"Est-ce qu'il faudra compter sur Gabriel Attal en 2027 ? Je l'espère", affirme Prisca Thevenot, députée Renaissance des Hauts-de-Seine
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Invitée politique de "La Matinale" mercredi 24 septembre, la députée du parti présidentiel Prisca Thevenot revient sur les débuts à Matignon de Sébastien Lecornu, l'impasse budgétaire et le discours de rentrée politique de Gabriel Attal, axé sur la rupture avec "le passé" et un changement de méthode.
Le Premier ministre Sébastien Lecornu doit à nouveau recevoir, mercredi 24 septembre, les syndicats et le patronat pour évoquer le budget, après avoir échangé la veille avec les représentants du socle commun. Mais aucune piste ne semble encore se dégager pour le nouveau chef du gouvernement. Est-il dans l'impasse ? Emmanuel Macron pourrait-il se sentir isolé, alors que Gabriel Attal a prononcé un discours de rentrée marquant une rupture avec "le passé" ? Pour en parler, Prisca Thevenot, députée du parti présidentiel Ensemble pour la République dans les Hauts-de-Seine, est l'invitée politique de "La Matinale" ce 24 septembre.
Ce texte correspond à une partie de la retranscription de l'interview ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.
Alix Bouilhaguet : Le Premier ministre reçoit ce matin l'intersyndicale pour évoquer le budget. Cet après-midi, ce sera le tour du patronat. Hier, c'était le socle commun, un déjeuner. Et toujours pas le début d'une piste. C'est pour quand ?
Prisca Thevenot : Vous savez, le Premier ministre Sébastien Lecornu, en arrivant à Matignon dans son discours de passation, a annoncé un changement de méthode qu'il veut inscrire dans une rupture, pour le citer. Et donc cette rupture, je pense, consiste à travailler sur le "quoi" avant le "qui", le casting gouvernemental. Et, prendre le temps de travailler ce "quoi", c'est peut-être nous laisser la capacité, enfin, d'arriver à une stabilité politique.
Mais est-ce que ça ne peut pas donner l'impression, ce silence, que finalement, il ne se passe pas grand-chose au sommet de l'État ?
Au contraire, vous venez de le dire : il consulte les familles politiques, en premier lieu le socle commun, réuni trois fois au cours des derniers jours, et les représentants...
"Je suis une ancienne ministre et nous n'avons pas d'avantages en sortant"
Excusez-moi je vous coupe, Gabriel Attal, hier, a donc déjeuné avec Sébastien Lecornu et les autres membres du bloc central. Il lui a dit quoi concrètement ?
Il continue à échanger effectivement sur les besoins que nous avons sur le budget, sur les lignes que les familles politiques veulent continuer à défendre, et puis sur l'importance de la solidité du socle commun. Ça paraît anodin comme ça, mais souvenez-vous qu'il y a un an, effectivement, nous avons décidé de devenir des partenaires politiques, alors que nous étions des opposants politiques. Je parle bien évidemment de l'ancienne majorité et des Républicains. Force est de constater qu'il y a quelques semaines, François Bayrou est tombé avec certains des Républicains qui ont voté contre la confiance. Donc il est important de repartir de la base.
Sébastien Lecornu a supprimé les avantages à vie des ex-ministres. Il supprime, ça s'est passé hier, les dépenses de communication des ministères jusqu'à la fin de l'année. Il y aura 20 % de réduction à partir de 2026. Que veut-il montrer, que l'État se serre la ceinture ?
C'est très bien. Après, je vais juste modifier quelque chose. Je suis une ancienne ministre et nous n'avons pas d'avantages en sortant. Donc je pense qu'il est important de rétablir des choses et de ne pas créer des fantasmes sur des informations erronées. Ensuite, il a parlé effectivement des anciens Premiers ministres. Je pense qu'il doit continuer à avancer, comme l'avait fait en son temps Édouard Philippe si je ne m'abuse.
Et sur les dépenses de communication des ministères ?
Pour le reste, il faut continuer effectivement à faire des économies là où nous devons le faire, là où nous pouvons le faire. Mais ce n'est pas la première fois que nous le faisons. Souvenez-vous, Gabriel Attal, en arrivant à Matignon, avait annoncé une annulation de crédit de 10 milliards d'euros sur un certain nombre de dépenses que nous pouvions éviter, aussi bien sur des dépenses publiques que sur des fonctionnements de l'État. À l'époque, pas grand monde ne nous avait suivis.
"Si on est pro-compromis en mettant des lignes rouges, ça ne fonctionne pas"
Le Premier ministre s'est aussi saisi du dossier de l'aide médicale d'État. Il doit recevoir aujourd'hui les auteurs d'un rapport qui défend à la fois l'utilité du dispositif tout en appelant à plus de contrôle. Il parle à sa droite, clairement, sur ce sujet-là, mais la gauche, elle hurle déjà...
Regardez, cette question, avec la question précédente, est parfaite. Parce qu'on parle effectivement d'économiser, de ne pas faire de dépenses superflues. Eh bien, commençons par exemple par l'AME. L'AME, ça ne sert à rien de demander un vingtième rapport et je ne pense pas que le Premier ministre va le faire.
Ce n'est pas un vingtième rapport, mais il reçoit les auteurs d'un rapport qu'il a déjà.
Parce qu'il y a déjà un rapport sur étagère, un rapport qui ne date pas de 15 ans, de 10 ans, mais d'il y a à peine deux ans, qui a été fait par Monsieur Évin et Monsieur Stefanini. Donc repartons sur les conclusions de ce rapport et mettons-les en œuvre.
Mais cela signifie qu'il risque de réduire le panier de soins de cette aide médicale d'État. Les socialistes sont déjà vent debout contre cette éventualité.
J'entends effectivement en permanence, quand on avance sur un sujet, c'est soit les Républicains qui nous disent c'est une ligne rouge, soit le PS qui nous dit c'est une ligne rouge. À un moment, il va falloir quand même comprendre que nous sommes sortis d'un principe majoritaire à l'Assemblée pour arriver sur un système tripartite. Donc, si on commence à vouloir dire qu'on est pro-compromis en mettant des lignes rouges, pardon, mais ça ne fonctionne pas.
Sauf que c'est le Parti socialiste qui semble avoir la main, qui fait aussi monter les enchères, notamment avec la suspension de la réforme des retraites en 2026. Est-ce que vous pensez qu'Emmanuel Macron, parce qu'on sait que c'est quand même lui qui choisit, pourrait accepter ça ?
Je ne sais pas si c'est Emmanuel Macron ou pas qui doit accepter. C'est un principe de réalité. Au cours des deux dernières années, on a eu énormément de débats sur le système de retraite, avec la réforme qui a été mise en œuvre, mais aussi des systèmes d'abrogation qui ont été proposés. Tout le monde, toutes les familles politiques sont accordées sur le constat qu'il y a un problème de financement de notre système de retraite. En revanche, aucune famille politique n'est venue avec une proposition autre que la réforme que nous avons faite.
Mais vous pensez que la suspension est possible ?
Il y a un principe de réalité. On ne peut pas simplement lever les mains en disant, on suspend, on ne sait pas comment on finance. On a des Français et des Françaises qui sont retraités et qui veulent être garantis de recevoir leur pension à la fin du mois. Comment on leur répond ?
"Les querelles qui ne servent à rien et nuisent à la vision des politiques par les Français, je ne rentrerai pas dedans"
Il y a aussi la question qui se pose de manière récurrente et qui est presque un totem pour les socialistes. C'est la question de la taxation des ultra-riches. Est-ce qu'il faut les taxer davantage ?
Je l'ai dit assez simplement. Ça fait maintenant quelques semaines qu'on va effectivement vers la préparation du débat budgétaire et j'ai l'impression que le débat budgétaire va se résumer pour certains à plus d'impôts ou quelles taxes allons-nous augmenter ? Pardon, mais le budget, ce n'est pas ça. Le budget, c'est quelle stratégie économique pour notre pays, à un moment où nous avons des salariés qui vont se retrouver en chômage partiel dans certaines industries, à un moment où des capitaux vont peut-être partir et donc mettre en difficulté des emplois pour notre pays. Et c'est ça que nous devons avoir en tête. Taxer un peu plus ou différemment un gâteau qui va vraiment se rétrécir, excusez-moi, ça ne sert à rien.
C'est dans ce contexte que dimanche Renaissance organisait son meeting de rentrée. Gabriel Attal y est quand même allé assez fort sur Emmanuel Macron en étrillant "les vieux schémas, les vieux réflexes, le passé"... Qu'est-ce qu'a voulu faire Gabriel Attal ? On dit qu'il a voulu "tuer le père". Certains ministres d'ailleurs, qui étaient assez peu présents, il n'y en avait que trois, se sont éclipsés avant la fin du discours.
Écoutez, on va y aller cash. Vous voulez parler d'Aurore Berger et d'Élisabeth Borne ? Elles ont été invitées à s'exprimer sur scène. Si elles avaient des choses à dire, elles auraient pu le faire sur scène pleinement, dans un sens comme dans l'autre. Donc maintenant ces querelles qui ne servent à rien et qui nuisent à la vision des politiques par les Français, à raison, pardon, je ne rentrerai pas dedans.
Mais parce qu'elles l'ont vécu comme un discours de rupture ?
Ah oui ? Donc elles ont vécu un discours avant même de l'entendre ? Elles devaient le pressentir. Si elles peuvent pressentir, aussi, est-ce qu'on va réussir à installer la stabilité politique dans notre pays, j'aimerais bien les entendre sur ça. Peu importe. Maintenant, je vous le dis assez simplement. Est-ce que nous avons aujourd'hui un monde qui accélère et une France qui est bloquée, et donc des Français empêchés ? Oui. Pourquoi ? Parce que nous sommes dans une crise. Et cette crise est le symptôme d'un modèle qui est dépassé parce qu'il repose sur un modèle de 1945 où le monde était complètement différent et nos attentes aussi étaient différentes. Aujourd'hui tout a changé, tout est accéléré et nous sommes restés bloqués sur un système que nous devons pouvoir refonder.
"La dissolution, je ne l'ai pas digérée non plus"
Quand vous dites "nous", c'est une manière d'incriminer Emmanuel Macron qui était censé nous faire passer dans la start-up nation ?
Je vais vous le dire assez simplement. Le "nous", il est englobant. Parce que nous avons lancé avec Gabriel Attal une nouvelle plateforme, "Pourunenouvellerepublique.org", qu'on peut retrouver sur Internet. Ce n'est pas simplement la volonté d'une famille politique de travailler à une refondation d'un pays. C'est une volonté de s'inscrire dans une démarche collective pour tout un pays. Et donc oui, nous invitons toutes celles et ceux qui pensent comme nous, qui sont effectivement bloqués dans cette crise, à venir s'inscrire. Et si vous voulez parler d'Emmanuel Macron, je vais vous le dire assez simplement : est-ce que nous avons, grâce à Emmanuel Macron, lutté contre le chômage de masse ? Est-ce que nous avons permis la réindustrialisation de notre pays ? Est-ce que nous avons pu développer des richesses pour affronter les crises, la crise du Covid et la crise de l'inflation ?
Le discours de Gabriel Attal était quand même un discours de rupture. Il promet un projet de changement profond pour les décennies à venir. En clair, il s'inscrit pour 2027, il est déjà candidat.
Et c'est heureux de s'inscrire dans une nouvelle fondation, dans une nouvelle capacité à bâtir un système qui répondra aux attentes des Français. D'ailleurs, c'est ce qu'il nous demande. Maintenant, si vous me posez la question à moi, est-ce qu'il faudra compter sur Gabriel Attal en 2027 ? Je l'espère.
Vous l'espérez. On a quand même le sentiment que Gabriel Attal n'a pas digéré la dissolution.
Je ne l'ai pas digérée non plus, parce que je le dis et ce n'est pas une attaque vis-à-vis du président de la République. Je suis fidèle et loyale. C'est une réalité. Nous sommes aujourd'hui dans une Assemblée nationale qui est complètement en crise. Est-ce que nous avons, au cours de la dernière année, eu deux Premiers ministres... Pardon, trois Premiers ministres différents ? Est-ce que nous sommes aujourd'hui en train de nous demander si le Premier ministre actuel va pouvoir enfin s'inscrire sur une stabilité ? Pas pour nous, pas pour une famille politique, mais pour les Français. Nous ne savons pas si nous allons réussir à sortir un budget au 31 décembre. C'est pour le pays. La faute à qui ? C'est pour ça que je le dis encore une fois, sortons de la simple rhétorique de chercher des coupables. Trouvons des solutions. Et c'est dans cette démarche-là que s'inscrit Gabriel Attal. C'est le seul homme politique aujourd'hui sur la place publique qui s'inscrit dans cette démarche-là.
Il y a Édouard Philippe ?
Je vous parle de Gabriel Attal. C'est le dernier à avoir proposé des solutions. Je n'ai aucun stress à pouvoir parler des solutions d'Édouard Philippe quand je les entendrai.
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