: Récit franceinfo "Les soutiens du président sont une espèce en voie de disparition" : Emmanuel Macron de nouveau en première ligne face à la crise politique
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Lâché par une partie des siens et confronté à la division de ses troupes, le président de la République tente de trouver une solution à la crise politique majeure déclenchée par la démission de Sébastien Lecornu.
L'image a marqué les esprits. "Ça me fait penser à François Mitterrand, commente François Patriat, patron des sénateurs macronistes. Mais à l'époque, il n'y avait pas beaucoup de socialistes qui l'avaient lâché." Une heure après la démission de Sébastien Lecornu lundi 6 octobre, Emmanuel Macron est filmé par BFMTV déambulant, seul, sur les quais de l'île de la Cité, à Paris. Le président revient d'une répétition de la panthéonisation de Robert Badinter, prévue jeudi. La vidéo fait le tour des réseaux sociaux, entraînant des commentaires moqueurs sur la supposée solitude du chef de l'Etat, alors que le pays n'a plus de gouvernement. Une nouvelle fois. "Mais il est loin d'être seul ! Il appelait quelqu'un de très proche à ce moment-là, il ne faut pas croire qu'il est délaissé", s'agace une ex-ministre restée fidèle à Emmanuel Macron.
"Les soutiens du chef de l'Etat sont une espèce en voie de disparition, mais ils demeurent une force de frappe bien plus efficace que certaines écuries présidentiables", raille Martin Garagnon, conseiller national de Renaissance. Dans son viseur : Edouard Philippe et Gabriel Attal, deux anciens Premiers ministres d'Emmanuel Macron, qui ont publiquement pris leurs distances avec le chef de l'Etat. Alors que ce dernier a chargé Sébastien Lecornu, Premier ministre désormais démissionnaire, d'une mission de 48 heures pour tenter de trouver une issue à la crise politique avant mercredi soir, les troupes présidentielles n'ont jamais paru aussi divisées.
"Il doit changer de méthode, sinon tout le monde disparaîtra"
Lundi soir, quelques heures après la démission de Sébastien Lecornu, le Tout-Paris bruisse d'une possible allocution du président, qui n'arrivera pas. "Tant mieux. Vaut mieux qu'il se taise pour laisser retomber. C'est un champ de ruines là", glisse un collaborateur parlementaire du bloc central. L'espace est laissé libre aux troupes du président et c'est Gabriel Attal qui s'invite au "20 heures" de TF1. L'enfant prodige de la macronie stupéfie une partie de son camp. "Je ne comprends plus les décisions du président de la République, assène le patron des députés EPR. Il y a eu la dissolution. Il y a, depuis, des décisions qui donnent le sentiment d'une forme d'acharnement à vouloir garder la main." Il n'est pas seul sur cette ligne : "Le président doit changer de méthode, sinon tout le monde disparaîtra, met en garde un ancien ministre macroniste. Les derniers fidèles du président ont aussi lâché."
Pas tous. Certains sont vent debout contre la déclaration de Gabriel Attal. "Ça n'a pas laissé les militants indifférents, il s'est pris un torrent de la base et devra toujours assumer le bilan d'Emmanuel Macron", livre une ancienne ministre. "Aller dire devant 7 millions de téléspectateurs qu'il ne comprend pas le président, mais c'est lunaire !", s'agace un cadre de Renaissance.
"Qui serait-il si le président ne l'avait pas fait monter ? Un conseiller municipal de Vanves !"
Un cadre de Renaissanceà franceinfo
Sans aller jusqu'à critiquer ouvertement le locataire de l'Elysée, d'autres s'interrogent sur la drôle de mission confiée à Sébastien Lecornu. "Est-ce que le président sait exactement ce qu'il fait ? Je ne sais pas. Comment peut-on accepter la démission d'un Premier ministre et le missionner après ?", s'interroge la députée EPR Céline Calvez. Et de répondre en avançant une hypothèse : "C'est peut-être parce que l'on entend Sébastien Lecornu dire qu'il suffit de peu pour que l'on y arrive."
La dissolution "a provoqué une cassure"
Quelques heures plus tard, c'est au tour d'un autre Premier ministre d'Emmanuel Macron de lâcher une petite bombe. Sur RTL, mardi matin, Edouard Philippe plaide désormais pour l'organisation d'une élection présidentielle anticipée après l'adoption du budget 2026. "Quand on est chef de l'Etat, on ne se sert pas des institutions, on les sert", cingle le patron d'Horizons à l'adresse d'Emmanuel Macron. "Choquant. Les militants Renaissance ne s'en remettent pas", glisse une ancienne ministre. "Mais c'est stupide, son idée ! Qui croit un instant qu'une présidentielle anticipée n'aboutirait pas après à un Parlement fracturé ? La tripartition ne va pas se dissoudre dans une présidentielle !", estime un cadre de Renaissance.
Edouard Philippe revient aussi sur l'éléphant dans la pièce : la dissolution de juin 2024. "Il n'avait pas à dissoudre, on utilise la dissolution pour régler une crise politique. On ne l'utilise pas pour déminer je ne sais quoi ou à sa convenance personnelle", fustige-t-il. Cette décision du chef de l'Etat au soir de la défaite de son camp aux européennes a profondément traumatisé les macronistes. "Cela a provoqué une cassure avec le président, un choc, et j'ai eu l'occasion de le lui dire", livre une députée du bloc central. Depuis, l'instabilité est devenue chronique, avec pas moins de trois Premiers ministres qui se sont succédé. "Force est de constater que la situation politique s'est imposée à lui depuis la dissolution", confie une ex-conseillère de l'Elysée.
Le président n'a plus la main et ses fidèles le dédouanent ainsi de la situation actuelle. "Aujourd'hui, l'ensemble des politiques se tournent vers l'Elysée pour lui faire porter le poids de leur incapacité à dialoguer et trouver des compromis. Or, c'est le Parlement qui est responsable de l'instabilité", le défend François Patriat.
"On met tous les problèmes sur l'Elysée, mais ils viennent de l'Assemblée, pas ailleurs".
François Patriat, chef du groupe macroniste au Sénatà franceinfo
"Je trouve très injuste de mettre le mistigri de la situation actuelle sur les épaules du président", appuie une ancienne membre du gouvernement. Néanmoins, depuis la dissolution, l'entourage proche du chef de l'Etat préoccupe de nombreux macronistes. "Il n'est pas forcément bien entouré", poursuit cette source. "On nous propose des stratégies, mais parfois ce sont les stratèges qui font peur", lâche le député Stéphane Travert. Si le locataire de l'Elysée échange encore des textos avec certains, d'autres s'inquiètent de son silence radio. "Le problème, c’est qu'il n’écoute plus personne. Il ne répond plus à nos messages", s'alarme un député du socle commun.
Depuis la non-campagne présidentielle de 2022 et, plus encore, depuis la dissolution ratée, les soutiens du président sont souvent déboussolés par les choix élyséens. "On avait promis de faire différemment en 2017, et en matière de gouvernance, on a fait exactement comme les autres", regrette un cadre du parti, amer. "On n'a pas fait que de la politique autrement, on est retombés dans des vieux travers", soupire Céline Calvez, rappelant néanmoins qu'Emmanuel Macron n'est pas le seul comptable de ce bilan.
"Le président se sent acculé"
Dans la soirée de mardi, une autre ex-Première ministre lâche une nouvelle bombe. Dans une interview au Parisien, Elisabeth Borne propose de suspendre sa réforme des retraites, une main tendue aux socialistes, sans concertation préalable avec l'Elysée. Chez les parlementaires macronistes, les débats s'enflamment entre tenants d'un accord avec le PS et d'une nomination d'un Premier ministre de gauche, et défenseurs de ce totem présidentiel. "Ils sont furieux… sauf ceux qui ont peur de la dissolution", observe un pilier.
Car la seule communication du président, relayée par son entourage, a été pour affirmer qu'il "prendrait ses responsabilités" à l'issue des 48 heures de discussions menées par son Premier ministre démissionnaire. "C'est une façon de mettre la pression sur les parlementaires, de leur demander s'ils veulent vraiment le chaos", décrypte un élu Renaissance. Comprendre : menacer de dissoudre à nouveau l'Assemblée, pour pousser les socialistes, les macronistes et LR, qui ne souhaitent pas de scrutin anticipé, à s'entendre. "C'est gentil d'envoyer les mêmes à la mitraille, les députés ne sont pas des paillassons sur lesquels on s'essuie les pieds avant de les envoyer à la bataille", ironise Stéphane Travert, qui plaide pour un Premier ministre de gauche. "La dissolution, c'est un outil dont on se sert quand tout a été essayé."
Dissoudre, nommer un Premier ministre de gauche, ou une personnalité technique… Il reste de moins en moins de cartes dans les mains du chef de l'Etat. "Le président se sent acculé", rapportait mardi soir un ministre démissionnaire à des députés macronistes, selon les informations de France Télévisions.
"Il est désespéré de voir tout ça, notamment lorsqu'il voit la situation à l'international."
Une ancienne ministre macronisteà franceinfo
Alors que Sébastien Lecornu a affirmé mercredi matin que la perspective d'une dissolution "s'éloigne", Emmanuel Macron se trouvera-t-il contraint de nommer à Matignon une personnalité susceptible de détricoter son bilan ? Une chose est sûre, pour ses fidèles soutiens, leur chef ne partira pas de l'Elysée. "Tout est sur la table, sauf la démission", glisse l'un d'eux.
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