOUHANNAUD / MAXPPP)

"Cela peut tout changer en France, en Europe et au niveau mondial", a assuré sur franceinfo Marc Dixneuf, directeur général de AIDES après l'avis favorable rendu vendredi 25 juillet par l'Agence européenne des médicaments pour l'utilisation d'un traitement contre le VIH, appelé Yeytuo (molécule lenacapavir) en prophylaxie pré-exposition (PrEP). "C'est la porte ouverte à une accélération des démarches pour l'accès sur le marché", se réjouit Marc Dixneuf qui espère grâce à ce traitement "une chute drastique des contaminations".

"Il faut que l'Union Européenne s'engage pour développer cet accès"

Marc Dixneuf, directeur général de AIDES

à franceinfo

Ce traitement s'adresse aux personnes qui ne sont pas infectées par le VIH mais qui ont des comportements jugés à risque. Ce sont des médicaments qui bloquent la multiplication du VIH dans les cellules. Ils fonctionnent très bien pour éviter l'infection. Des traitements de ce type sont déjà disponibles en France depuis presque dix ans, sous forme de comprimés à prendre régulièrement mais le Yeytuo a le très grand avantage d'être administrée par injection sous-cutanée, "plutôt indolore, assez rapide", assure Marc Dixneuf. "C'est une bonne nouvelle car c'est un traitement qui peut vraiment changer les choses contre l'épidémie de VIH", assure le directeur général de AIDES. "Cette épidémie qui se développe, qui est extrêmement dynamique, sera terminée avec ce type de traitement là".

En France, au moins 140 000 personnes pourront bénéficier de ce nouveau traitement mais il faudra avant cela obtenir le feu vert de la Haute Autorité de santé (HAS) et négocier le prix de ce traitement pour l’instant très coûteux. Aux Etats Unis, il s'élève à environ 25 000 euros par an et par patient. Selon Marc Dixneuf, la question du prix est majeure. "C'est l'affaire de l'Etat, des autorités de santé, du comité économique des produits de santé et de l'industriel. On peut espérer qu'une voie soit trouvée", dit-il.

L'accessibilité aux traitements pour lutter contre l'épidémie

Il insiste aussi sur la nécessité de rendre le traitement accessible à toutes et tous. "Il faut que les personnes puissent y avoir accès", insiste le directeur général de AIDES. "Le défi que l'on a en France c'est que la PrEP orale qui existe est principalement utilisée par les hommes homosexuels. On a vu un effet radical sur les contaminations chez les gays. Maintenant ce sont les femmes nées en Afrique subsaharienne qui sont les premières concernées par l'épidémie et puis les hommes qui ont des rapports sexuels avec d'autres hommes, plutôt précaires, plutôt éloignés des soins, ou nés à l'étranger".

Selon lui, "ce n'est plus seulement une question de médicament ou du prix du médicament, mais il faut atteindre ces publics-là : savoir où ils vivent, leur expliquer en quoi c'est un outil utile et il faut pouvoir générer de la demande et rendre le médicament accessible", détaille Marc Dixneuf.

Selon l'OMS, en 2024, environ 1,3 million de personnes ont été nouvellement infectées par le VIH dans le monde, dont 160 000 en Europe et 650 000 en Afrique, la région la plus touchée par le VIH.

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