"Art du compromis politique", "efficacité" et ministres IA... Après la démission de Sébastien Lecornu, on a demandé des conseils à ChatGPT pour former un gouvernement
Face à l'impasse politique que connaît la France, franceinfo s'est tourné vers la fameuse intelligence artificielle pour obtenir quelques conseils. Et visiblement, l'agent conversationnel a déjà (presque) tout prévu.
Et maintenant ? Il y a comme un air de déjà-vu dans la vie politique française. Le Premier ministre français Sébastien Lecornu a présenté lundi 6 octobre sa démission, moins d'un mois après sa nomination - et seulement quelques heures après la mise sur pied de son gouvernement -, estimant que les conditions n'étaient plus remplies pour exercer ses fonctions.
La situation est "complètement inédite", analyse le constitutionnaliste et docteur en sciences politiques Benjamin Morel sur France Inter. "Les options de sortie de crise sont très réduites", explique-t-il : "Admettons qu'Emmanuel Macron décide de nommer quelqu'un d'autre, on voit assez mal qui serait en capacité de résoudre le problème qui s'est posé à l'ex-Premier ministre, entre un socle commun qui s'est un peu évaporé et les oppositions, Rassemblement national et Parti socialiste, qui poussent à la dissolution."
"Bâtir un gouvernement de mission"
Qu'à cela ne tienne : à l'image de certains députés japonais qui demandent de l'aide à l'intelligence artificielle, ou voir de l'Albanie, qui a nommé pour la première fois dans l'Histoire une ministre générée par intelligence artificielle, pourquoi ne pas demander des conseils à l'IA ? À l'heure où les humains ne semblent plus tout à fait enclins à trouver des compromis, comme l'a reproché Sébastien Lecornu dans son discours de départ, soulignant qu'"il suffirait de peu pour que ça fonctionne. (…) En étant plus désintéressés pour beaucoup, en sachant faire preuve d'humilité et d'effacement de certains égos", nous avons donc demandé des conseils à ChatGPT.
Conscients que l'intelligence artificielle n'est pas toujours au fait de toute l'actualité politique - comme nous l'avions déjà prouvé ici avec François Bayrou qui avait disparu des listes de locataires de Matignon -, nous avons volontairement demandé à notre robot confident de nous livrer quelques conseils politiques, et non pas de noms de ministres, alors que nous nous présentions en tant que "président de la République française, dont le Premier ministre vient de démissionner".
Sa réponse, en un clin d'œil, aurait sans doute ravi Sébastien Lecornu : "Je vais te bâtir une proposition de gouvernement d'urgence adaptée à une situation de crise politique (sans majorité absolue, chef du gouvernement démissionnaire, pas encore de ministres) et dont les besoins prioritaires sont la stabilité, le pouvoir d'achat, la sécurité et une visibilité rapide auprès des Français. Dans un tel contexte, le seul moyen de tenir est un 'gouvernement de mission' avec des personnalités reconnues, transpartisanes et techniques, sur un format resserré pour gagner en efficacité".
"Resserrer, associer et livrer"
Son mantra est simple et présenté sous la forme de "trois règles d'or" : "resserrer (moins de ministres, plus d'efficacité), associer (pluralisme politique et technocratique) et livrer (des résultats concrets et mesurables sur six mois)". Et l'intelligence artificielle de se lancer, comme nous le lui avions demandé, dans une série d'actions, qui pourrait s'avérer être une leçon de politique.
"C'est une réflexion stratégique que tout Président ou Premier ministre sans majorité absolue doit aborder avec méthode et humilité. Voici une synthèse complète de conseils politiques et pratiques, basée sur les équilibres institutionnels français et les expériences récentes de gouvernements minoritaires", peut-on lire dans l'introduction, avant un plan d'action façon "bullet points".
"Un gouvernement minoritaire doit être un gouvernement de dialogue. Sans majorité absolue, l'exécutif ne peut plus gouverner 'verticalement'. Il doit bâtir un gouvernement de compromis, c'est-à-dire resserré, lisible pour les Français, et capable de négocier chaque texte. Cela suppose de changer la culture politique : passer d'un gouvernement de conquête à un gouvernement de coalition implicite", nous conseille ChatGPT.
Arrivent ensuite des conseils quant à la "lisibilité" de l'action gouvernementale ("Les Français doivent savoir qui fait quoi", tacle l'IA), la "légitimité" ("Un gouvernement de compromis doit associer plusieurs familles politiques sans paraître opportuniste"), la "compétence" ("Chaque ministre doit pouvoir produire du concret rapidement, donc pas de nomination par amitié politique — mais sur la base d'une feuille de route claire et de résultats mesurables").
Des idées sur le budget
Visiblement grisé par le (petit) pouvoir conféré, notre outil conversationnel de ChatGPT se lance même dans une sorte de programme politique avec une volonté de "compromis sur le budget et le pouvoir d'achat", une "stratégie parlementaire" pour définir un pacte budgétaire avec la droite et un pacte social avec la gauche sous l'égide d'un "Conseil de la responsabilité budgétaire (indépendant) pour crédibiliser les arbitrages", ou encore le lancement d'un "budget participatif ciblé : un à deux milliards d'euros fléchés sur des priorités partagées (écoles, sécurité, hôpitaux)", d'une "prime travail revalorisée" ou encore une baisse de charges pour les PME embauchant dans les zones rurales.
Pour sortir de l'ornière dans laquelle Emmanuel Macron semble bloqué, ChatGPT assène une fois de plus son mantra et nous conseille de méditer sur "l'art du compromis politique" : il nous recommande donc d'"identifier les partenaires de confiance" ("Le compromis se fait avec des personnalités de bonne foi, pas des postures", nous lance l'IA d'une sagesse étonnante), mais aussi d'"accepter la coresponsabilité" et de "réhabiliter la négociation". "Cela permet d'éviter la brutalité des 49.3 à répétition", nous glisse ChatGPT.
Et pourquoi pas des ministres IA ?
Face à ce déluge de conseils - mais assez loin de la réalité politique française, plus que jamais fracturée -, on peut se demander si l'IA pourrait donc renvoyer au placard certains conseillers politiques. On lui a justement posé la question quant à la nomination - pourquoi pas, après tout ? - de ministres IA, comme Diella, ministre chargée des marchés publics en Albanie.
Cette fois, ChatGPT s'avance tout en… compromis, justement : "Cela peut être une bonne idée, à condition de bien définir son rôle. L'IA n'est pas qu'un sujet technique : elle touche l'emploi, la santé, l'éducation, la défense, la régulation des données… Cela mérite une réponse nuancée, parce qu'elle touche à la fois la technologie, la démocratie et la responsabilité politique".
Selon l'agent développé par l'américain OpenAI, si "l'intelligence artificielle aide un ministre humain à prendre des décisions plus rapides et mieux informées", c'est une "mauvaise idée pour des raisons de légitimité, de responsabilité et d'éthique" de nommer une IA-ministre autonome.
"Une IA n'a ni légitimité électorale, ni responsabilité politique. Si elle se trompe, qui rend des comptes ?"
ChatGPTà franceinfo
Et si "les décisions d'un gouvernement impliquent des valeurs humaines, telles que justice, compassion, équité, choix du moindre mal, l'IA ne comprend pas la souffrance, l'injustice ou la nuance morale. Elle peut proposer des décisions efficaces, mais inhumaines (par exemple, supprimer une aide sociale non rentable)", tranche ChatGPT, avant de préciser l'existence de "boîtes noires", ou des décisions incapables à expliquer même pour leurs concepteurs, ou la menace d'un piratage informatique.
Et notre agent conversationnel de conclure : "L'IA ne doit pas gouverner les humains, mais aider les humains à mieux gouverner". Et toc.
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