Gaza : "Il faut des sanctions concrètes contre l'État israélien", lance Thomas Portes, député LFI de Seine-Saint-Denis

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Article rédigé par franceinfo - Édité par l’agence 6médias
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Invité politique de "La Matinale" lundi 4 août, le député LFI de Seine-Saint-Denis, Thomas Portes, rappelle la culpabilité d'Israël dans la famine qui sévit à Gaza et sollicite des sanctions concrètes de la part du gouvernement français.

À Gaza, au moins six Palestiniens sont morts de faim durant le week-end du 2 et 3 août. La France a annoncé dimanche un nouveau largage de 4 tonnes d'aide par avion, après celui de 40 tonnes. Thomas Portes, député LFI de Seine-Saint-Denis, qualifie ces largages de "ridicules", puisqu'ils représentent "20 grammes de vivres par Gazaoui" et estime que le gouvernement français "fait des opérations de communication". Il appelle désormais la France et d'autres pays de l'Union européenne à sanctionner concrètement l'État israélien.

Ce texte correspond à la retranscription d'une partie de l'interview ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour regarder l'entretien dans son intégralité.

Alexandre Peyrout : Comment est-ce qu'on arrête les atrocités ?

Thomas Portes : Par des sanctions concrètes aujourd'hui contre l'État israélien, parce qu'il y a beaucoup d'émotion à la vue de la vidéo d'un otage israélien qui est totalement affamé, mais c'est aussi le quotidien des Palestiniens et des Palestiniennes qui sont affamés. Je rappelle que le cessez-le-feu signé en janvier 2025 prévoyait la libération, dans la deuxième phase, des otages israéliens. Ça a été violé par Benyamin Nétanyahou. Et je crois qu'aujourd'hui, il faut des sanctions concrètes contre l'État israélien. La France a une responsabilité. Elle continue de livrer des armes. Elle continue d'avoir des accords économiques, diplomatiques avec l'État israélien qui, malgré les tweets, malgré les communications, continue de massacrer une population. "C'est la pire famine de l'histoire du XXIe siècle", disent des experts de l'ONU. Ça, c'est une réalité. On a aujourd'hui des visages d'enfants, des corps déchiquetés d'enfants qui sont rachitiques, qui meurent de faim. On est en 2025. On a une population qui est victime d'un génocide. Il faut prendre la mesure de ce qui se passe.

Vous parlez de sanctions contre le gouvernement israélien. Est-ce qu'il en faut aussi contre les dirigeants du Hamas ?

Mais les dirigeants du Hamas ont été assassinés pour la plupart par l'État israélien qui a mené une opération depuis deux ans. Aujourd'hui, qui a violé le cessez-le-feu qui prévoit la libération des otages ? C'est l'État israélien. Qui continue d'empêcher l'aide humanitaire de rentrer ? Qui massacre les Palestiniens ? Qui continue la colonisation en Cisjordanie ? Le Hamas ne gère pas la Cisjordanie et pourtant les opérations meurtrières se multiplient. Donc c'est l'État israélien qui doit être condamné.

Est-ce qu'on n'assiste pas à une escalade de violence de part et d'autre, dont il est difficile de trouver une issue aujourd'hui ?

L'issue passe par un arrêt des combats et par un cessez-le-feu immédiat et permanent. Mais aujourd'hui, à l'heure où on se parle, l'unique responsable de ce qui se passe, c'est l'État israélien. Ça fait deux ans. Est-ce que la politique de Nétanyahou a été efficace pour aller récupérer les otages israéliens ? Tout le monde souhaite que les otages soient libérés. Est-ce qu'après deux ans de massacres indiscriminés, les otages sont revenus ? Non. La population civile israélienne se mobilise aujourd'hui pour dire à Nétanyahou d'arrêter cette guerre et de trouver une autre solution. Donc, il faut des sanctions contre l'État israélien qui, aux yeux du monde, perpétue un génocide. Et je crois qu'on ne peut pas regarder ailleurs et faire comme si cela n'existait pas. L'histoire n'oubliera pas les gens qui ont cautionné, soutenu et accompagné ce massacre.

Le rôle de la France

Vous parliez justement de la famine qui sévit à Gaza et qui fait des centaines et des milliers de morts. La France a annoncé dimanche 3 août le largage de 4 tonnes d'aide par avion. C'était 40 tonnes vendredi. Est-ce que notre pays en fait assez ?

Non. C'est absolument ridicule. Le premier largage, c'était l'équivalent de deux camions. Ça fait 20 grammes par Gazaoui qui sont aujourd'hui affamés depuis des mois. La France n'en fait pas assez. La France fait des opérations de communication et, aujourd'hui, ce qu'il faut, c'est casser le blocus humanitaire et envoyer des milliers de tonnes d'aide. C'est possible, puisque à la frontière de Rafah, il y a des centaines de camions de l'ONU, de l'UNRWA qui sont prêts à entrer dans la bande de Gaza, mais qui sont bloqués par l'État israélien. Il faudrait 500 à 600 camions par jour.

La patronne des écologistes, Marine Tondelier, propose d'envoyer la Marine nationale pour frayer un chemin à l'aide humanitaire par la mer. Est-ce que vous trouvez que c'est une bonne solution ?

C'est une solution qui ne peut pas s'appliquer puisqu'il n'y a pas de port en eau profonde dans la bande de Gaza et sur la plage à Gaza. Cela ne pourrait pas marcher. Maintenant, je salue toutes les initiatives qui font en sorte qu'on casse le blocus. Deux collègues à moi, Bastien Lachaud et Aurélien Saintoul, ont fait une proposition qui est celle d'un pont aérien que la France pourrait mettre en place pour livrer de l'aide humanitaire en lien avec les gens sur le terrain. Il faut qu'il y ait une réception et qu'on n'ait pas des gens qui se jettent sur le peu de colis qui arrivent. Il faut que les gens regardent ces images. Hier soir, encore, dans le nord de la bande de Gaza, on a eu des dizaines de Palestiniens qui ont été assassinés alors qu'ils allaient chercher de l'aide humanitaire par la soi-disant Fondation, qui en fait participe au génocide.

Vous parliez de sanctions tout à l'heure. On a vu avec la Russie dans le conflit en Ukraine que les sanctions, ça ne marche pas tout bonnement. Est-ce que l'impuissance, ce n'est pas inévitable dans des conflits comme ça ? Surtout quand on a les États-Unis qui soutiennent pour l'instant l'État d'Israël.

Les États-Unis sont le premier complice du génocide, vous avez raison de le souligner, puisque ce sont eux qui participent à livrer des milliards d'euros d'armes à l'État israélien, qui s'opposent à toutes les résolutions qui sont votées, notamment au Conseil de sécurité de l'ONU. Mais si chaque État regarde à côté et dit que ce n'est pas possible d'agir, ça ne marchera pas. Je crois, par exemple, que l'Union européenne a une responsabilité. L'Union européenne est le premier partenaire commercial de l'État israélien grâce à ce qu'on appelle les accords d'association, dont il est dit à l'intérieur que si vous violez les droits humains, il peut être suspendu. Il y a un certain nombre de pays européens qui demandent aujourd'hui que ces accords soient suspendus. Je regrette que des députés macronistes, il y a quelques semaines, à l'Assemblée nationale, aient voté contre une résolution pour suspendre cet accord d'association. Donc je crois qu'il y a des responsabilités. La France, l'Union européenne et les États ont le devoir d'agir et de ne pas regarder en silence ce massacre.

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