"Je vais regarder" : avant sa déclaration de politique générale, le Premier ministre laisse planer le doute sur la suspension de la réforme des retraites

Le RN et une bonne partie de la gauche ont déjà annoncé leur intention de voter la censure contre le nouveau gouvernement de Sébastien Lecornu. Le Parti socialiste doit se prononcer après la déclaration de politique générale du Premier ministre.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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  (AMAURY CORNU / HANS LUCAS)
  (AMAURY CORNU / HANS LUCAS)

Quelle chance de survie pour le gouvernement de Sébastien Lecornu ? Deux motions de censure(Nouvelle fenêtre) ont déjà été déposées à l'Assemblée nationale, l'une par le Rassemblement national et l'autre par La France insoumise. Mathématiquement, c'est donc le Parti socialiste qui a les cartes en mains, et le PS a annoncé la couleur : il se prononcera après la déclaration de politique générale du Premier ministre, prévu mardi 14 octobre à 15 heures.

Les socialistes ont une demande principale : la suspension de la réforme des retraites. Ils viennent d'ailleurs de recevoir un soutien assez inattendu du nouveau prix Nobel d'Économie, Philippe Aghion, principal inspirateur de la politique économique d'Emmanuel Macron. Ce dernier estime qu'il faut "stopper" la réforme : "Je pense qu'il faut arrêter l'horloge maintenant jusqu'à" la prochaine élection présidentielle, dit-il sur France 2. L'économiste assure avoir toujours été favorable à l'idée une "clause de revoyure".

"Le Premier ministre est libre"

Interrogé sur cette prise de position, l'entourage d'Emmanuel Macron nuance : Philippe Aghion a toujours été un "conseiller informel", pas un membre du cabinet. L'économiste fait simplement "passer des idées" au président de la République. "Le Premier ministre est libre", insiste un conseiller.

Mais il s'agit bien d'une voix qui pèse, et elle s'ajoute à celle d'Élisabeth Borne, qui avait ouvert la porte à une suspension la semaine dernière, s'attirant les foudres d'une partie du camp macroniste. Elle s'ajoute également à la voix d'Eric Lombard, ministre de l'Économie, il y a encore dix jours : "Cela sera toujours moins coûteux" qu'une absence de budget, estime cet ancien membre du PS.

"Il est important que ce mot sacramentaire de 'suspension' soit prononcé par le Premier ministre"

Éric Lombard, ancien ministre de l'Economie et ancien membre du Parti Socialiste

Du côté de Matignon, aucune indication sur les intentions du Premier ministre. "Je vais regarder", a déclaré Sébastien Lecornu à plusieurs interlocuteurs ces dernières semaines. Un chiffrage de cette mesure a par ailleurs été demandé à Bercy. L'entourage du chef du gouvernement évoque son état d'esprit. Il travaille depuis plusieurs jours sur sa déclaration de politique générale, avec un conseiller qui sert de plume, mais c'est bien lui qui "impulse les idées", nous dit-on. Ce sera "son" texte.

Sobriété et humilité devraient être les maîtres mots. C'est la marque de fabrique du Premier ministre, il ne faut pas s'attendre à des effets de manche ou à des attaques visant les oppositions, comme ont pu le faire des prédécesseurs.

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