Budget et réformes : "Il faut que le gouvernement tombe", déclare Julien Oudoul, député RN de l’Yonne

Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min - vidéo : 9min
Article rédigé par franceinfo - Édité par l'agence 6Medias
France Télévisions

Julien Oudoul, député RN de l’Yonne, était l’invité politique de franceinfo jeudi 16 octobre pour revenir sur la suspension de la réforme des retraites, les enjeux du budget et les deux motions de censure déposées contre le gouvernement, au micro d’Alix Bouilhaguet.

Ce texte correspond à une partie de la retranscription du reportage ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.


Alix Bouilhaguet : Le 16 octobre, à 9 heures, Sébastien Lecornu devra affronter deux motions de censure : celle des Insoumis, et celle que vous présentez au nom du Rassemblement national. Pensez-vous qu’elles ont une réelle chance de passer, ou s’agit-il surtout d’un coup politique symbolique ?

Julien Oudoul : Je pense qu’elles peuvent effectivement passer. Si les députés qui se disent de l’opposition jouent réellement ce rôle, si les élus LR et socialistes retrouvent leur courage et défendent les intérêts des Français plutôt que leurs petits calculs politiciens, alors oui, ces motions ont une chance. Aujourd’hui, on constate une soumission totale des LR et des socialistes à un budget profondément inéquitable, à un projet qui poursuit et amplifie le macronisme. Cette situation ne peut pas durer.

Alix Bouilhaguet : Pourtant, en décidant de suspendre la réforme des retraites, Sébastien Lecornu semble avoir verrouillé la position des socialistes, ce qui pourrait lui offrir un peu de répit.

Julien Oudoul : Je ne parlerais pas de verrouillage, mais plutôt d’un achat, voire d’une arnaque. Les socialistes se satisfont d’une annonce séduisante en apparence, mais totalement vide de sens : rien dans cette suspension ne bloquera réellement la mise en œuvre d’une réforme des retraites injuste socialement et inefficace économiquement. Pour protéger leurs sièges et leurs privilèges, ces députés sont prêts à tout. Les tractations actuelles le démontrent clairement.

Alix Bouilhaguet : Le gouvernement propose donc de suspendre la réforme jusqu’à la présidentielle, sans relever l’âge de départ avant janvier 2028 et en maintenant la durée de cotisation à 170 trimestres. Cela concernerait 3,5 millions de Français. Pourtant, vous dites non, alors que vous étiez farouchement opposés à la réforme Borne en 2023. Quelle est la logique ?

Julien Oudoul : La logique tient à ce qui accompagne cette suspension : 20 milliards d’euros de taxes supplémentaires, le gel des pensions, le gel du barème de l’impôt sur le revenu… On frappe encore les Français qui travaillent. On ajoute à cela le doublement des franchises sur les prothèses et autres équipements médicaux, ainsi que la fiscalisation des jobs étudiants pour ceux vivant chez leurs parents. Tout cela est profondément injuste et loin de répondre aux besoins des Français.

Alix Bouilhaguet : Concrètement, cette suspension sera proposée par amendement dans le cadre du budget. Cela signifie-t-il que vous refuserez de voter cet amendement ?

Julien Oudoul : Nous procéderons par étapes. D’abord, le vote de la motion de censure permettra de distinguer les députés opposés au macronisme de ceux qui veulent le perpétuer. Nous verrons si les LR sont complètement alignés sur le gouvernement et si les socialistes accepteront un budget de purge sociale simplement pour conserver leurs privilèges.

Alix Bouilhaguet : Et si Sébastien Lecornu survit aux motions de censure, voterez-vous contre cet amendement ?

Julien Oudoul : Aujourd’hui est un jour de vérité. L’Assemblée nationale doit mettre fin à ce cirque permanent, à l’instabilité chronique. Le gouvernement doit tomber. Nous ne pouvons plus accepter ces négociations et manœuvres dilatoires. Il faut une autre politique, qui passera par une dissolution et une nouvelle majorité, que j’espère voir menée par Jordan Bardella à Matignon.

Alix Bouilhaguet : Le gouvernement propose aussi une grande conférence sociale sur les retraites, abordant l’attractivité, la pénibilité, l’usure au travail… Cela concerne pourtant des millions de Français. Est-ce insuffisant selon vous ?

Julien Oudoul : Cela ressemble à un plat réchauffé. Ces réunions ne sont qu’un moyen de gagner du temps et d’intoxiquer le débat. Comme avec Bayrou ou d’autres gouvernements macronistes, l’objectif est d’empêcher le Rassemblement national d’accéder au pouvoir. Mais tôt ou tard, nous y arriverons.

Alix Bouilhaguet : Donc vous refusez la suspension de la réforme. Est-ce également un refus pour le budget en lui-même ?

Julien Oudoul : Ce budget est délirant et dangereux fiscalement. Alors que le pays est déjà lourdement imposé, imposer 20 milliards d’euros supplémentaires est inacceptable.

Alix Bouilhaguet : Même pour des mesures telles qu’une contribution des grandes entreprises ou une taxe sur les hauts revenus ? Ou un assouplissement de la trajectoire budgétaire, comme proposé par le gouvernement avec 31 milliards au lieu des 44 ou 50 prévus par d’autres ?

Julien Oudoul : Oui, nous disons non. Ces mesures, même plébiscitées par les Français, ne corrigent pas les vrais problèmes : gaspillage, train de vie de l’État, dépenses publiques mal orientées. Rien n’est retiré des dispositifs réservés aux étrangers en situation irrégulière, ce qui est profondément choquant. Les députés LR, comme M. Retailleau, qui demandaient la refonte de l’aide médicale d’État, se contentent de ce budget totalement injuste, inefficace et dangereux pour nos services publics.

Ce texte correspond à une partie de la retranscription du reportage ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.

Commentaires

Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.