Taxe Zucman : "L'extrême droite sert d'abord les plus aisés", clame Patrick Kanner, président du groupe PS

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Article rédigé par franceinfo - Édité par l'agence 6médias
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Patrick Kanner, président du groupe PS et sénateur PS du Nord, était l’invité politique de franceinfo mardi 21 octobre, pour revenir rapidement sur la condamnation de Nicolas Sarkozy et éclaircir la position du Parti socialiste sur l'examen du Budget à l'Assemblée nationale.

Ce texte correspond à la retranscription d'une partie de l'interview ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour regarder l'entretien en intégralité.


Les députés de la commission des finances ont commencé, lundi 20 octobre, l'examen du budget 2026. Cette semaine marque le début des discussions budgétaires, qui devraient durer jusqu'au 31 décembre, entre le gouvernement Lecornu et l'Assemblée nationale.

Alix Bouilhaguet : Ça vous choque, un ex-président de la République qui va dormir ce soir en prison ?

Patrick Kanner : C'est choquant par définition. La question, c'est est-ce que M. Sarkozy a fait l'objet d'une injustice en matière judiciaire ? Il le conteste, il dit qu'il va interjeter l'appel et c'est son droit le plus strict. Simplement, ce que je dis, c'est que trois juges ont estimé qu'il était coupable et qu'il fallait exécuter de manière provisoire sa peine. Je n'ai pas de commentaire à faire. Et je comprends la compassion amicale de certains, mais la séparation des pouvoirs aurait justifié que ni le président de la République, ni M. Darmanin ne rentrent dans cette affaire.

Justement, Emmanuel Macron a reçu discrètement Nicolas Sarkozy vendredi dernier, donc il a eu tort ? Il dit qu'il l'a fait sur le plan humain.

Oui, mais il est le président de la République. Je pense qu'il aurait pu prendre de la distance. Il pouvait envoyer un message sans pour autant recevoir l'ancien président de la République. Dans ces cas-là, il faut être très humble, très discret et ne pas faire savoir qu'on a reçu quelqu'un qui va purger une peine très difficile. Mais connaissez l'adage latin, "dura lex, sed lex". "La loi est dure, mais c'est la loi".

Hier, Gérald Darmanin a même assuré qu'il rendrait visite à Nicolas Sarkozy en prison. Un ministre de la Justice a-t-il le droit de faire ça ?

Il a le droit de faire ça. La question, c'est est-ce que c'est opportun ? La séparation des pouvoirs justifierait pleinement que le ministre de la Justice, le garde des Sceaux en fonction, laisse faire la justice, laisse passer la justice sans intervenir. Alors bien sûr, il dira que ce n'est pas une intervention d'ordre judiciaire, ce n'est qu'un élément amical. Mais non. À un moment donné, il faut savoir mettre des barrières et respecter la décision de justice. Même si elle est dure, c'est la décision de justice, on la respecte.

Pendant ce temps-là, l'examen du budget en Commission de l'Assemblée nationale a débuté hier. Le marathon parlementaire doit se terminer avant le 31 décembre. Je rappelle, sans l'usage du 49.3 puisque Sébastien Lecornu y a renoncé. Est-ce que ça, ce n'est pas la porte ouverte à des débats interminables ?

Monsieur Lecornu fait confiance au débat parlementaire et tous les échos que j'ai aujourd'hui de l'Assemblée nationale montrent que les parlementaires, toutes sensibilités confondues, comprennent qu'ils ont là une opportunité de montrer une belle image de ce débat aux Français. Et moi, j'en suis très heureux. J'espère que les délais seront respectés, que le débat sera digne, qu'il sera sur le fond et non pas sur l'invective et que cela sera utile pour le pays en général.

Donc vous avez quand même le sentiment que les partis vont réussir à faire preuve de responsabilité, mais les Insoumis et le Rassemblement National ont plutôt intérêt à ce que tout explose en vol ?

Écoutez, je ne le souhaite pas pour notre pays, tout simplement, et je fais appel aux parlementaires de l'Assemblée nationale, comme ce sera le cas au Sénat quelques semaines plus tard, à prendre leurs responsabilités et à donner à la France un budget. Alors nous, nous allons tout faire pour que ce budget soit le moins mauvais possible. Aujourd'hui, il est très mauvais pour les Français. Donc on va se battre et nous avons commencé déjà hier en commission et les socialistes ont réussi à passer une mesure très importante, c'est la non-fiscalisation des pensions alimentaires. Voilà le type de victoire que je souhaite obtenir pour notre pays.

En revanche, vous n'avez pas réussi en commission à passer la fameuse taxe Zucman, celle qui est censée taxer les 1 800 foyers français les plus riches. Ça va reprendre dans l'hémicycle, mais ça commence mal.

Nous considérons que la taxation des hauts patrimoines, des revenus les plus importants, c'est un élément d'équité fiscale, un élément de justice fiscale. Et ce que je regarde, ce que je constate, c'est que le Rassemblement national, qui est si prompt à défendre la veuve et l'orphelin, finit par voter contre cette mesure de justice fiscale. Les masques sont en train de tomber et c'est aussi ça qui est utile pour notre pays : montrer finalement que l'extrême droite sert d'abord les plus aisés de nos concitoyens.

Donc vous dites que Marine Le Pen qui se fait la candidate du pouvoir d'achat, ce n'est pas tout à fait juste ?

C'est du pipeau. Il faut le dire tel quel, c'est du pipeau.

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