Procès du féminicide de Chahinez Daoud : Mounir Boutaa condamné à la réclusion criminelle à perpétuité pour avoir brûlé vive son épouse
La cour d'assises de la Gironde a livré son verdict au terme de cinq jours d'audience. La peine est assortie d'une période de sûreté de 22 ans, conformément aux réquisitions.
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C'est un féminicide qui avait particulièrement marqué et choqué l'opinion. A l'issue de cinq heures de délibéré, la cour d'assises de la Gironde a condamné Mounir Boutaa, vendredi 28 mars, à la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d'une période de sûreté de 22 ans, pour l'assassinat de son épouse Chahinez Daoud, le 4 mai 2021. Ce soir-là, après avoir tiré à deux reprises sur les jambes de sa femme, âgée de 31 ans, il l'avait brûlée vive devant son domicile, à Mérignac, dans l'agglomération bordelaise.
Mounir Boutaa n'a eu aucune réaction à l'énoncé du verdict. Debout, il a gardé les mains croisées derrière le dos, le visage sans émotion. Il dispose d'un délai de dix jours pour interjeter appel. "C'est une sanction qui a été rendue ce jour, extrêmement lourde a l'encontre de Mounir Boutaa (...). On peut se poser la question du sens de cette peine", a déclaré Anaïs Divot, l'une de ses avocates. Elle n'a pas précisé si son client allait faire appel ou non.
"Mes clients vont maintenant pouvoir se tourner vers l'avenir", a déclaré pour sa part Julien Plouton, avocat des parents de Chahinez Daoud, même si l'accusé a encore la possibilité de faire appel. "Je ne vais pas commenter cette décision surtout qu'elle n'est pas définitive, mais je dirais que c'est une peine qui tient compte de la gravité des faits et de la personnalité de l'accusé".
Invité à prendre une dernière fois la parole depuis son box, vendredi, l'accusé avait déclaré "regretter sincèrement", tout en ajoutant que "l'erreur est humaine". "Je demande pardon au monde entier", avait conclu le quadragénaire, qui n'a pas eu un mot pour les parents de la victime au cours la semaine d'audiences, s'enfermant dans sa posture de mari persécuté. La peine prononcée est conforme aux réquisitions de l'avocate générale, Cécile Kauffman, qui avait dénoncé l'"acharnement meurtrier" de Mounir Boutaa. "Si son projet avait été de supprimer totalement sa femme, il a quelque peu échoué. Par la barbarie de son acte, il est parvenu à faire de Chahinez une victime indélébile, définitivement ancrée dans notre mémoire collective", avait-elle souligné devant la cour.
L'altération du discernement retenue, mais pas la réduction de peine
Les experts psychiatriques ont qualifié le fonctionnement de l'accusé de "paranoïaque" avec des "traits narcissiques" et ont estimé que son discernement était altéré, ce qui aurait pu limiter la peine encourue à 30 ans de réclusion. Mais la cour a écarté cette diminution, suivant le raisonnement de l'avocate générale Cécile Kauffman. Celle-ci avait invoqué un arrêt de la Cour de cassation du 16 mai 2024, selon lequel la personnalité de l'agresseur doit être prise en compte pour écarter cette diminution. Elle a justifié cette position par "sa dangerosité criminologique" et "son incapacité à se réinsérer", soulignant "les nombreux incidents ayant émaillé sa détention".
"Les monstres, ça n'existe pas", avait plaidé de son côté Anaïs Divot, avocate de Mounir Boutaa. "Cet acte est indéfendable, et je ne le défendrai pas. En revanche, je défendrai cet homme, parce qu'il mérite d'être défendu." Elle avait ensuite cité l'ancien magistrat Denis Salas : "Au fond des prisons, la société enterre ses peurs et croit neutraliser ses risques." Son associée, Elena Badescu, a exhorté la cour à "faire quelque chose d'extrêmement compliqué : entrer dans l'esprit de Mounir Boutaa. Pour lui, 'l'enfer, c'est les autres'".
Julien Plouton, avocat de la famille de Chahinez Daoud, avait décrit jeudi l'accusé comme "une figure emblématique" des auteurs de féminicides. Ce drame, qui a profondément bouleversé la France, a ravivé le débat sur la protection des victimes de violences conjugales. Toute la semaine, des militantes féministes se sont rassemblées devant le tribunal.
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