Immigration, retraites, fin de vie… Après le budget, quels sont les dossiers majeurs sur la table du gouvernement de François Bayrou ?

Avec l'échec des motions de censure déposées par la gauche, le Premier ministre se projette au-delà de l'adoption des textes budgétaires. Mais face à une Assemblée très divisée et dans un gouvernement aux voix parfois dissonantes, les obstacles ne manquent pas.

Article rédigé par Thibaud Le Meneec - avec AFP
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Le Premier ministre, François Bayrou, à la tribune de l'Assemblée nationale, à Paris, le 3 février 2025. (BERTRAND GUAY / AFP)
Le Premier ministre, François Bayrou, à la tribune de l'Assemblée nationale, à Paris, le 3 février 2025. (BERTRAND GUAY / AFP)

Les textes budgétaires bien partis pour être adoptés, après l'échec des motions de censure d'une partie de la gauche, mercredi 5 février, François Bayrou va devoir affronter des dossiers qui vont tester la solidité d'un gouvernement composite. "En sortant de l'impasse budgétaire, on a installé le camp de base. Maintenant, il faut se lancer à l'attaque des huit sommets" de l'Himalaya, affirmait récemment le Premier ministre, lucide sur les difficultés qui l'attendent alors qu'il est privé de majorité à l'Assemblée nationale.

Voici, de l'immigration à la réforme des retraites, en passant par la fin de vie et la réforme des modes de scrutin, les principaux dossiers que le Béarnais et ses ministres vont désormais devoir gérer, si les motions de censure continuent d'échouer. 

L'immigration, avec une position contestée par le PS

Après avoir obtenu au prix de certaines concessions que les socialistes ne le censurent pas sur le budget, François Bayrou amorce un virage vers la droite, assurant vouloir "répondre à la demande d'ordre et d'autorité" des Français. Le gouvernement a soutenu jeudi une proposition de loi de la droite visant à durcir les restrictions au droit du sol à Mayotte, même s'il n'entend pas l'étendre à l'Hexagone.

Le Premier ministre est aussi favorable au rétablissement du délit de séjour irrégulier. Ce sujet est inflammable pour le PS, qui va déposer le 19 février une motion de censure "spontanée" pour protester contre les propos de François Bayrou évoquant un "sentiment de submersion" migratoire.

La réforme des retraites, avec une concertation au débouché incertain

François Bayrou a remis sur la table, et les socialistes l'ont salué, la controversée réforme des retraites de 2023. Le Palois a confié aux partenaires sociaux le soin d'en rediscuter sans "tabou", même sur l'âge de départ à 64 ans, mais sans toucher à l'équilibre financier du système. Il a promis aussi de soumettre au Parlement un accord, même partiel, sur cette réforme contestée par l'ensemble de la gauche et par l'extrême droite.

Le patron du PS, Olivier Faure, a cependant prévenu mercredi qu'il pourrait censurer le gouvernement si le Parlement n'avait "pas le dernier mot" ou s'il y avait "une forme d'entourloupe". Le Premier ministre "pourrait tomber" sur ce dossier, prolonge une députée du camp présidentiel, qui a l'impression de voir le Palois "improviser" depuis Matignon.

La fin de vie, avec un choix clivant de scinder le texte de loi

François Bayrou entend scinder en deux le futur texte de loi sur la fin de vie, pour distinguer les soins palliatifs d'une part et l'aide active à mourir d'autre part, afin que chaque député puisse éventuellement voter "différemment" pour l'un et l'autre. Mais la présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, n'est pas d'accord et le sujet divise ses propres troupes.

Le député MoDem Olivier Falorni, auteur d'une proposition de loi qui reprenait le projet de loi tombé avec la dissolution, est aussi fermement opposé à une telle scission qui masque, selon lui, "une volonté d'abandon". Les participants à la convention citoyenne sur la fin de vie ont demandé au président de la République de trancher.

La proportionnelle, avec un chantier encore flou

François Bayrou prône depuis longtemps l'introduction du mode de scrutin proportionnel dans les élections législatives. Mais différentes options font débat entre ceux qui plaident pour une "dose" de proportionnelle et d'autres qui aimeraient la voir assortie d'une prime majoritaire, comme le Rassemblement national. Dès son arrivée à Matignon, le chef du gouvernement a plaidé pour le retour du cumul des mandats locaux, qu'il veut de nouveau autoriser pour les parlementaires. Cette sortie a été critiquée, car le Premier ministre a conservé la mairie de Pau, où il se rend chaque semaine.

François Bayrou souhaite aussi une réforme rapide des modes de scrutins municipaux pour Paris, Lyon et Marseille, une revendication qui divise fortement sur le terrain, nombre d'élus soupçonnant un calcul électoraliste. "Vouloir changer les règles à moins d'un an du scrutin" de 2026 serait "du tripatouillage", a ainsi dénoncé la maire socialiste de Paris, Anne Hidalgo. Des réticences existent aussi à droite et au sein du parti présidentiel Renaissance.

Une réforme de l'Etat encore au stade du diagnostic

Parmi les "crevasses" à franchir dans les prochains mois figure enfin la réforme de l'Etat, qui vise à faire des économies pour réduire encore le déficit dans le prochain budget. Le Premier ministre va demander à chaque ministère "de lancer une analyse en profondeur, qui partira non pas des moyens (…) mais des missions de l'Etat", en vue d'un effort de "rationalisation". Dans sa déclaration de politique générale, il s'était demandé si les 1 000 agences ou opérateurs publics étaient tous "nécessaires".

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