Gouvernement Lecornu : "Les six ministres LR qui sont rentrés dans ce gouvernement sont montés dans un train fantôme", estime le vice-président des Républicains, Geoffroy Didier

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Article rédigé par franceinfo - Édité par l'agence 6Medias
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Geoffroy Didier, vice-président du parti Les Républicains, était l'invité politique de franceinfo mardi 14 octobre pour aborder notamment la question de la composition du nouveau gouvernement Lecornu, au micro d'Alix Bouilhaguet.

Alors que Sébastien Lecornu s'exprimer dans un discours de politique générale mardi 14 octobre, son nouveau gouvernement continue de cristalliser l'attention, notamment en raison des risques de censure qui le visent. Le vice-président des Républicains, Geoffroy Didier, était l'invité politique de franceinfo pour réagir à cette thématique.

Ce texte correspond à une partie de la retranscription du reportage ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.


Alix Bouilhaguet : On connaît depuis lundi la composition du gouvernement, qui cumule 34 ministres, dont pas mal de patrons et de hauts fonctionnaires. Mais malgré les consignes de Bruno Retailleau, le gouvernement compte six ministres issus des Républicains. Il s'agit quand même un camouflet pour votre patron qui a fait de la non-participation au gouvernement l'alpha est l'oméga de cette nouvelle séquence.

Geoffroy Didier : Ce n'est pas ce que nous souhaitions parce que les six ministres qui sont rentrés dans ce gouvernement sont montés dans un train fantôme. On ne sait pas exactement ce que va dire aujourd'hui Sébastien Lecornu. On ne sait pas si oui ou non il va suspendre la réforme des retraites. Avouez quand même que pour des élus Les Républicains, monter dans ce train mystérieux, c'est quand même risquer de renier ses convictions.

Mais Bruno Retailleau n'a pas réussi à les convaincre, cela veut-il dire que c'est un patron qui n'a pas de poigne ?

C'est qu'il y a toujours des individualités qui sont prêtes à devenir ministres. Ça, c'est vieux comme la Grèce antique. Mais l'important, par rapport à ceux qui nous regardent, par rapport à ceux qui nous ont fait confiance lorsque nous avons été élus dans nos mandats respectifs, c'est d'être cohérents avec nos convictions. Et si, aujourd'hui, Sébastien Lecornu devait suspendre la réforme des retraites, ce serait une folie économique et, à mon avis, une erreur politique que nous ne pouvions cautionner.

Ces ministres ont été exclus des Républicains. Est-ce que ça veut dire concrètement que Rachida Dati, ministre de la Culture, qui est aussi candidate des Républicains à la mairie de Paris, ne sera pas votre candidate aux municipales de mars prochain ?

Ce sont deux choses différentes. Là, il y a eu des sanctions disciplinaires. Je vous avoue que je suis contre les exclusions par principe parce que pour moi, une formation politique doit convaincre plutôt que contraindre et exclure. Donc je ne suis personnellement pas favorable aux exclusions. Et d'ailleurs, je ne l'ai jamais été. En tout cas, ils se sont mis en retrait et il est vrai que lorsqu'on devient un ministre LR alors que la consigne était de ne pas rentrer, c'est normal qu'on soit mis en retrait des instances dirigeantes auxquelles on appartenait.

Je crois qu'il est urgent d'attendre, que tout cela se calme un peu, que nous fassions la différence aussi entre ce qui se passe actuellement, qui risque d'ailleurs peut-être de ne plus exister dès ce soir, et puis les élections municipales qui seront en mars prochain. Il y a les enjeux locaux, il y a les enjeux nationaux, tout cela est très différent et je pense qu'il faut un peu temporiser et attendre que la pression tombe. Je dis juste qu'il faut être pragmatique et qu'il faut attendre de voir qui est le mieux placé à Paris pour porter nos couleurs et ça, ce n'est pas la question du jour.

Emmanuel Macron comme responsable de tous les maux

Est-ce qu'aujourd'hui, le responsable de cette nouvelle crise, ce n'est pas Bruno Retailleau qui a fait quand même toute une affaire de la présence de Bruno Le Maire au gouvernement ? Est-ce qu'il n'a pas commis une faute politique ?

Non, ne mélangeons pas les choses. Je crois que le responsable de tout ce qui nous arrive, malheureusement, pas de ce qui arrive aux formations politiques, mais de ce qui arrive aux Français, c'est Emmanuel Macron. Certes, avec une dissolution ratée, je crois que chacun en convient, mais aussi avec une politique qui n'est pas bonne depuis maintenant trop d'années. Avec une insécurité galopante, 1000 agressions par jour en France, avec une immigration qui n'est pas maîtrisée, qui donc exaspère les Français, et avec 1000 milliards d'euros de dettes supplémentaires. Si nous n'avions pas eu cette politique qui pose un réel problème à la majorité de nos concitoyens, nous n'en serions peut-être pas là. Et il est vrai qu'en plus de cela, Emmanuel Macron a tenté de piéger les formations politiques traditionnelles, ce que je trouve un peu malsain.

Avouez quand même qu'on a du mal à suivre le fil. Bruno Retailleau était vraiment un partisan d'une participation au gouvernement. Ça a redonné de l'air aux Républicains. Lui-même, cela lui a fait prendre la lumière. Il grimpait dans les sondages et aujourd'hui dit complètement le contraire. C'est incompréhensible pour les Français.

Mais ce qui est incompréhensible, surtout, c'est la façon dont Emmanuel Macron est en train de mener la politique actuelle. C'est-à-dire que, oui, par esprit de responsabilité, par souci de stabilité, nous avons toujours fait preuve de bonne volonté en acceptant de jouer le jeu dans l'intérêt des Français, avec le gouvernement de Michel Barnier, puis même avec le gouvernement de François Bayrou. Mais il y a un moment où, lorsque vous ne savez même pas ce que le gouvernement va dire, lorsque le gouvernement s'apprête à renier les convictions de la droite républicaine, il y a un moment où, quand vous tirez l'élastique, il finit par craquer. Donc moi, j'estime justement sain et logique que nous sortions du gouvernement à un moment où il s'apprête à faire n'importe quoi et ce malgré notre bonne volonté que nous avons maintenue pendant de nombreux mois.

À 15 heures, Sébastien Lecornu va prononcer sa déclaration de politique générale à l'Assemblée nationale. Pour les Républicains, c'est toujours un soutien sans participation même s'il annonce la suspension de la réforme des retraites ? "Ne capitulons pas face à la réforme des retraites", dit pourtant Valérie Pécresse. J'ai l'impression que ce matin vous dites pareil qu'elle.

Elle a totalement raison. Vous savez, ce n'est pas par plaisir que nous sommes contre la suspension. C'est tout simplement parce que nous n'avons pas le choix. Nous tous, nous n'avons pas le choix. 17 milliards d'euros d'ici 2030, c'est ce que coûterait la suspension de la réforme des retraites.

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